Censure

L’opposition se saborde … A qui le profit ? (Par Ousmane Boh Kaba)

L’échiquier politique de notre pays compte plus de 150 formations politiques. Selon le Rapport final de la mission d’observation électorale de l’union européenne pour les élections législatives de septembre 2013, la plupart des partis politiques a rejoint les blocs de la mouvance présidentielle ou de l’opposition. S’agissant de la mouvance présidentielle, la majorité des partis initialement alliés au Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) au travers de l’alliance Arc-en-ciel, a fusionné au sein d’une formation politique dénommée Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) Arc-en-ciel. L’opposition, quant à elle, s’est rebaptisée « opposition républicaine » et regroupait de nombreux partis dont l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, l’UFR de Sidya Touré, mais également des partis qui se sont éloignés de la mouvance présidentielle depuis 2011, dont le PEDN de Lansana Kouyaté, le RDIG de Jean-Marc Telliano et GPT d’Ibrahima Kassory Fofana.

A cinq mois des élections présidentielles, dont le premier acte est prévu en novembre 2015, l’opposition républicaine a versé dans le psychodrame permanent. Intrigues, dramatisations, répliques cinglantes, tentatives d’assassinats, manifestations non autorisés, retournements de veste inattendus et ambitions personnelles en constituent le canevas. Aux accusations de trahisons répondent les soupçons de manipulations ethniques, sur fond de divisions communautaires de plus en plus accentuées.

C’est dans ce contexte que le lundi 1ier juin 2015, invité dans l’émission « Les grandes gueules » de la Radio Espace FM, le président de l’UFR, Sidya Touré, un des ténors de l’opposition républicaine, a affirmé sans équivoque qu’il ne soutiendra pas le chef de file de l’opposition guinéenne, en cas de second tour entre l’UFDG et le parti présidentiel.

Pourtant, le 6 mars 2015, nos trois anciens Premier Ministres Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lansana Kouyaté prenaient une série de décisions à l’issue d’une convocation de la presse internationale dans un grand restaurant huppé, à Paris. Les voici :

1- Appliquer les mesures envisagées dans leur déclaration du 06 mars 2015 telle que rappelées au deuxième paragraphe de ladite déclaration.

2- Renforcer l’unité et la cohésion de l’opposition qui va s’atteler dès maintenant à l’élaboration d’un programme commun de gouvernement

3- Rentrer immédiatement en Guinée pour mener avec les autres partis politiques et toutes les forces vives du pays la lutte pour le respect de la Constitution, des lois de la République et des accords.

Le premier point est une phrase creuse qui ne fait qu’annoncer qu’ils vont appliquer les deux points suivants.

Le second point est annulé par les dires de Sidya Touré, trois mois après la réunion des « amis sincères ». Que s’est-il passé entre le 6 mars 2015 et le 1ier juin 2015 ? Pourquoi cette belle unité promise n’a-t-elle pas abouti ?

L’unité feinte de l’opposition dite républicaine vole en éclats, fort heureusement avant les élections. Toutes ces postures, ces annonces, ces revirements, montrent combien il est dangereux pour le pays que ces hommes le représentent. Les mensonges desservent ceux qui en font usage et abus. Il n’y a plus d’opposition, seulement des petites oppositions qui se déchirent et se décrédibilisent.

Le RPG Arc-en-ciel du Professeur Alpha Condé, depuis 2012, vit en bonne intelligence avec d’autres partis de même sensibilité. Le bon politicien est celui qui s’adapte aussi rapidement que possible aux situations, même les plus difficiles, et prend des décisions courageuses pour solutionner un problème d’ordre d’intérêt général sans arrière-pensée ni autres calculs. Il sait anticiper sur les événements. Le pouvoir est un instrument au service de la collectivité et non au service de l’ego du dirigeant.

Concernant le troisième point, est-ce une décision importante pour le peuple de Guinée de dire que l’on rentre chez soi ? Qui, d’après eux, ne respecte pas la constitution, les lois de la république et les accords ? Ces accusations non étayées ne visant personne en particulier, peut-être s’agit-il d’eux-mêmes ?

Quel est leur problème ? La destruction du pays après leur autodestruction ? Ils veulent se présenter individuellement par soif du pouvoir et non pour aider le pays à grandir. Sauront-ils nous dire quelle politique ils proposent pour le redressement économique de notre pays ? Leur soif du pouvoir serait-il plus forte que les idées ? Pourquoi notre pays est le seul en Afrique à avoir une opposition uniquement constituée d’anciens barrons du régime, dont la grande majorité sont d’anciens ministres? C’est indéniable, chacun de tous ces néo-opposants n’a traversé la ligne qu’une fois ses fonctions perdues. Ne s’agit-il pas, en vérité, tout simplement d’un conflit d’intérêts ? Comment, après avoir écouté Sidya Touré, ne pas se souvenir de ces paroles de Philippe Valode : « C’est que la trahison est duale : elle consiste à tromper celui qui vous a fait confiance tout en se découvrant soi-même, en laissant apparaître sa vraie nature ».

Neutralisée par ses incessantes querelles de leadership, l’opposition se saborde. Saurait-elle servir la Guinée en toute dignité ? Réveillez-vous ! Ils tentent de vous endormir malgré leurs cris de disputes.

Ousmane Boh Kaba

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