Le colonel Tamba Grabriel Diawara, directeur des Investigations judiciaires de la gendarmerie nationale (PM3), a dû allumer un contrefeu en réagissant aux graves accusations portées contre sa personne par le pool d’avocats mis en place par le parti de Cellou Dalein Diallo, qui dénonce le caractère partisan de l’enquête sur le meurtre du reporter Elhadj Mohamed Diallo, le 5 février dernier devant le siège de l’UFDG. Ainsi dans un entretien paru sur la toile, le colonel révèle que l’enquête est bouclée, et que ceux qui l’accusent ainsi que le général Ibrahima Baldé de parti pris dans la procédure judiciaire, seraient simplement de mauvaise foi, et agiraient pour des motivations pécuniaires.
Les avocats du principal parti d’opposition s’étaient durement attaqués samedi dernier à deux officiers de la gendarmerie, lors d’une conférence de presse, les accusant de manœuvres visant à violer la procédure d’enquête relative à l’assassinat du journaliste Mohamed Diallo. Ces avocats de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) avaient cité nommément le général Ibrahima Baldé, le Haut commandant de la gendarmerie et le colonel Gabriel Diawara de vouloir trouver le « coupable idéal » du meurtre du journaliste, parmi des proches de Cellou Dalein Diallo.
Me Paul Yomba KOUROUMA, l’un des avocats du parti avait ainsi parlé de «violation des règles les plus élémentaires en matière d’enquête, en privant les prévenus d’une assistance de leur avocat, soustrait des prévenus des avocats, et les a conduits au PM3.» Ces avocats ont trouvé une ligne d’attaque, pour défendre leur client, en surfant sur la politisation de l’affaire du meurtre du journaliste qui travaillait pour le site guinee7.com et le groupe l’Indépendant-le Démocrate.
Il n’en fallait pas plus pour que le colonel Diawara sorte de ses gongs, pour contrattaquer. Dans sa défense, l’officier déclare « qu’il y a eu mort d’homme. C’est une violation de la loi pénale. L’enquête a été ouverte, la brigade de recherche de Kipé gérait le dossier et par la suite, j’ai été appelé par le commandement pour diriger, chapeauter ou prendre la direction de l’enquête. C’est ce qui a été fait et les premières mesures ont été prises. Nous avons entendu les premiers éléments qui étaient les éléments que eux, ils appellent éléments de maintien d’ordre. Ce sont des éléments bénévoles, des éléments si vous voulez pris pour la circonstance, qui ne constituent pas la garde rapprochée d’Elhadj Cellou Dalein Diallo », a-t-il souligné.
Parlant des personnes interpellées, le colonel Tamba Gabriel avoue qu’il s’agit ‘’de gens qui étaient à côté chargés de sécuriser les lieux. On était obligé de les appeler pour qu’ils nous donnent leurs versions des faits. C’est ce qui a été fait. Et nous avons compris que cela n’était pas suffisant, et qu’il fallait aller sur le terrain pour aller procéder à la reconstitution des faits. On en a parlé au procureur qui a donné son avis et on était du même avis que les avocats. Ils étaient tous là, et tout s’est passé devant eux’’, a-t-il révélé.
Dans cet entretien accordé à mediaguinee.com, l’officier de gendarmerie déplore cependant que ‘’des gens s’accrochent aux problèmes d’argent et qu’ils racontent des mensonges. Je veux voir ces gens-là en face de moi et qu’ils me disent mon colonel, c’est ce qui s’est passé. La procédure a été respectée, eux-mêmes ont été respectés et satisfaits. Si aujourd’hui ils n’ont pas d’arguments, ils n’ont pas de preuves, aujourd’hui ils n’ont pas autres choses à faire sauf de se focaliser sur ma personne et sur la personne du Haut Commandant de la Gendarmerie qui n’est pas un membre de la commission, qui n’est pas le destinataire des procès-verbaux. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il y a eu une infraction et il y a une commission qui est chargée de faire l’enquête autour de ladite infraction et d’apporter les produits du travail au procureur. Ils disent que le dossier a été retiré des mains du Colonel Balla Samoura. Dans une situation, quand on n’a pas les éléments d’informations et d’explications, il faut poser des questions. Le Colonel Balla Samoura est le Commandant de la région de la Gendarmerie de Conakry. Il ne peut pas être un directeur d’enquête. Il ne peut pas piloter cette enquête. Sa fonction ne lui donne pas de piloter cette enquête’’, selon lui.
Dans son intervention, Tamba Gabriel a reconnu que «l’enquête est bouclée. Et qu’au lieu de se focaliser sur ma personne, ils n’ont qu’à aller à la justice. Qu’ils aillent devant le procureur et le juge d’instruction. Le juge d’instruction a eu le dossier par le biais d’un réquisitoire introductif d’instance. S’ils ont des preuves irréfutables, matérielles qui prouvent que j’ai violé la loi ou la procédure, ça les arrange. Ils n’ont qu’à brandir ces preuves devant le procureur et le juge d’instruction », a-t-il lancé.
A cette chaude empoignade entre robins et pandores, les journalistes assistent perplexes. Eux, qui ont décidé de se porter partie civile dans cette affaire de meurtre de leurs confrères. Ils n’ont cependant qu’un souhait, que la vérité soit dite dans ce dossier. Car à l’allure où vont les choses, le caractère politique qu’on veut faire revêtir au dossier, risque d’empiéter sur la bonne marche de la procédure, à en croire certains observateurs. C’est désormais clair que cette enquête marche sur des œufs, et cela est loin d’être rassurant.
Mamady Kéita in L’Indépendant, partenaire de guinee7.com