Depuis plus de trente ans, aucune réforme significative n’a été esquissée pour rénover les outils d’action diplomatique tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. A cet effet, l’organisation d’une Conférence diplomatique demeure nécessaire. Cette Conférence diplomatique dont les débats feront apparaitre la manière extrêmement chaotique dont notre pays gère actuellement ses relations extérieures, suscitera sans doute, des questions très importantes. En tout état de cause, elle apportera une réponse coordonnée à l’inertie dont notre diplomatie se trouve plongée actuellement. Elle permettra aussi de concevoir un plan de relance sur une base rénovatrice afin de permettre d’atténuer les répercussions de la crise que nous traversons. Le rôle principal de notre diplomatie est de faire en sorte que notre politique étrangère reflète authentiquement notre politique intérieure, nos valeurs et préserve les intérêts nationaux de notre pays afin de raffermir davantage nos relations bi et multilatérales. Il doit nous permettre d’accéder librement et équitablement aux échelons bilatéral, régional et mondial.
Ainsi donc, la volonté politique de la part du nouveau Gouvernement doit nécessairement se manifester afin de remettre de l’ordre dans ce département de souveraineté nationale.
Si cette Conférence avait lieu, la première grande question au centre des débats sera comment déconcentrer les responsabilités en vue de faire apparaitre les compétences et les faiblesses de nos diplomates. Là il me semble clair qu’une révision systématique de la politique de choix des cadres et les nominations aux postes de responsabilités soit inéluctable.
La deuxième grande question qui se pose à mon avis, est la manière dont les décisions en matière de relations extérieures seront désormais préparées et prises par le nouveau Gouvernement, et la manière dont les aspects relevant du département des affaires étrangères seront intégrés dans un contexte plus large des relation extérieures.
Je reste convaincu que les recommandations qui découleront de cette conférence diplomatique seront un test sans précédent de la capacité de nos diplomates à faire preuve de constance dans leurs approches et dans leurs recommandations. Si la restructuration organisationnelle survient après cette conférence, des modifications significatives de la politique guinéenne de coopération surviendront inévitablement. Cette réorientation éventuelle de notre politique étrangère ne se fera bien entendu pas en un seul jour, car il est fort probable qu’après une courte période, le débat politique s’intensifie, modifiant par la même les enjeux et les perspectives engendrés par cette conférence. Ce sera donc un moment crucial en termes de référence au niveau du département des affaires étrangères, et les changements opérationnels devraient s’accélérer rapidement malgré tout, car notre diplomatie qui fait face aujourd’hui à des nombreux défis doit procéder à une mobilisation accrue des compétences qui sera infiniment utile pour son avenir.
Cependant, une chose reste aussi claire, nous devons rompre avec la diplomatie dictatoriale. Le Chef du département, en tant que premier conseiller du Président de la République en matière diplomatique, doit avoir libre cours de veiller avec dextérité à l’unité de la défense des intérêts de l’Etat et de ses ressortissants à l’étranger ainsi qu’à la cohérence de ses activités diplomatiques. Il doit être le seul chargé de la mise en œuvre de la politique extérieure de la Nation ainsi que de la direction de l’action diplomatique et des relations internationales de l’Etat.
Notre diplomatie ne peut être efficiente sans une affectation des ressources suffisantes d’où la nécessité pour le Chef du département d’envisager la négociation d’un cadre budgétaire pour la période de cinq ans à venir. Cette mobilisation de ressources sous forme d’appuis budgétaires doit permettre au département de poursuivre ses réformes internes dont les objectifs attendus sont la réorientation de notre diplomatie et la redynamisation des capacités professionnelles de nos diplomates dont la plupart ne maitrisent même pas la Charte diplomatique guinéenne encore moins les traités et conventions dont notre pays est signataire.
Nouhou Amadou Diallo
Ancien Diplomate