Censure

Mohamed Lamine Kaba, président de la FIDEL : Ce que j’ai dit à Soro Guillaume

Mohamed Lamine Kaba, président du parti FIDEL est de retour de la Côte-d’Ivoire où il était  rencontrer Guillaume Soro, président de l’assemblée nationale, dans le cadre d’une mission. Dans une interview accordée à notre reporter, ce membre de la COEP revient sur son séjour au bord de la lagune ébrié, et  donne son avis sur la crise politique.

Vous étiez récemment en Côte-d’Ivoire, quel était le but de ce voyage ?

Mohamed Lamine Kaba : Lorsqu’on est un leader politique convaincu de la clarté de nos messages que nous véhiculons, c’est-à-dire de la confiance de l’adhésion de la population, on doit se comporter comme un prince, mais des temps modernes. On doit prendre contact avec les pays limitrophes pour nous faire des amis. Parce que c’est ça par le passé. La logique voudrait qu’en tant que leader politique qui croit que le message est bien véhiculé, il faut se faire des amis dans les milieux politiques des pays voisins. Nous avons été invités par le président M. Guillaume Soro (Ndlr, Kigbafori Guillaume Soro est le président de l’Assemblée Nationale Ivoirienne). Nous avons discuté avec lui. C’était aussi de rencontrer des compatriotes guinéens qui s’y trouvent pour implanter notre parti dans ce pays et en même temps rencontrer l’autorité, non seulement la mouvance et l’opposition. Nous avons rencontré Affi N’Guessan qui est le président du FPI qui était Premier ministre sous Gbagbo. Nous avons aussi rencontré la porte-parole adjointe du gouvernement qui est Mme Bamba qui est la fille de l’ancien opposant à Houphouët Boigny, M. Morfory Bamba. Le parti de ce dernier, comme le RPG, est le Rassemblement du Peuple de la Côte-d’Ivoire (RPCI). Le président Alpha était son ami. C’est le lieu de dire si ce dernier continue à côtoyer le président Alpha, c’est parce qu’il y’avait une plateforme qui existait dans le passé, la Fédération des Etudiants Noirs d’Afrique. Morfory Bamba et le professeur Alpha étaient tous membres, c’est là qu’ils se sont connus et jusqu’à présent à se fréquenter. Si cette plateforme n’existait pas, qui regroupe l’élite africaine, par conséquent il sera mieux maintenant de se déplacer et aller se connaître physiquement. Avec les outils des nouvelles technologies de l’information et de la communication dont nous avons maintenant en possession, dont nous pouvons jouir pour nouer cette relation sociale et, pour nous permettre de bénéficier des expériences des uns et des autres. Voilà ce que nous sommes en train de faire. Nous sommes partis là-bas, les consulter et se faire des amis. Histoire d’enrichir le carnet de contact.

Bien. Dites-nous comment se porte aujourd’hui votre formation politique la FIDEL?

Le parti FIDEL se porte bien. Le parti FIDEL se bat comme un lion. Et pas seulement n’importe quel lion. Un lion indomptable. Dans la mesure où depuis que nous avons commencé à dénoncer le pouvoir, à nous organiser en parti politique et à se désolidariser de l’action gouvernementale sous la présidence d’Alpha, beaucoup ont tablé sur notre manque de moyen, pour la pression éventuelle si vous voulez communautaire pour prédire notre retour. Mais jusqu’à présent nous tenons encore la barre. Cela veut dire que le parti se porte bien, et nous ne sommes pas des personnes qu’on peut saisir, qu’on peut manipuler. Nous défendons une idéologie, donc le parti se porte bien. Le parti est aujourd’hui massifié. Nous sommes en train de structurer, de massifier. A l’intérieur du pays comme dans plusieurs pays étrangers nous avons des représentants.

Le BL s’est retiré de la COEP, Boubacar Barry de l’UNR est aujourd’hui dans le gouvernement du président Alpha Condé. Avec ces départs, où en est-on aujourd’hui avec cette formation politique extraparlementaire?

