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Censure

Comment Mamadou Sylla a trompé Conté : Les révélations d’Abdoulaye Dima Dabo du PAG

Il connaît le paysage patronal guinéen comme sa paume. Abdoulaye Dima Dabo, a été parmi ceux qui ont contribué  à la création des trois patronats qui existent actuellement en Guinée. Notre reporter l’a rencontré pour un entretien dans lequel il fait des révélations croustillantes.

Pouvez-vous nous expliquer l’origine du patronat en Guinée ?

Abdoulaye Dima  Dabo : En 1992 la Chambre de commerce qui était l’unique institution  du secteur privé a représenté le patronat à la conférence internationale du travail (B.I.T) à Genève et là, on leur a dit qu’il faut absolument une organisation patronale en Guinée, eu égard au fait que la deuxième République a proclamé la liberté et a supprimé le régime socialiste. Donc dans un monde libéral, il faut un patronat. La Chambre de commerce est une structure consulaire et c’est l’Etat qui définit ses attributions et c’est différent d’une organisation patronale. Pour se faire, le bureau international de travail a organisé un atelier de formation des chefs d’entreprises ici en Guinée, en vue de créer le patronat. Aux termes de cet atelier, le 13 mai 1992, le patronat guinéen a été créé avec bien sûr l’appui de la Chambre de commerce d’alors de Guinée. C’est eux qui ont fait le projet du premier statut qu’on a ensemble amendé et approuvé et le premier bureau du patronat a été mis en place avec Boubacar Hann comme président, voilà d’où est parti le patronat.

M. Dabo que pensez-vous de l’évolution du patronat pour ne pas dire des patronats en Guinée ?

Le patronat guinéen a évolué en dents de scie, par la faiblesse des hommes qui le composent.

Qu’est-ce que vous entendez par faiblesse d’esprit?

D’abord de leur niveau intellectuel. Ils sont venus par la camaraderie, par la plaisanterie pour occuper des postes qu’ils ne peuvent pas assumer, n’ayant pas fait des études sérieuses en conséquence. N’est-pas employeur d’une organisation patronale qui le veut. Ce n’est pas la fortune qui fonctionne, parce que ce n’est pas une structure qui finance les projets, ce n’est pas une structure qui distribue de l’argent. C’est une structure qui s’imprègne des dispositions règlementaires sur le plan international pour aider les entreprises à avoir le soutien indispensable sur le plan local, pour avoir les financements nécessaires pour leur développement : la création de l’emploi et la richesse, nécessaire pour la création d’emploi.

Mais comment expliquez-vous maintenant la division des patrons guinéens ?

Vous savez ce n’est pas seulement propre à la Guinée, le Guinéen, je m’excuse du mot c’est le mois de carême, je ne dois pas raconter du n’importe quoi. Les Guinéens ne s’aiment pas entre eux, il y’a un manque de patriotisme, de solidarité, c’est ce qui fait la division du patronat. Quand en 1999, El hadj Hann a démissionné volontairement. Nous avons choisi Mamadou Sylla, ça été une grosse erreur.

Comment une grosse erreur ?

Parce qu’il a incité le Chef de l’Etat à l’époque le défunt général président à créer le secteur privé, en lui disant que nous sommes tous d’accord. C’est l’entretien que le général-président a organisé plus tard avec l’ensemble des intéressés qu’il a su, qu’il a été induit en erreur que personne n’était au courant de la création du secteur privé. Seul Mamadou Sylla avec la complicité des proches du président défunt, c’est là que le patronat a commencé à s’enliser. Parce qu’il y’a eu défection, tout le monde n’était pas d’accord, ils ont enlevé des gens qui étaient élus sur le décret. Quand quelqu’un est élu ce n’est pas un décret qui l’enlève, c’est l’instance même qui l’a élu, qui a le privilège de l’enlever. C’est le secteur privé donc nous on ne choisit pas nos chefs nous les élisons, en fonction des dispositions et de la constitution et des dispositions de la convention 87 que le gouvernement guinéen a ratifié depuis 1959.

Nous savons que ce n’est pas sur un coup de tête qu’une personne se dit  je veux être le président d’un patronat si les gens ne sont pas derrière lui.

Comment expliquez-vous qu’un simple individu n’ayant pas de bagage intellectuel, puisse être porté à la tête d’une institution comme le patronat ?

