Jeudi 17 décembre 2015 à 16 h au Centre culturel franco-guinéen, j’assiste à une réunion de la commission préparatoire des 72 h du livre édition 2015 et de ‘’ Conakry, capitale mondiale 2017 ’’ événement culturel de grande envergure. Entre autres informations portées à la connaissance des participants, il est annoncé la dédicace pour samedi 19 décembre 2015 à 9h au Palais du peuple du livre ‘’ Dieu ou rien ‘’ de son Eminence le Cardinal Robert Sarah ; il est précisé que dix tonnes du volume vont être mises sur le marché guinéen.
Samedi matin je ne me fais pas prier pour prendre le chemin du Palais du peuple, motivé à bloc par ce que je sais du Cardinal Sarah. Un compatriote qui a fait feu et flammes en Guinée pendant qu’il était Archevêque de Conakry, ses prises de position courageuses face aux dérives du pouvoir sous Sékou Touré et sous Lansana Conté sont encore vivaces dans les mémoires de tous. J’arrive à 8h 20 et trouve un groupe restreint de fidèles chrétiennes habillées en ‘’ Sopi ‘’ pour la circonstance. En attendant l’heure du rendez-vous j’arpente l’esplanade du Palais, je suis offusqué par l’état de délabrement des parterres, les escaliers et les murs de l’édifice sont crasseux ; je fais un tour dans les toilettes, tout est dégueulasse. Je me dis, coléreux « Voilà que la Chine, un pays ami, nous a bâti depuis cinq décennies ce joyau architectural et nous sommes incapables d’en assurer l’entretien. Développement, un vain mot ! »
Mes réflexions me ramènent entre temps à l’événement du jour. « Est-ce que dix tonnes de volumes, me dis-je, ne sont pas trop pour un public guinéen réputé réfractaire à la lecture ? En tout cas nous Guinéens sommes friands de manifestations sportives, de danse ou de musique mais répugnons à franchir le seuil d’une bibliothèque. »
La dédicace débute à 10h 40, Justin Morel Junior sert de maître de cérémonie, il annonce le programme :
- Mot de bienvenue ; 2- Présentation de l’œuvre ; 3- Lecture de quelques extraits ; 4- Intervention du Cardinal ; 5- Questions des journalistes ; 6- Témoignages de quelques personnalités ; 7- Mot de la fin par le Cardinal.
Qu’est-ce que je retiens de cette cérémonie qui m’a paru haut en couleurs et pleine d’émotions ? Le message principal livré par l’auteur de ‘’ Dieu ou rien ‘’ appuyé par les commentaires sur le livre peut se résumer comme suit : Comment endiguer la vague de l’incroyance religieuse et du matérialisme effréné qui déferle sur le monde d’aujourd’hui ? L’homme seul pourrait-il surmonter les dangers de tous genres qui le guettent chaque jour sans recourir à Dieu son Créateur ? La réponse du Cardinal est sans équivoque, il faut ramener les hommes, tous les hommes à Dieu car c’est Dieu ou rien.
Ce message sera certainement perçu différemment selon qu’on est croyant ou athée. Pour nous les athées, il faut bien accepter et tolérer notre cohabitation, l’homme est son propre sauveur, l’homme est la solution de l’homme. Dieu n’est qu’une invention de l’esprit humain, il n’existe pas, par conséquent il ne peut intervenir de quelque manière que ce soit sur le cours de la vie, l’homme est seul maître à bord en bien ou en mal. Acceptons notre destin tel qu’il est, stoïquement. Dieu ou la multitude de dieux auxquels l’humanité croit ne sont que chimères, ils ne nous sont d’aucun recours.
Croyants ou athées, nous sommes condamnés à vivre ensemble et notre commun destin commande à chacun de nous un comportement que G. Le Bras, penseur français, énonce si éloquemment en ces termes : « Dans les milieux sociologiques, religieux, politiques de gauche ou de droite, partout abondent les hommes dont nous n’avons pas le droit de suspecter la bonne volonté, dont nous avons le devoir d’accepter, de rechercher l’amitié sincère. » Alors, respectueux Cardinal Sarah, avant que je lise votre livre, je vous lève mon chapeau pour votre contribution à la marche du monde.
Walaoulou BILIVOGUI