Le Président confiait à son visiteur du soir : «Tous les Guinéens veulent devenir 1er Ministre ou Ministre ; ils le seront tous Inchaallah»
Depuis, nominations et disgrâces, les deux faces de la même médaille se suivent à une vitesse folle.
Il n’y a pas une région un village, une famille, une ethnie ou une rue qui n’a pas eu son Ministre, son Ambassadeur ou son Directeur de quelque chose… en Guinée.
L’administration ou ce qu’il en reste est devenu une armée Mexicaine ou une pyramide renversée. Les hommes de troupe sont tous colonels.
N’importe qui pense qu’il peut remplacer son chef ; dévalorisées les fonctions les rendent banales.
Les nominations de complaisance ont deux défauts majeurs :
- Elles sont virtuelles
- Elles ne rendent pas heureux, mais empêchent d’être heureux dans autre chose.
Du coursier au gardien en passant par l’agent de recouvrement, tous sont des cadres, titulaires d’une Maîtrise ; c’est le Diplôme de base dans mon pays.
Les services centraux rament à contre courant, paralysés par la force d’inertie de ceux qui attendent une nomination ou l’investiture du Président et, ceux qui craignent la phrase redoutable souvent entendue sur les ondes;
«Monsieur untel est Appelé à d’autres fonctions ». Un pays où tout le monde est excellence ou Honorable…
L’administration fonctionne à la petite semaine de 9h A 12h dans l’attente du décret du Président de la République. (Moyenne de lecture en ligne 1200 lectures) contre à peine 300 lectures pour les autres sujets.
On peut apprendre à un ordinateur à dire : « Je t’aime », mais on ne peut pas lui apprendre à aimer. [Albert Jacquard]
Si la prospérité et le développement d’un pays se mesuraient au nombre des nominations, la Guinée figurerait au top 5 du développement humain mondial.
Le ridicule et l’affligeant contenues dans les nominations, se voient au nombre des ex promus inutilisables après leur disgrâce programmée.
Ex Présidents, Ministres et autres plusieurs fois ex quelque chose, il est impossible de savoir combien ils sont. Dites bonjours Monsieur le Ministre dans la foule, et vous verrez le nombre de têtes flattées qui se retournent pour vous répondre.
Il y a toujours un étourdi pour demander après : « Il a été Ministre celui là ? Mais quand et de quoi ?»
On ne se rappel plus quand il a été Ministre mais il l’a été ‘et il n’a rien fait pour ses parents’.
L’instabilité chronique des promotions et la brutalité de la disgrâce installent les débarqués dans une dépression sournoise ; ils ne réalisent pas qu’ils n’ont rien perdu puisqu’ils n’avaient rien.
De l’Ex promu, ont dit toujours « qu’il est Calme, ne parle pas » alors que l’ex est au fond de la déprime. On ne se bouscule pas pour le voir, ses téléphones ne sonnent plus.
Quand il leur arrive de sonner, c’est sûrement un correspondant qui s’est trompé de numéro.
Ce chef Service de la traduction au Secrétariat d’Etat à L’alphabétisation et à L’Enseignement Originel, est un Ministrable potentiel même s’il n’a jamais rien traduit ; ½ lettrés dans une langue, quasi analphabète dans l’autre, il ne lui faut que de la patience pour devenir Ministre d’un jour.
Sa cravate grise à rayures noir sort des profondeurs du temps passé. Ibrahim Sousse, Représentant de Palestine à Paris dans les années 80 portait la même cravate.
Son ordinateur est allumer 1/4 d’heures par semaine pour la seule chose qu’il lit ; les décrets du Président: de préférence la rubrique Mesures Individuelles du communiqué du Conseil des Ministres.
Ils lisent ces décrets comme d’autres lisent une grosse œuvre littéraire ou de philosophie, aucun ne leur a échappé depuis qu’ils attendent leur nomination et elles se feront inchaallah.
S’affranchir de la culture des promotions inopérantes est une exigence. L’Administration y gagnerait en qualité, et les Entreprises publiques en rentabilité.
DIOUMESSY MOUSSA
CONSULTANT