Et oui ça été je dirai le manque de chance pour le secteur privé guinéen que de choisir El Hadj Mamadou Sylla et tout le mal du secteur privé est parti de là. Il voulait la chefferie, il voulait transformer le patronat en un Etat dans un Etat. Lui président du patronat, il est l’homologue du chef de l’Etat, donc il peut faire du secteur privé ce qu’il veut. Tout le problème de la Guinée c’est ça et jusqu’à présent il tire sur les ficèles bien que sur le plan juridique il ne peut être président d’un patronat. Parce qu’il est président d’une structure politique, il est membre de l’Assemblée nationale, c’est incompatible et il le sait mais il tire sur la ficèle jusqu’à présent.

Justement il y a une déchirure en ce moment au sein du Conseil national du patronat qu’il préside. Comment percevez-vous cela?

Oui, il y a une déchirure. Je suis heureux que quelques membres de cette structure du premier patronat prennent l’initiative de restructurer en prenant leur responsabilité et en évinçant Mamadou Sylla. C’est une très bonne chose pour le pays et je les encourage sur cette voie.

Ne pensez-vous pas que votre salut se trouve dans votre unité d’action ?

Bien sûr, je dis  ce que je ressens moi-même en tant que du secteur privé, connaissant parfaitement bien mon pays. L’assiette économique de la Guinée est trop petite pour trois structures patronales. L’unité est la bonne chose, c’est à cet égard que mon président, le troisième et le jeune patronat dirigé par Ismaël Kéïta a fait des approches pour qu’on crée une alliance du mouvement patronal suite à l’entretien qu’il a eu avec le chef de l’Etat le professeur Alpha Condé à cet effet. Le président de la république lui avait dit qu’il ne s’insère pas dans le secteur privé mais qu’il recommande aux patrons guinéens de s’unir, que c’est dans ça que nous serons plus forts, et de travailler mieux. Pour mettre ça en pratique, les trois présidents des trois patronats se sont réunis, ils ont fait un protocole d’accord. Ils ont signé et publié, et ils ont informé officiellement le gouvernement. Mais quelques semaines après les deux autres patronats se sont retirés sans donner les raisons valables.

Lesquelles ?

C’est le CNP de Mamadou Sylla et la CPECG de Hadja Gnouma, ils ont envoyé une lettre a Ismaël pour dire qu’ils suspendent leurs activités  de cette alliance jusqu’à nouvelle ordre, sans justification.

Il y’a quelques semaines de cela, l’on a assisté à la présentation d’une structure patronale présidée par le Chef de l’Etat. Est-ce que votre structure était de la partie ?

Non,  nous sommes le dernier patronat.

Expliquez-nous?

Il y a le Conseil national des patronats guinéens, le second c’est la CPECG. C’est moi qui l’ai créée et Hadja Gnouma est la présidente. Elle a remplacé Youssouf Diallo qui était rentré dans le gouvernement  donc on l’a mis intérimaire. Elle vient de se faire confirmer par un congrès et le patronat de Guinée est composé exclusivement des jeunes promoteurs et c’est ce patronat qui actuellement fonctionne le mieux.

Comment il fonctionne le mieux ?

Il fonctionne parce que vous avez à faire à des jeunes intellectuels, vous n’avez pas besoin de dire 2+2 ça fait combien, ils le savent. Ils sont nantis donc vous pouvez librement travailler. L’autre c’est tout un amalgame de personnes certes qui ont une représentativité financière mais ils n’ont pas la matière grise pour discuter des problèmes économiques et pour le développement du pays. Le patronat doit être à l’avant-garde du développement d’un pays, il doit pouvoir avoir des hommes nantis; des cadres chevronnés capables de faire des projets de développement économique du pays. Tant qu’un patronat n’a pas ces hommes-là, il ne peut pas bouger. Il ne sert à rien d’avoir le patronat et dire on va voir le Chef de l’Etat. Le Chef de l’Etat dans les autres pays quand les patronats se constituent on ne va même pas lui dire bonjour. Ils lui envoient une correspondance, qu’ils se sont réorganisés et voilà les hommes qu’il faut. Quand ils veulent rencontrer le président, ils rencontrent le président de la République avec toute la noblesse due à son rang. Et c’est comme ça que ça fonctionne dans les autres pays. En Guinée ici c’est nous qui courront après le gouvernement; dans les autres pays le gouvernement qui court après les opérateurs économiques. Et c’est ce qu’il faut et c’est ce qui fait avancer le monde. Regardez ce qui se passe actuellement en France avec la grève des chauffeurs  de taxi. Le gouvernement est obligé de les écouter. En Guinée nous ne sommes pas unis, et la déchirure a été provoquée par El hadj Mamadou Sylla.