Lorsqu’on a lancé la COEP, la coordination de l’opposition extraparlementaire, nous étions au nombre de seize partis politiques, il n’y a que trois seulement qui sont partis. Le BL est parti, l’UFD de Baadiko est parti, et un autre parti. Finalement aujourd’hui, nous sommes au nombre de treize partis. C’est normal, c’est inhérent dans la vie de l’homme de l’organisation. Il y’a des uns qui avec lesquels vous allez structurer la chose, mais vers la fin certains c’est comme un train, il y’a des uns qui s’embarquent, il y’en a d’autres qui empruntent. Mais à la destination, probablement ceux qui étaient au début ne sont pas à la destination. Mais l’important est que le train va arriver. C’est ce qui que la COEP est en train de faire. Rassurez-vous que la COEP se porte bien. La même valeur que nous avons défendu, nous avons des statuts un règlement intérieur qui sont très clairs, nous continuons à défendre la même ligne politique. Même si ce que vous venez de dire que M. Boubacar Barry est allé au gouvernement… Je pense que nous avons une immaturité politique en Guinée, être dans un gouvernement ça ne veut pas dire forcement qu’on est d’accord avec le président. Souvenez-vous que, Me Abdoulaye Wade a animé une opposition farouche contre Abdoul Diouf. Mais à un moment donné lorsque la situation était cruciale, Abdoul Diouf qui a eu confiance à l’expertise de Wade même si il était son opposant, il lui a fait appel et il est venu. Il n’est pas venu seul, il est venu avec tout le bureau politique. Il y’avait Idrissa Seck qui était là, il y’avait Ousmane N’Gom qui était là comme ministre. Donc ils ont géré. Et en en 2000 en prélude des élections présidentielles il s’est retiré avec son équipe. Le bilan qu’il a posé, c’est ce qu’il a brandi et c’est ce qui l’a permis à avoir la confiance, et l’estime de ses compatriotes pour être comme président de la république. Voilà comment ça se passe… l’important c’est quoi? Le rôle d’un parti c’est de faire en sorte que le pouvoir puisse améliorer la gouvernance, c’est mettre la pression sur le pouvoir pour améliorer la gouvernance. Cela se fait en faisant une proposition. Quand on dénonce, on propose. C’est ce que la COEP a fait. Nous avons dénoncé la présidence d’Alpha dans un document que nous avons appelé le mémorandum. C’est à cause de ce mémorandum que les Faya sont partis, croyant que nous sommes en train d’apporter une assistance stratégique au président Alpha. Alors que, il faut imaginer lorsque nous sommes en politique. Nous avons fait une proposition dans ce niveau qu’on a transféré chez le président et qu’il a approuvé. Il a eu confiance à un monsieur parmi nous qui est M. Boubacar Barry. Il lui a fait appel, il est allé dans le gouvernement. Nous sommes solidaires à sa nomination. Pour nous, on a eu confiance à un fils du pays. Mais ça ne veut pas dire que c’est une alliance à segmenter. Non, ce n’est pas ça.

Que pensez-vous lorsque certains hommes politiques disent que la COEP n’existe plus, plutôt la MOEP (Mouvance extraparlementaire)?

Il y’a que ce quidam qui le dit. Je ne voudrais même pas prononcer son nom. Mais, en fait, il est très belliqueux, je ne voudrais pas entrer dans cette danse-là. Lorsque vous voyez l’opposition d’abord, parlementaire, qui est aussi divisé et, si nous voulons répondre à ces peaux de banane je ne pense pas qu’on pourra avancer. Laissez-les dire. Le chien aboie, la caravane passe. Notre discours est très clair. Ce que nous avons dénoncé dans le passé, c’est ce que nous continuons. C’est les mêmes choses. Retenez ceci, notre crédibilité ne dépend pas de ce que pensent ces messieurs-là. Notre crédibilité ne dépend pas de notre relation avec l’opposition parlementaire. Notre crédibilité ne dépend pas de notre relation avec la mouvance. Notre crédibilité dépend de la pertinence des solutions que nous proposons on que nous opposons à la préoccupation sociétale.

