Censure

Gouvernance-Sidya-Bah Oury : Cellou Dalein jette un pavé dans la marre

Dans un entretien accordé à la radio Lynx Fm, jeudi dernier, le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, a dénoncé la malgouvernance dans laquelle le pays est plongé par le fait du président Alpha Condé. Il a dénoncé la corruption qui gangrène l’administration, avec des contrats gré à gré qui sont attribués à des « amis » du président, au grand dam du contribuable. Il a aussi déploré que Sidya Touré n’ait pas reconnu tous les sacrifices consentis par l’UFDG en sa faveur, notamment dans le cadre des dernières législatives, dans le cadre d’une alliance qui avait « marché. » Un véritable pavé lancé dans la marre du pouvoir et de M. Touré, dont nous vous offrons quelques extraits… 

Son regard sur la crise économique et sociale

« Il ya une crise globale qui a une dimension économique, une dimension sociale, une dimension politique. Je pense que la crise politique, on en parle peu.  Il ya une crise politique, une crise de légitimité des institutions. Vous avez suivi dans quelles conditions ont été  organisées les élections de 2010. Cette élection qui avait suscité beaucoup d’espoir. Malheureusement le second tour a eu lieu, vous le savez comme moi, quatre mois et demi après le premier tour. Après cette affaire d’empoisonnement, après cette affaire de chasse à l’homme organisée en haute Guinée qui a fortement affectée l’unité nationale et si bien que tout le monde pensait qu’une fois installé, le nouveau régime allait s’atteler à la réconciliation nationale, à identifier les responsables de ces crimes, et à les déférer devant les tribunaux. Mais au lieu de ça, la répression a continué pendant tout le mandat de M. Alpha Condé. Nous n’avons pas eu droit à bonne date, pour  les élections législatives, il a fallu marcher, manifester pour exiger que les élections se tiennent. C’est seulement trois ans après son avènement au pouvoir, nous avons pu obtenir l’organisation de ces élections  qui ont été aussi entachées d’irrégularités. Vous-mêmes vous savez que ce n’est pas une élection transparente qui a porté Alpha Condé au pouvoir.»

Du quiproquo qui entoure le chronogramme des communales

« Oui ! Je rappelle que les mandats des élus locaux sont échus depuis décembre 2010, quelques jours après l’installation de Alpha Condé comme président de la République. Mais vous savez dès qu’on dit à Alpha élection, il a peur parce qu’il n’a jamais gagné une élection. Il faut qu’il contrôle le fichier, qu’il contrôle la CENI, et qu’il mobilise l’administration territoriale, l’administration centrale pour essayer de s’organiser, pour se déclarer vainqueur. Vous voyez, les élections communales il a refusé de les organiser, alors que les pays à côté comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Niger, tout le monde à organiser ces élections locales, après les présidentielles. Ces présidents ont été installés après lui. On a protesté et lors du dialogue de 2013, lorsqu’il fallait aller aux élections législatives, nous avons demandé que les élections locales soient organisées et la CENI et les autorités se sont engagées à organiser ces élections locales avant le 31 mars 2014. Librement le document a été signé par Said Djinit, et par les participants à ces dialogues. Il a refusé que ces élections soient organisées. Lorsque nous nous sommes retrouvés en juillet 2014 pour faire la mise en œuvre de l’accord du 03 juillet 2013, on a constaté que les élections communales ne devaient être organisées à l’échéance prévue, la CENI a reconnu et s’est engagée devant le ministre de la Justice qui présidait cet accord,  à organiser ces élections locales avant la fin de l’année 2014. Rien n’a été fait. C’est seulement en fin février que la CENI s’est dite prête à organiser les élections communales que M. Alpha Condé a dit non ! Qu’il n’organise pas les communales avant la présidentielle. Et le 10 mars, au terme d’un atelier organisé à cet effet à Kindia, la CENI a annoncé qu’il ne lui était pas possible d’organiser les élections communales avant la présidentielle».

