Le Musée de la préfecture de Boké (Guinée Maritime), a été créé dans les années 1878. 51 ans après le passage de Réné Caillé dans la localité (1827), il se trouve confronté à un véritable problème lié à la mauvaise conservation de ses pièces muséales, qui relatent pourtant les faits marquants de l’histoire de la Guinée coloniale, a constaté l’AGP.
La vocation première de ce Musée est la collecte des œuvres historiques et leur conservation pour des besoins touristiques et d’enseignements des générations futures.
Ce lieu, très riche en histoire, en pièces et œuvres d’art, était un fortin jusqu’en 1971. Avant l’Indépendance, il était occupé par les français dans le cadre de l’esclavage, ensuite la colonisation. Ce lieu servait également à peser les efforts de guerre.
Mais aujourd’hui, malgré sa valeur historique et son côté enseignement qu’il incarne, cet espace touristique est abandonné par les autorités du pays. Aucun budget d’entretien. Grâce aux services du doyen Mamadou Baïlo Traoré, conservateur de Musée et sculpteur de profession, les pièces dudit Musée sont souvent entretenues malgré son statut de retraité depuis 2001.
A souligner que ce Musée se compose d’un bâtiment de conservation des pièces, des cellules de tortures, le chemin des esclaves autrement appelé, «la Route du non-retour», qui mène au Port négrier ou le point d’embarquement des esclaves pour l’Amérique.
Ce musée est d’ordre ethnographique. Là-dedans, on y retrouve des œuvres d’art des premières ethnies qui ont occupé Boké, c’est-à-dire, les Bagas, les Nalous et les Landoumas.
L’histoire de la Forêt Sacrée est aussi représentée, non seulement par le Guènzé qui a remplacé le troc chez les Tomas, mais aussi par l’histoire de l’excision et la circoncision, qui est la toute première école connue en Guinée Forestière.
Le ‘’bansondji’’, qui rendait justice au groupe ethnique des Bagas. A cela s’ajoutent, les pierres sacrées, les fusils de guerre, le tam-tam et un tableau suspendu au mur. Sur lequel figurent les noms des grands chefs qui ont dirigé la Guinée au temps colonial jusqu’après l’indépendance.
Vu toute son importance, cet endroit touristique très important qui retrace les balafres du temps colonial, peine à trouver des moyens pour son entretien comme dans les autres pays. Seulement en 2012, pendant les préparatifs des festivités du 54ème anniversaire de l’Indépendance nationale, les autorités guinéennes avaient financé la réouverture du chemin des esclaves et ensuite les Etats-Unis d’Amérique ont fait le toilettage et le remplacement de la toiture du Musée.
«Nous sommes en manque de budget pour l’entretien du musée. Sauf quand il y a des visiteurs, c’est cet argent qu’on utilise pour les besoins. Mais ce n’est pas suffisant. Surtout, cette année, ça été difficile pour nous. Parce qu’avec cette maladie d’Ebola, on n’a même pas eu 10 visiteurs», a témoigné le jeune Koundouno François, animateur culturel au Musée de Boké.
Cet endroit est aussi un lieu d’apprentissage de la sculpture, des œuvres d’art et sert également au perfectionnement et à la préparation des thèmes de mémoire des étudiants de l’Institut des Beaux-arts de Dubréka.
«Un musée n’est pas un dépotoir des vieux masques ou des vielles pièces. Depuis 2001, je suis à la retraite et jusqu’en 2009, le Musée de Boké n’avait ni gardien, ni manutentionnaire, ni secrétaire. Ensuite, les autorités éducatives doivent introduire dans les grilles des programmes de l’Ecole des Beaux-arts de Dubréka, des cours de collecte, de conservation, d’enregistrement et de codage des pièces et leur historique. Mais, cette école ne s’intéresse qu’à la musique, à la dance et c’est dommage pour les autres formes de culture», a indiqué le Doyen Mamadou Baïlo Traoré.
AGP