Censure

Alpha-Sidya : Le scénario du rapprochement se dessine-t-il ?

Au-delà des discours musclés qui fusent de part et d’autre, de la bouche des dirigeants de l’Union des forces républicaines (UFR) et des faucons de la mouvance présidentielle, dans le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition autour du processus électoral, la récente sortie de  Sidya Touré, sur les antennes d’espace FM laisse entrevoir un scénario de rapprochement entre le président de l’UFR et le professeur Alpha Condé. Certains observateurs voient d’ailleurs  la main du président Alhassane Dramane Ouattara dans la réconciliation entre les deux hommes politiques, dans la perspective du vote du 11 octobre. Vrai ou faux ? En attendant d’en savoir davantage sur ce qui en sera dans les rapports entre Alpha et Sidya dans un avenir proche, il y a lieu de dire qu’à mesure que la présidentielle approche, les acteurs politiques se laissent guider plus par  la realpolitik que par leur cœur.

Dans les rangs de l’opposition, ils sont nombreux ceux qui en veulent désormais à Sidya Touré, président de l’Union des forces républicaines (UFR), depuis qu’il a déclaré sur les ondes ne pas prêt à soutenir Cellou Dalein Diallo en cas de second tour. S’il y avait un remake du scénario de la présidentielle de 2010. Le leader de l’UFR est devenu même la cible d’attaques des plus abjectes de la part de ceux qui n’arrivent pas à digérer ces propos de l’ancien Premier ministre, qui jusque là était considéré comme un allié « naturel » de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo. Il faut dire que la sortie de M. Touré a produit une onde de choc dans les rangs de l’opposition, pour ne pas dire au sein de l’UFDG. Pour preuve, Bah Oury, vice-président de cette formation politique a qualifié cela de « séisme politique ». Dans une déclaration publiée à cet effet, Bah Oury estime que « la rivalité entre les deux hommes a pris le dessus sur l’indispensable alliance stratégique entre les deux formations qu’ils président. Cette situation est un pain béni pour Alpha CONDE dans le cadre de la stratégie électorale en cours. En effet, à cinq mois de la date fixée pour le premier tour des présidentielles et sans attendre de savoir qu’elle sera la situation qui prévaudra à ce moment, le rejet d’un soutien à Cellou Dalein DIALLO au second tour, est tacitement perçu comme un appel en faveur d’Alpha CONDE. »  Cet avis est partagé par maints observateurs, qui pensent que le rapprochement entre l’UFR et le RPG-arc-en-ciel se dessine. Ils y voient d’ailleurs une main du président ivoirien ADO, dans ce rapprochement. Vu les liens très forts qui unissent Alhassane et Sidya, qui fut son ancien directeur de cabinet, sous le règne de feu Houphouët Boigy. Et quand on sait aussi que le professeur Alpha Condé et Ouattara sont devenus des intimes par la force des choses, depuis qu’ils sont tous deux devenus chefs d’Etat de deux Etats voisins, il ya de quoi percevoir la possibilité d’un tel scénario. Ceux qui soutiennent cette thèse pensent que Sidya Touré aurait décidé de se démarquer de l’UFDG, vu que les chances de l’opposition sont devenues minces, de l’emporter face à Alpha Condé lors de la présidentielle de 2015. Le chef de l’Etat ayant pris une longueur d’avance sur ses adversaires, qui continuent de palabrer autour du chronogramme électoral, pendant que lui, a entamé la campagne électorale, avant la lettre. Il faut être atteint de cécité pour donner encore une chance à cette opposition, qui s’est endormie sur ses lauriers, jusqu’à la dernière minute, pour ensuite se mettre à réclamer la tenue d’élections locales. Maintenant que les jeux semblent  faits, que faut-il faire ? Boycotter les élections ou affronter Alpha Condé dans un combat qui ressemble à ne pas s’y tromper au face à face  de David contre Goliath ? La réponse à cette question revient aux opposants. En effet, ceux qui soupçonnent Sidya Touré de faire les yeux doux à Sékhoutouréa ou vice-versa, trouvent que le président de l’UFR aurait plus à gagner à rallier la mouvance qu’en étant dans l’opposition, à l’allure où vont les choses.

Face au tollé suscité par la déclaration de M. Touré, Baidy Aribot, un des cadres du parti a tenté de relativiser les choses dans un entretien accordé à guineenews. Pour Aribot, « l’UFR a exprimé une position politique qui ramène le débat à des questions de stratégies politiques pour faire partir le président Alpha en 2015. »

Il rappelle encore la nécessité de l’opposition de présenter un candidat unique lors du prochain scrutin, afin de tenir la dragée haute à Alpha Condé. Pour départager ceux qui sont pour ou contre cette option, Baidy juge utile que  les états généraux de l’opposition se tiennent. Car selon lui, « le président Sidya croit qu’il est possible pour l’opposition de gagner les élections présidentielles dès le premier tour en renvoyant Alpha condé définitivement à la retraite… »

Dans cet entretien, Aribot rappelle que  « l’UFR pense que l’opposition a les moyens de gagner au premier tour. Ce qui est une position louable, une position politiquement courageuse. Parce que quelque part, l’écrasante majorité du peuple de Guinée, souhaite que l’opposition gagne les élections en 2015. »

Ce clash entre les deux principaux partis de l’opposition ne peut que mettre de l’eau au moulin du pouvoir. Et si Sidya orientait ses clignotants  vers le palais, cela ne ferait qu’un jackpot pour le président Alpha Condé, qui rêve de rempiler.

Mamady Kéita In l’Indépendant

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