Excellence Monsieur le Président de la République de Guinée, j’aimerais tout d’abord joindre ma voix, aussi insignifiante soit-elle, à celle de toute la population de Guinée pour vous adresser mes vœux de paix, de bonheur et de prospérité pour la deuxième aventure. Ensuite, j’aimerais me prononcer sur votre mode de gouvernance durant le premier mandat.
Mon message est loin des éloges que vous ont habitués vos militants mais un rappel vous permettant de saisir l’opportunité, tirer les leçons du passé et prendre des dispositions qui s’imposent pour l’avenir (deuxième mandat).
En 2010 vous aviez promis le changement, en priorité; l’emploi, la justice, l’eau et l’électricité, le bien être, la gratuité de la césarienne pour les femmes enceintes, une Guinée unie…
Je peine à percevoir dans vos paroles la sincérité, l’intention d’agir pleinement pour tous ces maux mais en première ligne, la justice de manière posée et constructive. Entre vos mains, la justice n’est qu’une fiche parmi toutes les autres.
Monsieur le président, force est de reconnaître sans démagogie que votre premier mandat nous a laissé des séquelles douloureuses.
67 jeunes militants de l’opposition ont été tués par des forces de l’ordre pendant des manifestations pacifiques, organisées par l’opposition guinéenne. A ce jour, aucune enquête sérieuse n’a été engagée et pourtant vous aviez promis la justice au vaillant peuple de Guinée.
Où en sommes-nous dans les enquêtes?
Depuis votre avènement à la tête de notre pays, plusieurs personnalités ont été lâchement assassinées par des hommes armés. Je vais citer entre autres, madame Boiro, M. Ghussein, M. Aliou Diaoune, M. Amadou Oury Diallo de la section motard de l’ufdg… Votre gouvernement avait promis avec un ton ferme, que les coupables allaient être très vite retrouvés et mis à la disposition de la justice guinéenne. Où en sommes-nous avec ces enquêtes monsieur le président?
Il faut avoir le courage de dire haut et fort qu’aujourd’hui, la protection de notre peuple par votre régime n’existe presque pas. Quand je prends un seul exemple; une famille qui se fait attaquer par des bandits lourdement armés, appelle en détresse les services de sécurité; notamment la police, la gendarmerie ou la BAC, ceux-ci répondent toujours qu’ils n’ont pas de carburant pour se déplacer. Où est la protection civile dans ce cas ? Où est l’assistance aux personnes en danger? M. le président Alpha Condé?
Je peine à percevoir dans vos paroles la sincérité, l’intention d’agir pleinement pour la réconciliation de manière posée et constructive. Entre vos mains, la réconciliation n’est qu’une fiche parmi toutes les autres.
Excellence monsieur le président de la République de Guinée, votre premier mandat s’est soldé par la division, l’exclusion d’une certaine catégorie de personnes, le régionalisme…
Le tissu social est fragilisé (la réconciliation nationale)
Monsieur le président de tous les guinéens, auparavant les populations vivaient en harmonie. Je me souviens par exemple, qu’entre les peuls et les malinkés, il existait une sorte de sanakouyah (les peuls appelaient les malinkés des maninkadjons et les malinkés aux peuls des fouladjons). Cela n’existe plus pourquoi ?
La question de l’unité nationale n’est pas un vain mot. C’est pourquoi on doit l’envisager avec sérénité mais sans complaisance aucune en vue de lui trouver au plus vite des remèdes. Les politiques de dosage sociaux, régionaux sectaires et stéréotypées doivent disparaître de votre registre de décideur qui ont découpée la Guinée en quatre entités ayant chacune sa part du partage des hautes fonctions de responsabilité.
Cela donne toujours une configuration épidermique aux nominations. Du coup crée des clivages et dessine sur la carte politique et démographique une Guinée inégale sur le plan des droits. Cette pente dangereuse sur laquelle on se trouve depuis des années et qui s’aggrave avec des politiques de marginalisation de cadres compétents victimes de leurs faciès ne fait que raviver les tensions et accentuer les clivages entre les uns et les autres.
Depuis votre arrivée à la tête de l’État, le tissu social s’est considérablement effrité et vous êtes nul des principaux artisans de cette situation.
Vous avez un plateau d’or durant votre deuxième mandature à endiguer à ce fléau. Sachez que vous êtes le président de tous les guinéens. Débarrassez-vous du manteau d’un leader de parti politique. Il y a aussi certains leaders des partis politiques qui excellent dans cette entreprise de division. Et de ce point de vue, vous n’êtes pas seul.
Il faut qu’on accepte de se parler et de se dire clairement les choses pour lever les préjugés et libérer les frustrations. Pour que chacun cesse de projeter sur l’autre un prisme déformant. Pour que chacun se sente comme un citoyen à part entière dans un pays multiethnique. Il y a beaucoup à faire pour que les guinéens s’acceptent dans leurs différences et cessent de se dresser des cloisons et ériger des barrières idéologiques contraignantes.