Quels sont vos rapports aujourd’hui avec le BL, notamment son président Dr Faya Millimono?

Je le considère comme un frère, un grand-frère. D’ailleurs, c’est le lieu de dire que la crise qui a été entre lui et moi a été dénouée par l’honorable Sydia Touré qui est l’aîné de l’opposition par âge. Ce dernier a jugé nécessaire en tant qu’aîné d’atténuer cette crise. C’est ce qui a eu lieu à travers un protocole que Faya et moi avons signé. Et, où il était tenu à respecter la non-agression qui était bien mentionnée la dedans. Mais il continue à le faire. C’est qu’il n’est pas respectueux de ses engagements. Je veux dire par-là, mon rapport avec lui, c’est un rapport entre petit frère et grand frère. M. Sydia qui a jugé nécessaire que c’est le droit d’aînesse qui a prévalu sur le droit réel, il a cru qu’en tant qu’aîné, je devrais demander pardon à mon frère pour qu’on puisse se donner les mains. Parce que si j’étais condamné à un franc symbolique, lui aussi serait condamné par le même franc symbolique. Parce qu’il a été le premier à me diffamer et moi, j’ai fait des révélations de taille sur lui, il s’est senti offusqué et finalement il a porté plainte contre moi. Le regard que j’ai pour M. Faya, c’est un regard qu’un jeune frère doit avoir, le respect. Et je souhaiterais que ce respect soit mutuel.

Quelle est la position de la FIDEL et de la COEP par rapport au chronogramme électoral publié par la CENI?

Il faut retenir ceci, nous sommes dans un pays où on a l’impression qu’il y’a deux constitutions qui roulent. Une constitution pour la mouvance et une autre pour l’opposition. Je ne peux pas comprendre, je ne peux pas admettre que des gens tiennent des discours comme quoi, que l’organisation des élections communales n’est pas mentionnée dans la constitution. Il faut consulter cette constitution, en son article 160, il est clairement dit qu’on doit organiser les élections communales trois mois après les élections législatives. Mais c’est ce qui n’a jamais été fait. C’est l’article 160 de la constitution qui le dit. Il y’a de cela deux ans maintenant qu’on a installé l’Assemblée Nationale. Cela est une aberration, cela est une violation de la constitution. Deuxièmement l’accord dont-on parle, nous étions au dialogue, j’étais parmi les dix de l’opposition, la mouvance et l’opposition qui tous deux élaborer ce qu’on appelle l’ordre du jour et qui était d’ailleurs la condition de l’opposition pour participer au dialogue. Finalement, cela a été élaboré par les deux camps, il n’y a pas eu de contradiction. Mais en réalité, il y’a eu contradiction entre l’opposition et le professeur Alpha. La mouvance était d’accord, l’opposition aussi. La CENI a reconnu ses faiblesses comme quoi, il n’y a pas eu de communication entre elle et les partis politiques. Elle a jugé nécessaire de mettre en place un comité de veille pour veiller sur son fonctionnement. L’administration du territoire a reconnu les siennes comme quoi, qu’il y’a eu l’immixtion de l’Etat dans les affaires politiques; lorsqu’un parti politique de l‘opposition surtout veut animer une conférence à l’intérieur du pays, il n’a pas souvent accès au lieu public. Le ministère de la Communication a aussi reconnu ses faiblesses comme quoi, la porte des médias d’Etat est fermée aux leaders des partis politiques de l’opposition. Tout ça s’est fait dans un document qu’on a appelé le relevé de conclusions qui a été transmis au président de la république. Et qui reconnaissait qu’il faut d’abord recruter un premier opérateur, qui va d’abord corriger les anomalies dans le fichier électoral et aller aux élections communales. Deuxième étape, recruter un deuxième opérateur qui va encore faire la révision électorale pour aller à l’élection présidentielle. Donc l’organigramme c’est quoi, non seulement la constitution voudrait que les communales aient lieu trois après les élections législatives, ce qui n’a pas été respecté. Mais l’accord nous dit aussi qu’il faut organiser les élections communales avant celles présidentielles. Mais le président Alpha Condé, irrespectueux de ses concitoyens, irrespectueux de la constitution à fouler au sol tout ce que nous avons obtenu dans le dialogue. Je crois que quand on est un homme d’Etat, on doit être exemplaire. Franchement, il faut que tout le monde se donne les mains pour le déguerpir de Sékhoutouréya.

