PRISE DE RECUL
Il est bien de noter les réactions sur les réseaux sociaux. J’y vois une certaine crainte de « se mouiller », ou simplement des insultes sans autre argument.
Par ailleurs, en ce qui concerne votre analyse à vous, Monsieur Barry, vous avez bien expliqué pourquoi Bah Oury a selon vous mal agit, mais je reste un peu sur ma faim car je n’ai lu nulle part dans votre réponse les raisons concrètes qui expliquent pour quelle raison Cellou Dalein Diallo est irremplaçable.
Oui, Bah Oury a bel et bien créé une confusion au sein du parti, et je suis bien d’accord que les choses auraient pu se passer autrement. J’ai d’ailleurs nommé mon attente à cet égard le 24 janvier dernier dans mon article : « L’Union des Forces démocratiques de Guinée : L’heure de vérité » :
« Mais il lui faudra également garantir (ndlr : à Bah Oury) l’unité de son propre parti, ce qui reste un défi majeur car sans cette unité, difficile de proposer une Guinée forte aux citoyen-ne-s si demain elle venait à être dirigée par l’UFDG. L’enjeu de cimenter le parti est crucial pour maintenir la stabilité du pays et même, plus tard, celle de la sous-région ».
Sur ce plan, force est de constater que ce n’est pas dans une logique d’unité et de réconciliation que Bah Oury est rentré en Guinée…
Mais pour opposer une idée à une autre, il ne faut pas nécessairement opposer un homme à un autre. Au contraire, si j’en arrive à affirmer que Cellou Dalein Diallo doit prendre ses responsabilités, c’est parce que j’ai confronté l’homme avec ses propres contradictions. Pour qu’il reste en harmonie avec le « Projet de l’UFDG » il devrait peut être songer à modifier son contenu.
Quant à Bah Oury, son histoire lui appartient et il lui appartient tout autant d’assumer sa ligne de conduite envers l’UFDG. Il n’est pas le président de ce parti. En l’occurrence, c’est au parti ainsi qu’à son président, de faire valoir sa compétence à gérer une crise, d’où qu’elle vienne. Ici, la crise s’est appelée Bah Oury. Elle portera d’autres noms à l’avenir, elle aura d’autres causes, mais il y aura très certainement d’autres crises. Causeront-elles toutes des morts?
PRISE DE CONSCIENCE
Chaque camp s’est renvoyé la balle, accusant l’un d’avoir causé la mort de l’autre, pour que finalement, Cellou Dalein Diallo déclare sur Guinée Matin qu’il s’agit d’un « accident » (Voir: http://guineematin.com/actualites/politique/ufdg-pas-dassemblee-generale-ce-samedi/). Devons-nous sous-entendre qu’il faut dès lors laisser tomber la poussière avant de passer à autre chose? J’espère âprement que les responsables du meurtre gratuit de Feu Mohamed Diallo seront sévèrement punis. En attendant, le discours de l’UFDG aurait dû être un discours de responsabilité, et non pas un prétexte pour se dédouaner.
PRISE DE CONSCIENCE
Par ailleurs, nous sommes musulmans. Les morts ne regardent personne ici-bas. Dans leurs tombes, ils sont confrontés à des défis d’un autre ordre et nous savons lesquels, que Dieu leur fasse miséricorde, nous accorde Les Firdaous et nous préserve tous de Son châtiment… En attendant de rencontrer notre Créateur, je lance l’invitation solennelle à tous de veiller à la préservation de cette vie que Dieu a rendu sacrée et à la valoriser, plutôt qu’à valoriser des décès, des pertes veines. Oui, elles sont veines, car elles ne change rien. Les Guinéens ne sont pas de la chair à canon, leur sang n’est pas un argument politique!
Il faut prendre conscience de l’importance capitale de sortir de cette logique d’impunité, ou mourir « n’est pas si grave », où on accepte de banaliser une telle violence « en attendant que ça change ».