M. Dabo vous avez pris part au Congrès du B.I.T à Genève. L’on a appris que Mamadou Sylla du C.N.P avait porté plainte contre le gouvernement guinéen là-bas. Etiez-vous au courant si oui, comment les choses se sont passées ?

Oui c’est dommage, parce que Mamadou Sylla a été porté sur la liste de la délégation guinéenne à la Conférence internationale du travail de 2015. Ça été une erreur de la part du département du travail et de l’emploi.

Une erreur pourquoi ?

Parce qu’ils savent que Mamadou Sylla est député national, ils savent que Mamadou Sylla est président d’un parti politique, membre de l’alliance de la majorité gouvernementale. A ce titre il ne peut être président d’un patronat. C’est clair dans les textes et surtout de l’Organisation internationale des employeurs (O.I.T), dont le patronat de Mamadou Sylla est membre.

Comment les choses se sont passées là-bas, lorsqu’il a porté plainte ?

Quand tu portes plaintes. On écrit au chef de la délégation au ministre concerné à travers l’ambassade, pour dire nous avons reçu telle requête, qu’en pensez-vous ? Vous donnez  votre réponse et le ministre Damantang s’est légalement défendu. Il a répondu avec objectivité et il a prouvé que Mamadou Sylla était dans son tort. Le B.I.T demande les organisations d’employeurs et les organisations des travailleurs les plus représentatives au B.I.T. Et qui est juge de ça ? C’est l’Etat. Parce que ce sont les gouvernements qui sont membres du B.I.T. Ce sont les Etats qui ratifient les lois que cette structure  adopte et propose qu’on appelle convention. Et la Guinée concernant la convention du B.I.T, elle l’a ratifiée depuis 58, trois mois après notre accession à l’indépendance. Pourquoi parce que le premier chef d’Etat de la Guinée sortait du mouvement syndical. Donc nanti de ces textes et sachant que son pays ne peut évoluer qu’en adoptant cette convention, qui donne aux autorités, aux employeurs et aux travailleurs de s’organiser librement sans intervention aucune et d’être indépendants de tout pouvoir administratif et judiciaire. Voilà la convention 87 qui a été plus ou moins mal adoptée jusqu’à la création du patronat en 1992. A partir de ce moment le tripartisme a commencé, il y’avait maintenant un patronat, il y’avait le mouvement syndical, il y’a le gouvernement. Ça évolue en dents de scie jusqu’à cette année où le gouvernement s’est rendu compte, qu’il y’a des organisations syndicales et patronales qui s’appellent ça mais qui n’ont plus la représentativité. C’est-à-dire ils sont élus trop longtemps, ils n’ont pas fait de congrès de renouvellement, il veut savoir qui est qui. Le gouvernement l’avait demandé il y’a pas plus de trois mois, qu’on lui fournisse des textes qui approuvent qu’ils ont la représentativité des membres dont-ils se réclament. Le PAG que nous étions, nous étions à notre deuxième année de création, nous avons fourni tous les éléments dans les 72h qui suivent, avec preuve. Les autres ne l’ont pas fait, parce qu’ils avaient des difficultés en leur sein d’organiser un congrès. Ils n’étaient pas d’accord sur le choix des personnes qu’ils devaient mettre à la tête. Bon an mal an, la CPECG que j’ai créée, que j’ai quittée, Gnouma a été reconduite. Mamadou Sylla n’a pas fait jusqu’à présent son congrès parce qu’il ne veut pas lâcher alors que les textes disent qu’il ne peut plus être président d’un patronat en tant que président d’un parti politique. Et quand-il a porté plainte nous-mêmes nous avons écrit, pour expliquer en tant que patronat, puisque nous sommes visé nous, puisque le gouvernement a porté son choix sur nous qui avons obéit à sa demande en première position avec tous les documents requis qui attestent de la représentativité du patronat de Guinée présidé par Ismaël Kéïta, il nous a donné le titre de titulaire au B.I.T.

