Le changement tant prôné par le président Alpha Condé depuis son avènement aux affaires en décembre 2010, tarde à se traduire en actes. Avec son second mandat, il n’est pas évident que les « mauvaises habitudes » reprochées à sa gouvernance connaissent une amélioration. La persistance du phénomène des marchés gré à gré octroyés à des lobbies, avec la bénédiction du chef de l’Etat démontre qu’on n’est pas encore sorti de l’auberge.
La réélection du président Alpha Condé pour un second mandat, suscite un espoir chez certains citoyens qui s’attendent à ce que le chef de l’Etat sorte enfin des sentiers battus, pour éradiquer les maux qui gangrènent notre administration, dont entre autres la corruption, le clientélisme, le népotisme. Quand on sait que durant les 5 années passées aux affaires, il n’a pu s’attaquer de front à ces tares qui plombent l’amélioration de la gouvernance. Le président Condé a passé son temps à dénoncer l’incurie et l’indélicatesse de ses cadres. Un exercice d’auto flagellation dans lequel il a excellé, sans pour autant que cela ne l’amène à sévir contre les grilleurs d’arachides, qu’il a lui-même dénoncés. Les scandales de corruption ont touché quasiment tous les secteurs de l’administration, durant les 5 années écoulées. Que ce soit dans les opérations d’achat d’engrais destiné aux campagnes agricoles, où au niveau de la navale, sans oublier les travaux publics, avec la surfacturation des marchés publics, aucune action n’a été intentée pour rassurer l’opinion de la volonté du gouvernement de mettre un terme à ces vilenies. C’est à peine si le président n’a pas pris lui-même fait et cause pour les suspects dans les différents scandales. C’est le moins qu’on puisse dire, puisqu’il n’ya eu aucune sanction.
Et ce sont les mêmes pratiques qui risquent de se perpétuer, à l’allure où vont les choses. On en veut pour illustration cette affaire de passation de marchés publics pour le compte de ministère de l’intérieur, qui fait grand bruit dans la cité.
Surtout quand la présidence vient empiéter sur le bon fonctionnement de l’Autorité de régulation des marchés publics, dans sa tentative de combattre les mauvaises pratiques en matières d’attributions des marchés publics.
La culture de la bonne gouvernance ne peut être vulgarisée dans un tel environnement. Si le président de la République s’immiscer dans le fonctionnement des institutions, qu’il a lui-même mises en place.
Ce qui fait qu’au lieu de verser dans l’euphorie, certains observateurs, désabusés par la gestion d’Alpha Condé durant son premier mandat, marqué par de nombreux scandales qui sont restés impunis, disent ne pas attendre grand-chose de sa part, en termes de « changement », d’ici 2020. Ils voient plutôt le président persister dans son « laxisme » vis-à-vis des fossoyeurs de l’économie. Pendant que le tissu social aussi va continuer à s’effriter faute d’une véritable volonté de réconcilier les Guinéens.
Mamady Kéita/L’Indépendant