Concernant la crise sociale 

«Cette crise sociale est née du fait qu’il n’y a pas eu d’investissement, et donc il n’ya pas d’emploi, notre jeunesse est désœuvrée, les conditions de vie de la population se sont détériorées. Vous avez vu lorsque les syndiqués c’est environ 150 mille personnes ou 200 mille personnes. Mais lorsqu’il a été question de baisser, de demander, de revendiquer la baisse du prix du carburant, appliquer un accord signé par l’Etat, toute la population a soutenu parce qu’évidemment l’impact de la baisse du prix du carburant devait améliorer le pouvoir d’achat de toute la population dans la mesure où le prix des denrées de première nécessité devait pouvoir baisser. Si vous prenez le prix du sac de riz à Kankan ou à kérouané ; voyez la partie de transport, le coup du transport. Dans ce prix au consommateur, le transport  n’est pas négligeable, si le prix du carburant avait baissé naturellement le prix des denrées de première nécessité aurait également baissé et favorisé une certaine amélioration du pouvoir d’achat des gens».

De la crise au sein de l’opposition

« Dans cette question, il ya deux volets. Pendant que nous étions à l’opposition, il n’y a pas eu de crise entre Sidya et moi. On a essayé de mener ensemble le combat pour obtenir que les conditions d’une élection transparente soient réunies pour les législatives. On a mené le combat pour que la CENI soit restructurée. On a mené ensemble le combat pour obtenir les élections communales. Après les élections présidentielles, M. Sidya Touré a décidé de passer de l’autre côté. C’est son droit le plus légitime, mais pendant que nous luttions pour obtenir la tenue des élections législatives, la tenue des élections communales, la restructuration de la CENI, l’assainissement du fichier, je pense qu’il n’y avait pas de divergence de sa part entre nous.

Maintenant, vous voulez dire que l’opposition est responsable de la crise économique ?

Ecoutez ! C’est Alpha Condé qui dit «lorsque j’ai obtenu le point d’achèvement, ils ont mis les enfants dans la rue». Je n’ai pas pu travailler voilà, donner moi un nouveau mandat pour que je puisse travailler. Ecoutez  bien, lorsque nous sommes sortis de l’élection présidentielle, les partenaires techniques et financiers ont demandé à la Guinée d’organiser les élections législatives au mois de mars 2011. M. Alpha Condé a dit qu’on n’organise pas les élections et que les bailleurs de fonds doivent se méfier maintenant, il y a un président démocratiquement élu. Il a refusé de les organiser avec la complicité de tout le monde, les autorités de la transition, la CENI, il a pris le pouvoir présidentiel. Nous avons accepté, nous avons demandé la paix, le calme ; nous disions, organisons les élections législatives pour que nous aussi, on puisse aller à l’assemblée, il a dit non ! nous avons réclamé que les élections communales soient organisées. Il a refusé et il est allé chercher WAYMARK sans appels d’offres,  sans cahiers de charges, il lui dit fait un fichier je ne veux plus le fichier qui était là. D’ailleurs il n’appartient pas à la Guinée, vous vous souvenez, nous avons protesté, nous avons dit allons aux élections législatives maintenant pour qu’on finisse la transition, il a refusé.  Est-ce que nous avons le droit de manifester pour exiger que les élections soient organisées? Pour que l’opérateur technique soit recruté dans la transparence ? Nous avons accepté que les élections soient organisées avec la même CENI, le même fichier sans révision. Nous, l’opposition on a fait une réunion chez Sidya Touré, lorsque les partenaires techniques sont venus nous proposer ça, on a dit non ! On n’est pas d’accord, beaucoup était contre. Je me souviens c’est Sidya qui dit écoutez-moi je connais Alpha. Si on attend qu’il prenne le pays pour aller à des élections, il n’y aura plus des élections transparentes, si on attend qu’il nomme tous ses préfets, sous-préfets, qu’il commence de mettre en œuvre sa politique de contrôle systématique du pays et des consciences, il n’y aura plus d’élection. Donc on a décidé de marquer notre accord à la proposition faite par les partenaires techniques et financiers pour aller aux élections législatives. Est-ce que nous avions raison de manifester puisque la constitution nous en donne le droit pour exiger que ces élections se tiennent ? Donc il n’a qu’à dire qu’on a voulu saboter son mandat, nous avons des droits qui ont été violés, nous étions d’accord».

