Au sortir des présidentielles de l’an 2010, beaucoup d’analystes politiques ont qualifié le vote qui a conduit le Prof Alpha CONDE à la tête de la magistrature suprême de vote ethnique et communautaire. Cette analyse est à bien d’égard une réalité sur laquelle des politiciens ont joué pour parvenir ou se maintenir au pouvoir dans bien de pays africains dans la mesure où dans ces derniers, l’ethnie fut avant le choix démocratique. Il est donc impérieux de reconnaitre cette sociologie avant de s’inscrire dans la peinture de réalités liées aux principes démocratiques qui doivent dorénavant déterminés le choix dans l’élection d’hommes politiques aux sommets des États.
Les cinq années du professeur Alpha CONDE au sommet de l’État ont suscité les commentaires les plus critiques, l’accusant, à tout bout de champs, de jouer sur la fibre ethnique pour se faire réélire aux élections du 11 octobre 2015. Il importe de souligner que la CENI a levé le voile sur les résultats provisoires de ces élections qui ont été confirmés par la Cour Constitutionnelle confèrent un second mandat au Prof Alpha CONDE.
Se basant sur les résultats de cette dernière présidentielle, pouvons-nous affirmer que le choix du Président CONDE s’est fait sur la base ethnique ? Ou encore, si ce choix s’est fait en fonction de son bilan et des projets qu’il a eu à proposer au peuple?
Pour répondre à ces deux questions fondamentales, je dirais que le bilan proposé a été à la hauteur des attentes des guinéens. Il faut signaler que dans presque 27 circonscriptions électorales, le Professeur l’a emporté à plus de 52% voire même 95% des voix.
Le bilan du quinquennat a fort bien joué dans les bastions réputés être ceux de l’opposition où, le Président a fait une percée considérable avec un score de près de 20% de l’électorat dit de l’opposition. Pouvons-nous là-bas aussi parlé de choix ethnique ? Je pense que non. Depuis quatre années et demi, c’est milieux ont entendu les uns et les autres faire une peinture diabolique de l’homme. Mais, le contraste a été que les populations ont vu le contraire de toutes les dithyrambes les moins flatteurs en réalisant des infrastructures telles que les points d’adduction d’eau, les routes et pistes rurales, les éclairages publics, les édifices publics et sociaux etc. En outre, le président Alpha Condé, pendant que ses détracteurs scandaient les comptines dignes de l’Eldorado pour enfant, lui, faisait son périple à travers les villes et villages du pays. En tout, 150 villages visités, les 33 préfectures saluées, des districts qui n’ont jamais vu de préfets ont vu, pour la première fois, l’avion du Président atterrir.
Ce périple a contribué à déconstruire le mythe malsain que les leaders de l’opposition ont mis toute une vie à construire. Conséquence, le Président a recueilli beaucoup de voix au Fouta lui conférant ainsi la majorité absolue dès le premier tour de la présidentielle. Au constat général, on voit que l’action de proximité du président Alpha Condé a mis en avant la proposition de projet de société en corrélation avec des besoins des populations à la base. Les candidats ont eu la liberté de faire campagne dans toutes les régions sans trouble majeurs nonobstant quelques provocations attribuables aux militants qui par le fait de l’ambiance électrique et de la ferveur de la foule se permettent de provoquer des adversaires qui n’attendent aussi que de simple peccadilles venant de l’autre camp.
Il faut aussi comprendre que ces troubles sont inhérents aux manifestations politiques dans des pays qui sont dans le processus de l’apprentissage de la démocratie. Quoi qu’il en soit, le Président Condé a montré que sa réélection est le fait du peuple et cela sur la base d’un bilan qu’il a eu du mal à ériger avec la pluie de manifestations que l’opposition a fait verser sur le pays. Chaque préfecture a bénéficié d’investissements impactant directement sur la vie des populations et le peuple au delà tout n’est pas militant. Il est électeur et choisi en fonction de ce qu’on lui propose et aussi sur la base du déjà fait. Les opposants ont basé leurs campagnes sur des humeurs et des accusations en parlant de termes savants comme croissance en n’oubliant que pour l’homme du peuple, le concret est plus parlant que la promesse d’un paradis et pour être plus explicite, les populations connaissent depuis l’aube des temps « un tien vaut mieux que deux tu l’auras ».
La démocratie a parlé et Alpha Condé a montré qu’on ne peut pas continuer à manipuler le peuple en surfant sur ses craintes et colères afin de conforter le vote ethnique. Et les voix obtenues au Fouta dans le fief de son principal challenger démontrent l’ouverture d’esprit des populations qui réfutent sans l’avouer le vote communautaire.
Nous pouvons conclure que les principales leçons à tirées de cette élection sont triples :
- Le politicien guinéen à la conquête du pouvoir est la bienvenue dans sa communauté mais ne doit pas s’attendre à un vote aveugle de cette communauté, donc les lignes communautaristes fondées sur les arguments malsains et infondés tels que ‘cette communauté nous rejette’ ne tiennent plus la route ;
- La population guinéenne considérée à près de 90% analphabète est très instruite politiquement car, elle sait que son vote peut lui apporter quelque chose, donc, sait lire et analyser les propos des politiciens pour se décider. Cela est prouvé à travers le taux de retrait des cartes d’électeurs et le taux de participation qui avoisine les 70%. Cette célèbre phrase de NELSON MANDELA trouve son écho chez les électeurs guinéens « UN HOMME UNE VOIX »
- Les prochaines élections législatives de 2018 et Présidentielles de 2020 se feront sur la base des projets de société si la classe politique guinéenne, en renouvellement, accepte de se débarrasser des arguments communautaristes au risque de se voir sanctionner par le PEUPLE car, les réalisations du Président Alpha CONDE dans chacune des 33 préfectures de la Guinée prouvent à suffisance qu’une communauté n’a pas besoin d’un des leurs pour voir le progrès arriver chez elle à travers les interventions de l’ETAT.
A bon entendeur salut.
Dr Bouna YATTASSAYE
Médecin – Politologue