Censure

«Le syndicat n’a pas une autorité légale d’imposer au travailleur de ne pas travailler», indique un juriste

La grève lancée lundi dernier par les principales centrales syndicales du pays se poursuit tant bien que mal en Guinée. Dans de nombreux services, les syndicalistes obligent des travailleurs à fermer -c’est le cas, mardi, du port centenaire géré par Bolloré- ; des syndicalistes interdisent aussi à certains taximen de garer leurs véhicules. Devant des banques, une sorte de bras de fer s’engagé entre syndicalistes et autorités qui ouvrent avec force les portes. Mais n’y trouvent aucun travailleur. Les syndicalistes ont-ils le droit de fermer les services ? Les autorités administratives ont elles le droit de faire ouvrir les services ? Nous avons posé ces questions au téléphone au juriste Mamadi 3 Kaba.

Ses réponses : «Selon le nouveau code du travail, les travailleurs peuvent aller en grève même en l’absence du syndicat. Cependant les syndicalistes n’ont pas à forcer les travailleurs de ne pas travailler au motif qu’ils veulent la réussite de la grève. Il n’y a pas de défi de réussite à relever à ce niveau. Pendant la période de grève, il y a une interdiction à toute personne de s’opposer au libre exercice des activités professionnelles. Cela s’impose à tous. Qu’il soit syndicaliste ou autorité. C’est en cela que la grève devient un droit individuel et en même temps la liberté du travail. L’article 20 d’ailleurs évoque les deux. Le droit de grève est reconnu. Mais il ne doit pas être un obstacle à la liberté du travail. Les syndicalistes n’ont aucun droit d’empêcher ceux qui veulent aller travailler. Même le fait d’appeler les gens à rester à la maison, c’est déjà une pression morale. Même ça n’est pas normal. A plus forte raison empêcher physiquement. Aucune pression morale ou physique ne doit être exercée sur les travailleurs. On adhère volontairement à une grève. C’est ça la liberté du travail. Le syndicat n’a pas une autorité légale d’imposer au travailleur de ne pas travailler. Le faire, c’est faire obstruction à la liberté du travail. C’est aussi une violation de la part des autorités de forcer les gens à travailler. Par ailleurs, les travailleurs réquisitionnés  pour le service minimum ont l’obligation de le faire.»

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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