Des préalables pour la tenue des communales 

« Oui ! Vous savez que l’opposition s’est toujours battue pour des élections transparentes mais on ne l’a jamais obtenu parce qu’Alpha ne peut pas gagner une élection, il le sait. Il faut qu’il utilise l’administration, qu’il inféode la CENI, qu’il intimide les institutions, qu’il utilise les moyens de l’Etat et pour essayer de se faire proclamer vainqueur, ou de faire proclamer son parti vainqueur dans les élections. Nous avons besoin d’aller à des élections locales et transparentes, nous le voulons, nous le revendiquons, nous avons manifesté pour l’obtenir mais jusqu’à présent on ne l’obtient pas. Alors cette fois-ci nous avons dit qu’il ya deux dispositions de l’accord du 20 août. La première disposition c’était de l’engagement des autorités de la CENI d’organiser les élections locales avant le 30 juin. Il ya la deuxième disposition qui est à mon avis plus importante.  C’est la réforme de la CENI. Il a été demandé aux autorités et à l’assemblée nationale en particulier de revoir la loi sur la CENI dès après l’élection présidentielle de 2015, aujourd’hui. Aujourd’hui nous réclamons la réforme de la CENI, ne voyez pas tout en condition, nous sommes dans le cadre d’un dialogue qui a eu lieu et qui a engagé les autorités à procéder à un certain nombre de réformes. Nous revendiquons, nous demandons que les engagements pris lors de ce dialogue soient respectés.

Pour l’organisation des élections locales, je suis d’accord qu’il ya un certain nombre de préalable, il ya l’harmonisation des textes, vous savez un code de collectivité qui n’est pas en accord avec le code électoral. Naturellement, il ya un procès de code des collectivités, je prends le ministère de l’Administration du territoire qui a élaboré un projet de code des collectivités qui règle un certain nombre de problèmes, c’est-à dire que d’abord, vous l’avez évoqué, il ya le mode du scrutin dans les élections locales en ce qui concerne les districts. C’est un scrutin uninominal à un tour. En ce qui concerne les communes rurales et urbaines, c’est un scrutin à la proportionnelle à un tour, je pense qu’il ya une tendance à vouloir harmoniser le mode de scrutin pour que tout soit un scrutin de liste à la proportionnelle. Ce serait une bonne chose. Donc ce texte-là doit être adopté par l’assemblée nationale. Je pense que tout le monde est unanime sur le mode du scrutin. Il faut harmoniser en ce moment puisque dans la constitution le vote est secret, alors que le code des collectivités l’élection des districts, on vient s’aligner derrière le candidat de son choix mais si on passe au scrutin de liste à un tour, on va régler le problème, je pense qu’il faut le régler vraiment il faut mettre en place un cadre juridique et institutionnel des élections qui sont cohérents.

Voilà ce qui s’est passé à Kindia.

Lorsqu’ils sont arrivés à Kindia, il ya eu le débat sur l’ensemble des contraintes, il ya eu les découpages, la cartographie. Donc à un moment donné, on a eu le sentiment que la CENI voulait mettre en évidence qu’on ne peut pas réaliser toutes les opérations pendant la période qui reste à courir d’ici le 30 juin. Alors ils ont dit aux partis politiques de proposer une date. Les partis politiques ont dit non ! Ce n’est pas notre boulot, ce n’est pas notre rôle, ce qu’on va faire, essayons de faire un chronogramme à présenter au débat.  Un chronogramme c’est l’identification des actions à mener pour attribuer chaque action un délai et voir ce qui peut être fait ensemble et ceux qui peut être fait qu’après que l’autre action soit terminée. C’est en ce moment seulement qu’on peut mette en évidence à quel moment on pourrait tenir ça aussi ça dépendra au temps qu’on va donner à chaque action, parce qu’on ne peut pas dire que cette action on lui donne deux mois, mais un professionnel peut dire écoutez, on peut le faire en deux semaines. Donc il fallait d’abord faire le chronogramme c’est telle action et telle action. Est-ce telle action peut être faite au même temps que l’autre parce que si vous avez d’une action d’un mois, une action d’un mois, si les deux peuvent être faites en même temps, la durée c’est un mois. Si l’une des actions ne peut être faite qu’après l’autre soit achevée en ce moment vous avez deux mois. Donc il fallait mettre ça sur papier pour que les gens discutent pour savoir si on peut faire des économies dans le temps pour tenir l’engagement, l’échéance du 30 juin ce travail devait être fait pour la CENI. Ce travail a été fait par la CENI mais il n’a jamais été soumis aux partis politiques, c’est ça la nuance. Alors on dit que tous les partis sont d’accord sur le chronogramme les partis politiques n’ont pas vu le chronogramme. A Kindia, on a fait l’inventaire des actions à mener. Tout le monde avait tendance à dire que tout ne pas faisable mais il faut qu’on ait ces actions avec ces temps impartis à chacune des actions pour voir comment on peut faire des compression, le cas échéant ou si c’est impossible».

