Ont débuté ce jeudi, 18 juin 2015, au Palais du peuple, les assises du dialogue politique inter-guinéen dans la perspective des futures échéances électorales en Guinée. Cet espace de rencontre entre le pouvoir et l’opposition politique est l’aboutissement d’une longue période de bras de fer entre les deux camps, ainsi que de tractations politiques entre la Présidence de la République et des représentants de la communauté internationale.
Ceux qui pariaient sur ce dialogue n’étaient pas nombreux. Faire revenir l’opposition républicaine à la table de discussions avec le gouvernement et la mouvance présidentielle était devenu presqu’impossible. Tellement les positions étaient tranchées. Mais aujourd’hui, c’est chose faite. Ce, grâce à la dextérité politique du Président de la République, Pr Alpha Condé.
Après avoir longtemps réclamé le dialogue politique pour se pencher sur les élections à venir, l’opposition politique avait fini, après l’avoir obtenu, par se rétracter au lendemain de la publication du chronogramme des élections par la CENI.
Ainsi, s’en sont suivies les manifestations de rues avec ses corolaires de violence, soutenues par des déclarations va-t-en guerre parfois de part et d’autre.
Interpellé par la dégradation des relations entre le pouvoir et l’opposition politique, le Président Alpha Condé a pris l’initiative de rencontrer le chef de file de l’opposition et la représentante de la mouvance présidentielle pour consultation.
D’où, l’audience accordée à la représentante de la Mouvance présidentielle, le 8 mai 2015, et au chef de file de l’opposition, le 20 mai. Quelques semaines auparavant, le Président de la République avait échangé avec les représentants de la communauté internationale en Guinée.
En véritable chef de l’Etat, Alpha Condé a écouté les deux camps politiques qui s’affrontent, avant de prendre, quelques jours plus tard, une décision de sortie de crise. En tout cas, la suite donnée à ces entrevues a été de mettre le Gouvernement devant ses responsabilités pour créer un cadre de dialogue favorable à la discussion autour des questions qui fâchent.
Liant l’acte à la parole, le Président de la République écrit à son Premier ministre, le 25 mai, désignant son Ministre d’Etat Secrétaire Général de la Présidence, Naby Youssouf Kiridi Bangoura, et le Ministre d’Etat chargé de la justice, Me Cheick Sacko, pour co-présider le dialogue politique devant aboutir à l’organisation des élections à venir dans des conditions acceptables par tous.
Désormais en charge de l’épineux dossier du dialogue politique, les deux Ministres d’Etat, appuyés par les Ministres en charge de l’Administration du territoire et de la Défense nationale, ont engagé le dialogue avant le dialogue (Assises).
Des rencontres pour faire fléchir les positions radicales des parties en face se succédèrent à l’initiative des co-présidents dans les états-majors de la Mouvance présidentielle et de l’opposition, histoire de prendre la température dans les deux principaux camps.
Le week-end du 5 et 6 juin 2015 fut consacré aux premières rencontres, respectivement avec l’opposition (au QG de l’UFDG) et la mouvance présidentielle (au QG du RPG-Arc-en-ciel). Ce qui est sûr, la moisson a été bonne. Dans leur souci de briser la glace de la méfiance entre les deux parties, les négociateurs désignés par le Président de la République sont tombés sur des oreilles attentives.
Au centre de la crise politique, la CENI n’a pas été mise à l’écart dans ce processus d’échanges. Les deux Ministres d’Etat, appuyés par les Ministres de l’Administration du territoire et de la Défense nationale, ont aussi échangé avec l’institution en charge des élections en Guinée.
Dès lors, on peut comprendre pourquoi la CENI a fini par suspendre toutes ses activités liées aux préparatifs des élections locales pour une semaine, afin de donner la chance à ces assises.
Sans tam-tam ni tambour, les nombreuses entrevues avec la mouvance, l’opposition, la CENI et les principaux représentants de la communauté internationale, ont permis de rassurer les acteurs politiques en vue d’une nouvelle rencontre.
Ainsi, les observateurs politiques gardent l’espoir qu’un nouvel accord politique est possible au regard de la qualité du déroulement de la phase de consultations.
Le rôle de la communauté internationale
Contrairement au passé, la communauté internationale aura un rôle d’observateur lors des assises du dialogue politique. Mais, des observateurs appelés à apporter une contribution à la recherche du consensus autour des questions qui fâchent, notamment. Comme pour dire que les Guinéens sont assez grands désormais pour régler leurs problèmes.
En tout cas, la seule question encore en suspend est celle liée à la tenue des communales et communautaires avant la présidentielle du 11 octobre prochain. Même si l’opposition en fait une question préjudicielle, force est de reconnaitre que l’homme de droit, Me Cheick Sacko, et l’homme d’Etat qu’est Naby Youssouf Kiridi Bangoura, proposeront des solutions, il faut le croire, qui satisferont pouvoir et Opposition. Donc, il n’est pas trop tôt de croire que le bout du tunnel n’est pas loin.
C. Diallo