Cette semaine des émissaires membres du gouvernement et de la présidence rencontrent l’opposition le vendredi et la mouvance le samedi pour trouver un chemin aboutissant à un dialogue. Quelle est la lecture de la FIDEL par rapport à ces consultations inter-guinéennes?

D’abord nous disons au professeur ce qu’il a fait n’est pas respectueux de la loi. Selon le statut de l’opposition qui a été voté à l’unanimité à l’Assemblée, en son article 3, il y’a trois groupes de partis politiques qui sont reconnus: la majorité présidentielle ou la mouvance présidentielle, deuxième entité l’opposition parlementaire, troisième entité l’opposition extraparlementaire. Le fait de rencontrer Nantou Chérif qui représentait la mouvance, rencontrer Cellou Dalein Diallo qui représentait l’opposition parlementaire…

Excusez-moi de vous interrompre, je crois que M. Cellou Dalein Diallo a été reçu par le président Alpha Condé le 20 mai à Sékhoutouréya en tant que chef de file de l’opposition.

Nous ne sommes pas contre. En tant que chef de file de l’opposition dans le même document, il est dit qu’il y’a trois entités en son article 3: la mouvance, l’opposition parlementaire et l’opposition extraparlementaire. La logique voudrait qu’on soit rencontré, mais ce qui ne fut pas fait. Maintenant le dialogue, pour ce qu’on est en train de faire (Ndlr, les consultations entamées entre les émissaires et la classe politique), je ne peux pas me prononcer très vite parce qu’on n’a pas encore tenu une réunion de restitution. J’étais à Abidjan depuis le 15 mai, je suis venu le 3 juin. Ça ne m’a été dit d’abord qu’elle est l’état des lieux, donc je voudrais me réserver sur ça. Mais je voudrais, qu’il est important qu’à chaque négociation l’opposition extraparlementaire soit associée.

A présent parlons de la présidentielle 2015. Si toutefois le corps électoral est invité pour la présidentielle d’octobre, qui de FIDEL sera présenté comme candidat du parti?

Le parti FIDEL se trouve dans une coordination qu’on appelle la coordination de l’opposition extraparlementaire qui est en train de se battre aujourd’hui pour présenter un candidat. Un candidat de la COEP. Nous sommes en train de nous battre, nous sommes à la recherche des moyens matériels, humains et moraux en vue de présenter un candidat.

Donc si le parti FIDEL devrait s’allier à un parti en vue de la présidence, ce serait avec un membre de la COEP?

Oui! Si d’autres personnes veulent nous rejoindre, c’est tant mieux. Mais pour le moment l’initiative est née au sein de la COEP.

Parlons maintenant de la candidature de l’ex capitaine et chef de la junte militaire M. Moussa Dadis Camara. Ce dernier a annoncé sa candidature à la future présidentielle depuis Ouagadougou, comment le parti FIDEL perçoit-il cette annonce?

Ce que je sais du dossier de Dadis, la communauté internationale a d’abord fait un rapport sur les manifestations, le massacre du 28 septembre (Ndlr, 28 septembre 2009 au stade du 28 septembre de Dixinn) où nous avons enregistré plus de 157 personnes… Il y’a eu une commission nationale qui a été mise en place et une autre internationale. Selon le rapport, il y’a eu certaines personnalités qui ont été condamnées. Mais la logique voudrait que celles-là soient traduites en justice. Mais ce qui n’a jamais été fait jusqu’à présent. Donc, nous pensons que la responsabilité revient encore une fois au président de la république afin de laisser la justice faire son travail au niveau national et international.

Donc selon vous, c’est le président Alpha Condé qui empêche le dossier d’avancer?