Qu’est-ce que ça veut dire le titre de titulaire ?

Ce n’est pas une fortune qu’on te donne quand tu viens, c’est une charge intellectuelle qu’on te confie, tu dois assister à toutes les réunions de B.I.T du début à la fin et assister à la concrétisation par des textes qui sortent sous forme de recommandation aux Etats concernés ou des résolutions des Etats concernés. Parce que c’est l’Etat qui est membre du B.I.T. Vous n’êtes que des participants du tripartisme. Donc, ce sont les Etats qui sont intéressés dans le texte qui vont sortir à la fin, c’est pour cette raison le gouvernement qui préside cette affaire-là, doit être sûr qu’en partant, qu’il s’en va avec des partenaires qui sont crédibles, élus par leurs membres à la base, pas un qui vient en tourisme. Bon voilà pourquoi cette fois-ci, Ismaël Kéïta est parti en tant que délégué titulaire et c’est ce que Mamadou Sylla a contesté. Mais on lui a fait connaître que l’Etat doit être impartial entre les organisations patronales et les organisations syndicales des travailleurs, mais les plus représentatives comme organisations, c’est avec elles que l’Etat doit travailler avec.

Pour finir que faut-il faire pour que le patronat guinéen  joue véritablement son rôle. A l’image des autres de la sous-région qui sont des interlocuteurs privilégiés de l’exécutif ?  

Il faut un grand déclic dans nos esprits, que le patriotisme domine, qu’on fasse fie des questions de personnes, qu’on choisisse les meilleurs chefs d’entreprises, qui ont une certaine expérience dans le développement économique, qui acceptent de venir dans ces organisations et participent à la mise en place des structures évolutives vers la création d’emplois.

Vous voulez dire que certains ne méritent pas d’être dans ces structures actuellement?

Il y a beaucoup, parce qu’ils ont d’autres préoccupations. Le patronat il faut travailler, ce n’est pas simplement porter le grand boubou et venir s’assoir qu’on vous regarde à la télévision. Non, non, non. Le patronat doit d’ailleurs être discret. On ne doit même pas le voir à la télé. C’est sur le terrain que le patronat doit évoluer, par la visite des chantiers si difficultés il y a. Comment on traite les travailleurs ? Est-ce qu’ils sont sécurisés à la Caisse nationale de sécurité sociale ? Est-ce qu’ils sont protégés ? Est-ce qu’ils sont dans des locaux aérés ? Est-ce qu’ils sont dans des locaux avec la lumière descente… et ça il faut des hommes, des têtes.

Pas en se fiant à la manne financière par exemple ?

La manne financière est utile. On peut les utiliser pas dans le bureau exécutif. Le bureau exécutif c’est comme à l’Assemblée nationale, si vous envoyez un analphabète à l’Assemblée nationale les lois qui partent là-bas, s’il ne sait pas lire comment voulez-vous qu’il contribue. Il va être simplement un paravent pour dire je vote pour tel ou je ne vote pas. Mais il ne peut pas disserter ce qu’on lui propose comme texte et chez nous c’est ça. On récompense les gens par affinité, au niveau de l’Assemblée il y en a, au niveau du Gouvernement il y en a, dans le patronat il y en a. Il y en a qui ne font pas l’affaire dans toutes ces structures-là. Il faut qu’on choisisse les hommes en fonction de leur compétence pas de leur origine, pas de leur ethnie, mais leur compétence. Si Dieu sait qu’ils sont tous de la même ethnie, alors que Dieu nous les donne tous de la même ethnie. Mais quand ils ont fini de travailler qu’on dise oui, ce sont eux qu’il fallait, voilà ma conception de la Guinée. Alors que je ne suis pas d’une seule ethnie : mon père est malinké, ma maman est soussou. Je suis né au Foutah. J’ai une femme peulh et une femme soussou donc moi je suis de toutes les ethnies. Ce que je cherche c’est le bonheur de la Guinée. Le décollage économique de la Guinée ne dépend que du secteur privé et le secteur privé a besoin des personnes  ressources.

Malgré tout il y a certains qui jettent la pierre aux autorités de la place,  estimant que ces derniers chercheraient toujours à avoir la main mise sur toutes les institutions?

