Censure

Pour le FMI, des « déviations dans la politique économique ont accru les tensions macro-économiques » en Guinée

Une mission du FMI conduite par M. Abdoul Aziz Wane a visité Conakry du 2 au 15 décembre 2015 afin de mener les discussions sur la sixième et septième revues du programme appuyé par un accord dans le cadre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC)1.

Le Conseil d’administration du FMI a approuvé cet accord pour la Guinée le 24 février 2012 pour un montant de 128,52 millions de DTS, soit environ 200 millions de dollars EU (voir Communiqué de presse No. 12/57).

À la conclusion de la mission, M. Wane a fait la déclaration suivante: «Les autorités guinéennes et les services du FMI ont conclu un accord ad referendum sur un ensemble de politiques qui, soumises à l’approbation de la direction générale et du Conseil d’administration du FMI, pourraient être appuyées par le septième décaissement sous l’accord de la FEC de 18.36 millions de DTS (environ 25.6 millions de dollars EU). Sur la base des mesures qui devraient être adoptées dans les prochaines semaines, la réunion du Conseil d’administration est prévue mi-mars 2016.

«La Guinée a été frappée par deux chocs négatifs majeurs, qui ont fait subir un lourd tribut à son économie et aux conditions de vie des ménages. Premièrement, depuis début 2014, la Guinée a combattu l’épidémie Ebola, qui a coûté des milliers de vies humaines et perturbé sévèrement l’activité économique. Deuxièmement, la Guinée a été affectée par la baisse des prix des matières premières, qui a conduit à une diminution de la production et des exportations d’or, des recettes en devises étrangères et des recettes publiques.

Au-delà de l’impact de ces chocs, des déviations dans la politique économique ont accru les tensions macro-économiques. Le déficit budgétaire a augmenté, sans assurance de financements adéquate, en raison de la mise en œuvre par le Gouvernement d’un important programme d’investissements dans les secteurs des routes, de l’électricité et de l’eau. L’accroissement soutenu des dépenses d’investissement a résulté en des pertes importantes de réserves internationales et en une augmentation de la prime entre le taux de change officiel et celui des bureaux de change. La plupart des critères de performance et des objectifs indicatifs de l’année 2015 au titre de l’arrangement FEC n’ont pas été atteints. Toutefois, étant donnée la faible croissance et le bas niveau des prix à la pompe début 2015, l’inflation a été maitrisée à 7,5 pour cent à fin novembre 2015.

«Les perspectives économiques se sont améliorées avec la fin proche de l’épidémie Ebola et l’organisation des élections présidentielles dans un climat apaisé. La croissance pourrait rebondir à près de 4 pour cent, reflétant l’activité toujours soutenue dans les secteurs de l’agriculture, de la bauxite et de l’électricité.

«Les autorités ont l’intention de resserrer les politiques économiques en 2016 pour réduire les déséquilibres macroéconomiques actuels, tout en protégeant les dépenses consacrées à la réduction de la pauvreté. Le déficit budgétaire sera limité à un montant qui peut être financé par des appuis budgétaires et des appuis projets extérieurs assurés, ainsi qu’un recours limité au financement intérieur, tout en évitant le recours à tout arriéré de paiement. La recapitalisation prévue de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) et le remboursement par le Trésor des avances de la banque centrale vont renforcer la capacité de la BCRG à conduire la politique monétaire.

La mission encourage les autorités à renforcer la transparence du programme d’investissement public. Elle a salué l’intention de la banque centrale d’interdire les garanties à des entités privées, ce qui renforcera sa crédibilité et accroîtra la confiance dans la monnaie guinéenne.

«L’équipe du FMI remercie les autorités pour leur hospitalité et des discussions constructives».

La mission a rencontré le Président de la République Alpha Condé, le ministre d’état, ministre de l’Économie et des Finances Mohamed Diaré, le gouverneur de la BCRG Louncény Nabé, le ministre du Plan Sékou Traoré, le ministre délégué au Budget Ansoumane Condé, ainsi que d’autres hauts responsables du gouvernement, l’association professionnelle des banques, les partenaires internationaux et de la société civile.

1 La FEC est le principal outil dont dispose le FMI pour apporter un soutien financier à moyen terme aux pays à faible revenu. Le taux d’intérêt des financements accordés au titre de la FEC est de zéro pour cent, avec un différé d’amortissement de cinq ans et demi et une échéance maximale de 10 ans.

Source : Fonds monétaire international

 

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