Bien sûr que oui. Mais, Laurent Gbagbo se trouve où aujourd’hui? Les évènements du 28 septembre, c’étaient en 2009 là. Laurent Gbagbo c’était 2010. Mais pourquoi ce dernier se trouve là-bas (Ndlr, à la Haye) aujourd’hui? Sa femme est déjà condamnée par le tribunal de la Côte-d’Ivoire. C’est parce qu’il y a eu une bonne volonté politique qui a permis à la justice sur le plan national et international d’agir. Mais c’est ce qui manque au président Alpha. Pour nous, tant que Dadis n’est pas condamné par un tribunal, il est toujours éligible. Il peut se présenter comme candidat aux élections prochaines.

Donc vous souhaitez que le dossier du 28 septembre avance avant que M. Moussa Dadis Camara ne vienne en Guinée?

Tout à fait. Nous, nous combattons l’injustice. Si nous avons abandonné le président Alpha, parce que c’est ce que nous avons dit, nous étions très clairs là-dessus, j’ai été le directeur de campagne du président au Sénégal, en Gambie, en Mauritanie au Cap-Vert. J’ai été la personne encore qui a implanté plus de trente sous-sections, avec mes propres moyens. Au Sénégal, dans toutes les préfectures. En Mauritanie, Nouakchott, Zoal… En Gambie, Serrekunda, Latrekunda, Banjul avec mes moyens encore une fois. Personne ne peut nier, parce que je détiens tous les documents, les dossiers authentiques de tout ça. J’ai été son directeur de campagne et, je sais quelle est la valeur que nous avons défendu dans le RPG. Ces valeurs-là sont foulées au sol aujourd’hui. Les pratiques que nous avons combattues dans le passé, ce sont ces pratiques qui sont érigées aujourd’hui en système de gouvernance sous Alpha. L’impunité, à chaque manifestation on tue les Guinéens et il n’y a pas de mise en place de commission d’enquête. Franchement, c’est aberrant. Le président Alpha est une déception.

Le président Alpha Condé est une déception selon-vous. Depuis 2014 l’épidémie d’Ebola sévit encore en Guinée. Que pensez-vous de la gestion de la lutte contre cette épidémie?

La gestion de cette épidémie est calamiteuse. Il faut le reconnaître. Le président Alpha a été le premier à promouvoir la propagation du virus Ebola. Souvenez-vous. Il y a eu d’abord des labos comme tels que celui de Dakar et de la France qui ont détecté que le virus Ebola était bien là. C’est à trois mois après que l’autorité politique de la Guinée, le président Alpha, ou le gouvernement a déclaré. C’était depuis au mois de décembre, le 9 décembre précisément que Ebola a été déclaré par les labos étrangers. Trois mois après, c’était au mois de mars déjà qu’on a commencé à communiquer là-dessus. Cela a fait que les trois mois-là ont permis à Ebola de se propager. Il y’a eu beaucoup de personnes qui ont contracté cette maladie parce qu’elles n’étaient pas informées. Surtout la zone forestière. Lorsque les gens ont compris maintenant, ils sont sensibilisés aujourd’hui. Deuxièmement, Alpha a dit, quand il a effectué un voyage à Kissidougou, il dit bon il ne faut pas avoir peur d’Ebola, donnez-vous les mains, je vais à Guéckédou pour donner la main à tout le monde. Voilà. Lorsqu’on est président de la république, on est exemplaire. Quand on est président de la république on doit inspirer la population, on est référentiel. Mais lorsqu’on n’a pas un bon comportement public, je crois qu’il a participé à la propagation du Virus Ebola. Comment on peut avoir la confiance à un tel homme? Le Liberia qui a connu la maladie et plus de morts que nous, aujourd’hui on a déclaré la fin d’Ebola dans ce pays. Donc, je pense que l’autorité politique est responsable. Vous vous souvenez encore avec cette coordination où une glacière d’échantillon d’Ebola a été volée par des individus non identifiés à l’intérieur. Tout cela traduit clairement que nous avons un pouvoir en place qui est incapable de résoudre le problème. C’est pourquoi, il faut se battre pour l’alternance cette année-là, pour déguerpir Alpha, pour le déloger sans préavis.