Je prends l’exemple de notre ancien colonisateur la France, vous croyez que le président français peut prendre son téléphone pour téléphoner au président du patronat français, pour lui dire vient, je veux te voir : c’est un protocole. Ici nous voulons toujours être devant le chef de l’Etat; pourquoi ?

Peut-être afin de bénéficier des largesses du chef de l’Etat ?

Le chef de l‘Etat ne peut rien faire pour toi si tu ne mérites pas, le chef de l’Etat met les structures d’accompagnement ne place, ainsi que les textes législatifs, des textes qui permettent au secteur privé de se développer.

Il y a certains qui font la courbette afin d’avoir des projets. N’est-ce pas ?

Oui, pourquoi parce qu’ils ont des entreprises qui n’ont pour client que l’Etat. Ils ne peuvent pas diriger un patronat quand tu n’as pour client que l’Etat, c’était le cas de Mamadou Sylla. Il ne sert que l’Etat, comment peut-il défendre le patronat devant cet Etat qui est ton client. Tu as une entreprise de B.T.P, ton client c’est l’Etat, comment peux-tu défendre les autres devant cet Etat qui ne sont pas du B.T.P.  Voilà le problème de la Guinée. Il faut que ce soit des opérateurs économiques qui évoluent pour la Guinée qui n’ont pas pour Etat client, là ils ont la voix qui porte devant cet Etat. Et c’est devant l’Etat qu’on peut se défendre, c’est l’Etat qui met les lois en place qui protège le secteur privé, l’accès au crédit bancaire, les chèques bancaires. Comment les sécuriser. En Guinée tout se paie au comptant. Vous donnez c’est un papier il faut donner la force aux chèques, il faut donner la force à notre monnaie. Comment ? En purifiant la justice. Tu donnes un chèque sans provision tu sais que c’est la prison qui t’attend, tu malmènes des faux billets…tu sais que la justice est là pour te condamner. Quand le Guinéen sera sûr que quand il fait un chèque sans provision il fait la prison, il ne fera pas. Aller au Sénégal, tout s’achète par chèque, en Côte d’Ivoire tout s’achète par chèque, les fiduciaires ne bougent pas. Ce sont les chèques barrés qui circulent. Chez nous ici ça ne se fait pas. Voilà le travail du patronat. Approché le gouvernement après une assisse avec l’ensemble des membres et ensemble, ils prennent la décision que les chèques doivent circuler. Il faut voir les autres en face ce qu’ils font, au Sénégal le président de la République s’adresse au président du patronat avec tout le respect qu’il lui doit. Chez nous on considère plutôt les travailleurs que les chefs d’entreprise parce que les travailleurs élèvent leurs voix, nous nous sommes là nous faisons la cours à l’Etat. Non l’Etat n’a pas besoin de ça au contraire, nous ne rendons pas service à l’Etat en lui faisant la cour. Nous devons venir vers l’Etat avec des sujets économiques digérables. Voilà où nous sommes, voilà ce que nous proposons, pour aller là. Mais tout doit être écrit sur papier, bien rédigé par des spécialistes et la Guinée regorge de ces spécialistes. Il y a des cabinets privés ici qui ne sont là que pour ça, il faut les utiliser. Si nous  ne connaissons pas les textes de lois, il y a des cabinets d’avocat, qui sont des avocats d’affaires, nous pouvons les engager, leur donner des sujets à traiter, et nous les présentons au gouvernement. Voilà notre travail et personne ne le fera à notre place. J’ai dépassé mes 70 ans aujourd’hui, j’ai fêté mes 77 ans le 20 juin dernier, j’ai lu les archives français ce qui a comme fortune dans ce pays, je vous donne ma tête à couper je suis le mois de carême, les 15 pays de la CEDEAO n’ont pas autant de richesses que la Guinée, dans son sous-sol et dans son environnement. Mais ce sont les Guinéens qui n’aiment pas leur pays, c’est Dieu qui aime ce pays. Si nous aimons ce pays nous mettons de côté le problème mesquin, d’ethnie ou de politique…  nous pensons au développement du pays, je vous assure il y a de quoi déménager à Kassa, mettre les orteils en éventails notre sous-sol nous nourrit.

Interview réalisée par Richard TAMONE in Le Démocrate                    

 

 

 

 

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