L’opération de déguerpissement qui a visé Madame Fofana Fatoumata Touré, épouse du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Bakary Fofana, a été une occasion pour la victime de lever un coin du voile sur le personnage de M. Fofana. Et d’après son épouse, celui-ci aurait réussi à échapper à la vigilance d’Interpol France, dont il était une des cibles, pour des raisons qu’elle s’est gardée de dévoiler pour le moment, pour rentrer précipitamment en Guinée.
L’opération d’expulsion de Fofana Fatoumata Touré de la résidence qu’elle occupait avec ses enfants le 15 juin dernier au quartier Kaporo, dans la commune de Ratoma par des agents des services de sécurité sous la conduite d’un huissier continue de défrayer la chronique dans la cité. Face à cet acte qui résulte d’une rupture au sein de ce ménage à trois, les supputations vont bon train.
Mais ce sont surtout les révélations faites à cette occasion par la victime qui ont retenu l’attention de la plupart des observateurs. Surtout quand Mme Fofana dit qu’elle a épousé Bakary à son retour de la France en 1996, où il avait fuit pour échapper à Interpol. Elle s’est gardée de détailler le « crime » qu’aurait commis l’actuel président de la CENI, dans une autre vie, pour devenir à ce point un « wanted » des services d’Interpol. Il serait pourtant intéressant que l’opinion sache à quel genre de personne le pays a à faire. Vu l’importance des fonctions qui ont été confiées à Bakary Fofana, en tant que président de la CENI. Car quelqu’un qui gère une institution aussi importante comme la CENI doit être au dessus de tout soupçon. Raison pour laquelle des enquêtes de moralité s’avèrent nécessaires avant l’élection ou la nomination d’un individu à un poste aussi stratégique comme la présidence de la CENI. Malheureusement qu’en Guinée c’est le clientélisme et le népotisme qui servent d’argument pour promouvoir les cadres à des hautes fonctions.
En attendant que l’on apprenne un jour davantage sur le passé « sombre » de Bakary Fofana, il ya lieu de déplorer la brutalité qui a prévalu lors du déguerpissement de son épouse de la résidence familiale. C’est comme s’il y avait là du deux poids deux mesures dans cette opération. Quand on sait que la justice a suspendu les opérations de ce genre.
Mais voilà que la pauvre dame a été vidée en compagnie de ses enfants, sans autre forme de procès. Elle qui dénonce des cas de corruption dont se seraient rendus coupables certains juges, pour trancher en faveur de son époux.
«Il y a dix ans que monsieur Fofana avait demandé le divorce au tribunal de Dixinn. Là-bas, il y a eu des tentatives de réconciliation qui n’ont pas marché. C’est dans ces tractations là que le tribunal a demandé qu’il paie un million par mois pour les frais des enfants. Il n’a pas payé cela. Pour une deuxième fois, il lui a été demandé de payer cinq millions. Il a refusé ça aussi», selon Mme Fatoumata Touré.
Elle accuse Bakary Fofana d’avoir voulu les exproprier de cette maison pour la donner à sa nouvelle femme. Ce, à quoi elle s’est toujours opposée, elle et ses enfants.
Dans un pays où la justice est en pleine reconstruction, Fatoumata Touré aura du mal à se faire entendre face au pouvoir de l’argent dont userait Bakary Fofana dans ce bras de fer judiciaire.
Mamady I Condé In L’Indépendant