Cette ligne de démarcation entre les communautés ne pourrait être levée que lorsqu’on accepte d’appeler le chat par son nom, qu’on se départit de l’hypocrisie consistant à se murer derrière des apparences et des non dits en refusant de voir la réalité en face.
Monsieur le président, aujourd’hui, Dieu a fait que vous soyez celui qui détient les destinées de la Guinée! Alors, mettez-vous au dessus de la mêlée! Prenez tous les guinéens au même pied d’égalité, vous ne sortirez que grandi! Je vous suggère de tirer les leçons du passé et de vous remettre en question une fois encore sur ce point.
Je peine également à percevoir dans vos paroles la sincérité, l’intention d’agir pleinement sur l’emploi des jeunes.
La jeunesse guinéenne est perdue. Nous sommes face à une République qui a bradée les valeurs de l’Etat. La République semble se conformer à un danger que ces acteurs principaux ont construit pendant plus de cinquante ans, mettant ainsi en péril une jeunesse guinéenne sans repère positif, sans projet et qui se hue sur toutes les facilités comme un charognard. Il ne s’agit pas de toute la jeune guinéenne car il existe une autre catégorie méritante et en très petit nombre qui n’a aucune force sur laquelle s’appuyer.
Les jeunes et les femmes n’ont pas été associés comme vous l’aviez promis. Vous avez presque ignoré cette couche qui constitue l’avenir de notre nation. Vous avez plutôt préféré vous entourer de ceux là que vous appeliez auparavant, les pilleurs de la chose publique. Je vais parler des caciques du PUP. Tous vos ministres conseillers sont presque issus de ce régime et le changement tant chanté n’a pas vus le jour.
La santé le secteur le plus pourri
La santé: Cet autre secteur qui souffre d’un manque réel des matériels et des infrastructures appropriées pour faire face aux véritables problèmes de santé dont sont confrontées les pauvres populations.
La gratuité de la césarienne que vous aviez promise n’a jamais vu le jour car vous n’avez jamais mis les moyens à la disposition des médecins. Et Dieu seul sait, combien sont les familles qui ont été endeuillées par l’incompétence de nos médecins qui se plaignent par endroit du manque d’équipements. La plupart de ces médecins ont leurs propres cliniques où ils font des business. Détournant parfois même le matériel des hôpitaux pour en faire des sous.
Comment ces médecins peuvent adopter un tel comportement sans que vous n’agissiez? Un président de la République doit agir et sanctionner des coupables!
Un bilan mitigé !
Votre bilan reste mitigé! C’est pour cette raison que vous devez vous remettre en question pour avancer. Prenons l’exemple de quelques secteurs: Les travaux publics; toutes nos routes sont dégradées, c’est vrai que cela ne date pas d’aujourd’hui. Ce secteur souffre d’un manque de leadership et c’est depuis le temps colonial. Je vous prie de faire face à nos routes car un pays ne peut connaître le développement sans des infrastructures réelles. Vous savez l’importance des bonnes infrastructures dans un pays, car vous même, vous avez vécu la plupart de votre temps en France. Je vous suggère de vous débarrassez des démagogues qui vous entourent car ils ne font que vous induire dans des erreurs!
Un deuxième mandat; une occasion pour rectifier tous les tirs
Mettez à profit cette opportunité qui s’ouvre en vous, pour rectifier le tir. Trop d’espoir déçu Monsieur le président de tous les guinéens. Dès après la proclamation des résultats définitifs par la cour constitutionnelle confirmant votre victoire, vous avez dit que la nouvelle mandature sera la rupture avec le passé. La nomination des cadres compétents à la place des médiocres qui vous entourent est votre cheval de bataille.
C’est ce que le peuple attend de vous, car les guinéens ont trop souffert par la faute de la mauvaise gouvernance depuis 1958. Votre échec sera l’échec de tout le peuple de Guinée. Votre réussite en sera autant. Cultivez le pardon et la tolérance!
Ce changement doit commencer par une remise en cause de notre vécu qui se caractérise par un repli sur soi et se manifeste par l’illusion que nous sommes mieux comme ça alors que des problèmes réels restent posés sans solutions justes et cela dans tous les domaines: social, politique, économique, culturel.
Un pays où la diversité linguistique doit être une source de fierté et non un handicap. Où les richesses nationales ne profitent pas aux pauvres.
Ne vous laissez pas distraire par des individus putatifs qui vous entourent monsieur le président.
Des acquis pendant votre premier mandat
Parlant de vos acquis pendant ces cinq dernières années, force est de reconnaître que le barrage hydro électrique de Kaleta est un acquis considérable que vous avez offert au peuple de Guinée.
Vous avez réussi à ramener la Guinée sur la scène internationale à travers son retour à l’Union africaine, à la CEDEAO, a LONU… Vous aviez réussi à rendre stable la monnaie locale face celle étrangère, ce qui n’est plus le cas en ce moment. L’ouverture des MUFA est salutaire.
Monsieur le président, le peuple de Guinée vous observe.
Je vous remercie de votre attention.
Macka Balde depuis Paris (France)
email macka.balde@yahoo.fr