Censure

Quand un «journaliste septuagénaire» ramène le combat de l’UFDG à la lutte pour «l’émancipation» d’une communauté

Avec des militants engagés, l’UFDG est un parti qui s’est taillé une place de choix sur l’échiquier politique guinéen. Il est même devenu le principal parti de l’opposition dont les dirigeants ont souvent balayé les accusations visant à réduire le combat de leur formation politique en bataille pour une communauté. Ce n’est malheureusement pas le cas d’un certain doyen Bah Mamadou Lamine qui se fait une toute autre lecture des joutes politiques…

Bah Mamadou Lamine, c’est ce  vieux journaliste qui inonde tant qu’il le peut l’hebdomadaire satirique Le Lynx de ses idées « brillantes ». Cette semaine, il a allègrement  franchi le rubicon sous le  prétexte de faire sa fête à l’ex ou actuel numéro 2 de l’UFDG (c’est selon), Bah Oury pour ne pas le nommer, coupable aux yeux du doyen d’avoir souillé la « communauté ». Comme s’il voulait rendre service à Cellou Dalein Diallo (il se passerait bien d’un tel coup de pouce celui là !), le journaliste y va de ses convictions aussi effarantes qu’effrayantes. Morceaux choisis (BML Le Lynx N. 1246 du 29 février 2016 )…

« L’exil, c’est dur, c’est cruel, c’est une demi-mort. Mais cette soif du pays peut-elle justifier qu’il puisse livrer son parti et sa communauté à leur pire ennemi ? Ce serait pour le leader du RPG du pain béni s’il pouvait voir les Jeunes de l’Axe se diviser en pro Bah Oury et en pro Cellou et à se livrer une guerre sans merci. Déjà en 2013, les caciques du RPG avaient tout fait pour casser le Foutah en Roundémen et en Mandendjallonkés qui avaient mandat de casser du Peulh. Sans compter les FDS qui, à Bambéto-Cosa et autres GnaariWada, insultent, brutalisent et pillent la communauté au su et au vu du Gouvernement du Grimpeur. Qui n’a jamais sanctionné personne. Bien au contraire », a écrit le septuagénaire – c’est lui qui se qualifie ainsi – du Lynx.

Et le confrère de poursuivre, droit dans ses bottes et crinière au vent : « Cellou envoie les enfants manifester pacifiquement dans les rues. Comme le lui permet la Constitution. La rue n’est pas une boucherie, un mouroir. Sauf si le Gouverneur de Conakry, au lieu d’y envoyer des agents de maintien d’ordre appliquant les lois y afférentes, y envoie des tueurs, des pillards et des voleurs qui se plaisent à insulter la communauté peulhe. »

Et ce n’est pas tout, car notre doyen qui a profité de l’article pour raconter ses pérégrinations au Sénégal et en Côte d’Ivoire brocarde les agents de maintien d’ordre, ceux là qui, sous sa plume : « obéissent à des ordres. Et ce d’autant que dans les zones à majorité non peulhe, ils font un maintien d’ordre propre. Tout cela se fait avec la bénédiction du pouvoir en place. »

lynxEt BML, le « mercenaire du missionnaire » de conclure : « C’est ce pouvoir qui, depuis qu’il est là, cherche à détricoter le tissus social foutanien et briser l’UFDG que M. Oury vient de rallier».

Le moins que l’on puisse dire c’est que si le but de notre brillant analyste était de rendre service à l’UFDG et à son président, il a raté sa cible. Car présenté tel que le doyen BML le présente, on se demande bien comment Cellou Dalein Diallo va voir le bout du tunnel.

Si après des propos aussi hallucinants, quelqu’un cherchait à comprendre ce que BML présente naïvement comme ses « vérités » à lui, la cause est entendue. Car ce journaliste qui a débuté sa carrière en 1968 ne s’est pas seulement trompé d’époque. Il étale sa lecture bancale des luttes politiques dans un pays où le niveau d’éducation est extrêmement faible. Dans ce pays, et pour des raisons évidentes, la presse ne devrait jamais se perdre dans son rôle. BML a beau avoir ses petites convictions à lui, ses articles ne devraient pas s’écarter d’un minimum d’éthique.

Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

 

 

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