La tentative d’évasion déjouée le lundi dernier par les forces de sécurité a fait 23 blessés et d’importants dégâts matériels, selon le gouvernement, qui est resté toutefois évasif sur les véritables motifs de cette révolte et sur la nouvelle destination de certains prisonniers dont les condamnés dans l’affaire liée à l’attaque de la résidence du chef de l’Etat en juillet 2011. Vu qu’ils ont été déplacés le même jour par les hommes en uniforme venus remettre de l’ordre dans la maison.
C’est durant la nuit du dimanche dernier que la tentative d’évasion aurait commencé dans la prison de la sureté urbaine de Conakry située dans la commune de Kaloum. Puis dans la matinée du lundi, les choses se sont envenimées avec des tirs de sommation qu’on entendait dans la prison. C’est ainsi qu’un important dispositif de sécurité a été déployé dans l’alentour de la prison. Cette force mixte qui était composée de policiers, de gendarmes et de bérets rouges a pu venir au bout des détenus, dont une centaine s’étaient fait la belle. Cette opération était coordonnée par le général Ibrahima Baldé, Haut commandant de la gendarmerie nationale et directeur de la justice militaire.
Une fois la situation maîtrisée, les autorités ont procédé au transfèrement de certains détenus, dont des femmes vers une destination inconnue.
Ces opérations de transfèrement ont été effectuées par des pick-up et deux camions de la CMIS, et trois cargos militaires.
«On m’a dit de ne pas faire de déclaration. Il ya le gouvernement qui va faire une déclaration, plus le porte-parole du ministère de la Justice sur la tentative d’évasion», a lancé le commissaire Kassé aux journalistes présents sur place. Néanmoins, il a indiqué que les prévenus transférés ont été tous ramenés à la maison centrale. «On les a tous ramenés à la maison centrale. Ils sont tous là», assure-t-il.
A noter, au total, près de cent prisonniers ont tenté de s’évader. Mais ils ont été rattrapés, grâce à la collaboration des habitants de Coronthie, qui les ont dénoncés, semble-t-il. Toutefois, on a fait cas de 5 personnes qui manqueraient à l’appel.
Au terme d’une réunion qui s’est déroulée à la Primature lundi dernier, sur cette affaire de tentative d’évasion, le procureur général près de la Cour d’Appel de Conakry, Moundjour Chérif a déclaré que tout serait lié à une affaire de drogue. Mohamed Cissé et Mohamed Sylla, deux détenus auraient été pris e flagrant délit de vente de cannabis. Et c’est cette affaire qui aurait déclenché la colère des prisonniers.
Selon le procureur, ces incidents auraient fait 23 blessés, dont 1 garde pénitentiaire et 1 gendarme, et d’importants dégâts matériels. Les détenus ont réclamé la justice et la vérité, dans leur hystérie.
Dans cette affaire, des zones d’ombre persistent sur le bilan des incidents. Car un défenseur des droits humains en la personne de Me Foromo, des Mêmes droits pour tous, a déclaré sur les antennes d’une radio de la place, qu’il aurait appris des cas de mort durant la « mutinerie ». Ce que le gouvernement n’a pas confirmé. A cela il faut ajouter le cas des détenus transférés vers des lieux inconnus. Ont-ils été ramenés, comme le prétend le commissaire Kassé ? Mystère et boule de gomme.
Le gouvernement guinéen a intérêt à tirer des leçons de cette tentative d’évasion, en évitant dorénavant de garder des détenus, sans procès pour une durée indéterminée. Car la Guinée est championne selon le juriste Mohamed Camara dans la détention prolongée des prisonniers.
Oumar Daroun/ L’Indépendant