Depuis quelques années, notre compatriote, l’historien Pr Lansiné Kaba, est installé du côté de Doha (Qatar), où il enseigne à Carnegie Mellon University of Qatar (CMUQ). Cet éminent universitaire qui a longtemps enseigné dans les prestigieuses universités américaines, Chicago notamment, vient d’être honoré par l’université qatarie qui lui a décerné la chaire d’histoire (« an Endowed Chair in History »). C’est une première dans cette université affiliée et régie selon les mêmes principes que le célèbre campus de Pittsburgh en Pennsylvanie (USA).
La chaire représente la plus haute distinction qu’un professeur peut recevoir dans le système de l’enseignement supérieur des États-Unis. Elle place le bénéficiaire à un niveau différent des autres professeurs titulaires. Dans ce système reconnu pour sa performance, son excellence et ses moyens, c’est un grand honneur qui est accordé à celui-ci ; en reconnaissance de la qualité de ses travaux (recherche, publications…), ainsi que de l’excellence de son enseignement et des services rendus au grand public.
L’on sait que le professorat américain exige des productions de qualité dans maints domaines. Ainsi, selon le Pr Lansiné Kaba, «ce choix, qui n’est pas basé sur la concurrence, se fait dans la discrétion. Le comité reconnait ainsi ma contribution, entre autres, à l’histoire en général, africaine, islamique et américaine en particulier, ainsi que la distinction dans l’enseignement même… Ici sur le campus du Qatar, extension de celui de Pittsburgh, c’est la première fois qu’on décerne une chaire à un membre du corps enseignant. »
Les chaires ont joué un rôle très important dans l’histoire de l’enseignement supérieur moderne, notamment anglo-saxon. Elles ont ainsi grandement contribué à la renommée des universités américaines, anglaises, japonaises et allemandes. Le rôle du secteur privé y est le plus souvent déterminant, car c’est lui qui finance principalement le système dont la finalité est le développement et l’offre du savoir. D’où la richesse des universités américaines qui sont de véritables industries.
Les chaires sont nombreuses surtout dans les institutions privées. Le système a donné naissance à l’établissement de rapports exceptionnellement féconds entre le monde de l’industrie, des finances et des affaires et l’École. Car la chaire est financée par les fonds qu’une organisation met à la disposition de l’institution en son nom ou au nom d’une personne qu’elle veut honorer. La chaire porte ainsi le nom de cet organisme. C’est pourquoi le Pr Lansiné Kaba précise que « désormais, je suis tenu de signer mes correspondances académiques avec le nom de la chaire. »
Il ajoute que « le comité a salué aussi l’aise avec laquelle je navigue dans ces deux univers linguistiques et de civilisation (français et anglais) et pourquoi pas mandingue et guinéenne ».
Rappelons que le Pr Lansiné Kaba est l’un des plus grands historiens guinéens contemporains. Avec Djibril Tamsir Niane, Boubacar Barry et feu Ibrahima Baba Kaké, il a fortement contribué à la connaissance et à l’enseignement de l’histoire africaine. Agrégé d’histoire, il a enseigné pendant plus de trente ans aux USA. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire de l’islam en Afrique noire et particulièrement sur l’histoire de la ville musulmane de Kankan dont il est originaire. Il a aussi produit une importante œuvre sur la vie de l’érudit et saint homme Cheick Fantamady Chérif de Kankan. Son ouvrage sur « Le Non de la Guinée » fait de lui un des meilleurs spécialistes de cette période de l’histoire de la Guinée. Il a aussi donné de nombreuses conférences sur les problématiques liées au passé de la Guinée, notamment sur la réconciliation nationale.
Daouda Tamsir Niane pour guinee7.com