Un parti doit faire ses preuves avant d’accéder au pouvoir, et c’est pourquoi il serait pertinent de se demander combien de Guinéens peuvent affirmer que leur conditions de vie changent parce que Dalein Diallo est resté, ou parce que Bah Oury s’est énervé devant le siège du parti. Il s’agit là de simples querelles de clocher.
QUERELLES DE CLOCHER
Un esprit de clocher, c’est un attachement exclusif à son village, sa localité. Une querelle de clocher, c’est une expression qui illustre des petites jalousies mesquines, des luttes inutiles pour des motifs futiles comme par exemple, de lutter pour le fauteuil de président au lieu de lutter pour l’accès à l’eau potable pour ne citer que ce besoin primaire… Ce sont des luttes qui opposent des habitants de villes voisines, villages voisins, ou des groupes de personnes proches. Bref, c’est le cas UFDG. On en perd le Nord. On en oublie l’essentiel. On en oublie sa Guinée.
RENCONTRE AVEC LE RÉEL
Si Marine LePen a évincé son père, c’est parce que les partis politiques dominants, communément appelés « UMPS » exigeaient d’elle qu’elle dé-diabolise le Front National en se désolidarisant du discours de Jean-Marie LePen.
Elle s’est soumise à cette injonction en acceptant finalement de « tuer » son père afin de tâcher d’accéder au giron du pouvoir, au cercle politique « conventionnel ». En évoquant le cas FN, il faut aller jusqu’au bout : Bien que Marine LePen a évincé son père la veille des élections régionales pour accéder à sa dédiabolisation, elle a QUAND MÊME perdue! Et ceci parce que ces mêmes partis qui exigeaient la tête de son père en échange de leur bienveillance ont tout de même appelés à voter « tout sauf FN »! Bref, Jean-Marie LePen est « mort » pour rien. Voilà donc ce qu’est la politique politicienne. Par conséquent, évincer un poids lourd du parti ne semble pas lui avoir servi, à court comme à long terme. Le meilleur choix était celui de la gestion de crise, de l’union sacré, et c’était sa responsabilité à elle, en tant que cheffe de parti.
PASSER À L’ACTION
Il est temps de cesser ces disputes de clocher, ces joutes verbales voire même ces insultes à l’égard de qui n’est pas pour ou contre son favori. Il serait temps de quitter ces luttes de pouvoir inutiles pour enfin se concentrer sur ceux pour qui tous ces hommes sont supposés se battre. Pourquoi trouver normal de compter les cadavres, au lieu de chercher à changer dès maintenant le quotidien des Guinéen-ne-s? Il est bien beau de nommer l’adversaire suprême, à savoir Alpha Condé, mais à moins de faire usage du coup d’état traditionnel, il ne partira pas avant la fin de son mandat. Alors le véritable enjeu est de ne pas perdre de vue l’essentiel : les Guinéen-ne-s.
AGIR MAINTENANT
Vous prenez l’exemple du Front National, sachez qu’il y a des partis qui ont laissé les grands discours pour descendre dans les rues et organiser des distributions de nourriture aux habitants, offrir des logements à ceux que les banques avaient mis dehors, tout ceci dans un contexte de crise profonde. Il s’agit du parti Aube Dorée en Grèce accusé de manière très providentiel, suite à sa popularité croissante, d’être un parti d’extrême droite d’abord, puis d’être un parti nazi. Leurs dirigeants ont été emprisonnés, certains assassinés en pleine rue, et le parti a finalement été disloqué par le gouvernement en place. Voilà pourquoi il faut s’intéresser quand même à ce genre de parti à la marge, qui délaisse les grands discours pour leur préférer les actes. Pour ce cas-ci, Aube Dorée était suffisamment populaire auprès du peuple Grec pour être tué dans l’œuf. Parce que cette méthode fonctionne. Il serait intéressant que les partis africains agissent ainsi même s’il n’y a pas d’élections présidentielles en vue!
Il y a de quoi réfléchir…
Amadou Diarouga Diallo
Citoyen Guinéen