L’eau n’a pas coulé sous le pont de l’aéroport ce week-end. Du coup, un embouteillage monstre s’est formé sur des kilomètres entre l’aéroport et Matoto. Il fallait passer sur le pont. Certains automobilistes qui se sont hasardés sous le pont sont restés bloqués dans une mare. Et de là-haut, des passants, parfois des automobilistes coincés dans l’embouteillage, éteignaient le moteur pour regarder le spectacle des véhicules enfoncés dans l’eau comme ce Magbana (minibus) rempli de passagers qui lancent des cris de détresse. Cela semblait pourtant amuser ces curieux qui sortaient des téléphones portables pour fixer les images. Parmi ces curieux, une femme se détourne du pont et fixe les yeux dans le vide en lançant : « ce pont est très mal fait.» A ces côtés, un jeune homme comme pour répondre à la dame laisse entendre : « c’est le pont de Cellou Dalein, c’est lui qui l’a fait.» On se rappelle que l’ancien Premier ministre a lui-même lors d’une assemblée générale de son parti, l’UFDG, avait indiqué : « J’ai identifié des projets en fonction des intérêts du pays et il y en a que j’ai réalisés. L’autoroute 2X2 voies de Gbessia,… »
Qu’à cela ne tienne, nous avons voulu comprendre pourquoi à chaque saison des pluies, l’eau stagne sous ce pont empêchant toute circulation. Notre interlocuteur, M. Michel Bangoura, directeur national adjoint des infrastructures au ministère des Travaux publics précise : «lorsque le travail du pont de l’aéroport a été réalisé, je n’étais pas en poste. Malheureusement, c’est un travail qui n’a pas été bien fait. Sur ces zones, en faisant des travaux, on doit les remblayer et si ce n’est pas fait c’est toujours des imperfections qui surgissent. L’erreur est humaine.»
A la question de savoir si on peut corriger cet état de fait, M. Bangoura répond par l’affirmative et explique : « on se trouve sous une forme de cuvette et il faut savoir que Conakry est une presqu’ile. Il faut faire l’assainissement en mettant un tuyau d’écoulement d’eau. Au-delà de l’aéroport, partout où il y a une grande stagnation d’eau, on met en place un exutoire.»
Parlant de l’état piteux de nos routes en général, M. Bangoura indique : « le système a changé. Avant, on travaillait en régie. Depuis que la Banque Mondiale s’est impliquée, on est entré dans le système des entreprises. Il y a un total déséquilibre par rapport à l’immensité du travail. La route coûte 30 à 40 milliards de gnf au km.»
Par rapport au fait que les routes se dégradent très vite, le directeur national adjoint des infrastructures rappel un passé difficile. « Heureusement, dit-il, aujourd’hui quand on fait une route, on fait du concassé pour mettre la base. Elle est travaillée sur 20 cm ; puis on travaille la surface. Dans cette latérite, on met des cailloux puis on arrose la surface avec du goudron. Avant, on ne faisait pas cela. Maintenant on veut des routes plus dures ».
Et de conclure : « Dans tous les pays du monde, on a du mal à financer les routes. Et si on voit les gens brûler les pneus sur les routes, ça nous fait mal. Donc il faut qu’il y ait du civisme pour l’entretien des routes.»
Bily Camara et El Hadj M Diallo