Le déloger? Mais par les urnes je suppose?

Mais bien sûr. Je suis un démocrate. La valeur que je défends, c’est ça, c’est le vote. Pour le combat, cela  se fait dans les urnes. Donc c’est à travers ça qu’il faut le déguerpir. C’est ce que je veux dire.

Pour terminer, pouvez-vous nous donner cinq actes  positifs du président Alpha Condé et cinq autres négatifs ?

Là vous me l’imposez. Est-ce que moi je crois à un bilan positif. Ce que je reconnais de son bilan positif, le président Alpha, le fait de délocaliser la fête (Ndlr, la fête de l’indépendance guinéenne) c’est une inspiration, il n’est pas un savant. Le Sénégal le faisait, il s’est inspiré, c’est un bon exemple. Le fait de délocaliser la fête dans les différentes régions administratives du pays, je crois que c’est un acte à qu’il faut apprécier, qu’il faut encourager. Le deuxième acte, c’est peut-être le fait de donner, de s’investir dans l’agriculture, parce qu’avant ça n’existait pas. L’Etat ne subventionnait pas les engrais, les herbicides, les insecticides pour les paysans, aujourd’hui ça se fait. Donc je crois que c’est un acte aussi qu’il faille encourager. Tout ce que je retiens pour le moment. Maintenant ce qui est beaucoup plus visible, ce qui est beaucoup plus palpable, tangible, c’est lorsqu’on voit que l’EDG, depuis que Alpha est venu, il a détruit plus de MW qu’il ne donne à la Guinée. Aussi, quand vous prenez les indices macroéconomiques, quand il venait au pouvoir le taux de croissance était à 4%, avant Ebola s’était à 2.5%, aujourd’hui nous sommes à 0.5%. Lorsque vous prenez le taux de pauvreté qui était à 52%, aujourd’hui nous sommes à 60%. C’est une statistique réelle, officielle du gouvernement guinéen. Le ministère du Plan, sa direction des statistiques, allez vous y renseigner. Voilà un peu la gestion d’Alpha. Lorsque vous prenez sur le côté social, comment vous voulez améliorer la santé lorsqu’on sait que le budget national de la présidence est plus important que celui du ministère de la Santé. Aujourd’hui nous avons combien du budget national? Quelque chose de moins de 2% affecté au ministère de la santé. Qu’est-ce que le président Alpha nous a dit? C’est catastrophique! Au début il dit que cette année sera une année de justice, c’est l’année-là, je crois que c’était au début de 2012 dans son discours à la nation, c’est l’année-là où on a réalisé plus de 60 morts sur l’axe de Bambéto. Il dit c’est l’année de la justice. Et aucune commission n’a été mise en place pour savoir qui a été tué, qui a tué. Ce qui est injuste, incohérent lorsqu’on sait son parcours. Il a dit que encore début 2014 que cette année sera l’année de la santé. Et que l’hôpital Donka sera un hôpital référentiel de la sous-région. Aujourd’hui, non seulement cela n’a pas été fait mais, ça été aussi l’année Ebola. C’est pourquoi il faut avoir peur de la promesse du professeur Alpha. En un mot sa gouvernance est un échec.

A présent on a terminé, à moins que vous ayez quelque chose à ajouter.

Ce que nous pouvons ajouter, il faut clairement dire que nous déplorons quand même la division actuelle au sein de l’opposition parlementaire. Parce que partout où il y a eu l’alternance en Afrique, je me rappelle au Sénégal avec Diouf, l’alternance de ce pays c’est parce que l’opposition était compacte. Partout, au Nigeria, en Côte-d’Ivoire, partout où l’alternance a eu lieu c’est parce qu’il y a eu une opposition compacte. Mais l’opposition guinéenne est divisée, ce qui ouvre la voie à la réélection du président Alpha.

Interview réalisée par Oumar Daroun Bah In L’Indépendant

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