Ce que l’opposition reprocherait à la CENI 

« Oui, alors on dit que tous les partis politiques ont vu le chronogramme, aucun parti y compris le RPG n’a vu le chronogramme. On a identifié, on a fait état des actions qui méritent d’être menées. Ce qu’on a appelé les contraintes juridiques, techniques et opérationnelles tout ça mais pour conclure que c’était tenable ou pas tenable avant le 30 Juin, il fallait identifier les actions et définir le temps à impartir à chacune des actions pour voir qu’est ce qui peut être fait concomitamment et qu’est ce qui peut être fait seulement après qu’une action préalable ai été réalisé».

L’entêtement d’aller à une présidentielle « perdue d’avance » 

« Perdu d’avance, non ! C’est-à-dire on avait des handicaps, lorsqu’il ya eu le dialogue, le gouvernement s’est engagé à assurer la neutralité de l’administration, si l’administration ne s’était pas impliquée, si cet engagement avait été respecté, ça serait un atout majeur, si le jour du scrutin on réussissait à sécuriser malgré le handicap du fichier sans compter que le 20 août, le gouvernement et les autorités se sont engagés à assainir le fichier, ils ont refusé, ils ont dit finalement non ! On ne peut pas assainir le fichier ensuite la neutralité de l’administration. Le ministre de l’Administration  du territoire a diffusé une circulaire, invitant à tous les préfets et sous-préfets de s’abstenir à s’impliquer dans  le processus électoral. Mais dans beaucoup de cas le président avait appelé aux préfets si vous suivez le ministre de l’Administration tant pis. C’est des rumeurs qui ont circulé. Donc ça on n’a pas obtenu la neutralité de l’administration ; les ministres ressortissants, les préfets, les sous-préfets tout le monde s’est mobilisé. Nous on avait pensé, on a dit malgré le handicap du fichier, l’implication de l’administration, si l’opposition, l’UFDG particulièrement réussissait à sécuriser c’est-à dire que même si Alpha avait 100 pour cent de suffrage valablement exprimé en haute Guinée, s’il n’y a pas bourrage des urnes comme lors des législatives où on a dit qu’il y a 96 pour cent des participants.  Ça  n’existe dans aucun pays du monde. Jamais on ne peut avoir ça dans aucun pays du monde. Pour éviter des bourrages et dissuader la mouvance de frauder, on a formé des gens pour aller en haute Guinée, pour être présent dans le bureau de vote, ils ont été frappés, bastonnés et emprisonnés et chassés de la région si bien qu’on a pas pu contrôler même les assesseurs. Dans Kérouané, il n’y avait aucun assesseur de l’opposition. Ils ont été systématiquement refoulés. Et je dois dire c’est le moment de le rappeler à Banankoro où c’est un grand fief de l’UFDG. Ils ont organisé une chasse à l’homme exactement comme ils ont fait à Siguiri en 2010, ils ont incendié 11 concessions, calciné 104 motos et 3 véhicules. Et chassé tous ceux qui étaient supposés être militants de l’UFDG et vous savez le critère c’est quoi, c’est dommage il ya eu des gens qui ne sont pas encore retournés même notre secrétaire fédéral qui est autochtone de Banankoro M. Mara, il est là parce que les gens l’avait appelé pour dire que s’il doit voter UFDG, il doit aller au Fouta, ils l’ont chassé de là-bas.  Aujourd’hui il n’ose pas rentrer à Kerouané jusqu’à présent il est là. Et je vais vous dire quelque chose dans le cadre de ces élections, vous savez qu’on s’était mis d’accord que les délégations spéciales allaient être mises en place avant les scrutins. C’est moyennant ça qu’on a accepté de renoncer à notre revendication d’organiser les communales, avant mais ils ont refusé d’abord, ils ont dit qu’on ne peut pas mettre les délégations spéciales dans 342 communes, alors que les accords disaient dans toutes les communes à la lumière des résultats à la proportionnelle des législatives. Ils ont refusé mais sans dans les 128. Finalement où ils avaient accepté de mettre et que les délégations spéciales étaient mises en place par l’arrêté du ministre de l’Administration du territoire. Alpha a dit de ne pas les mettre en place avant la fin de l’élection présidentielle. Donc ils ne respectaient aucun accord ; la neutralité de l’administration, la mise en place des délégations, l’assainissement des fichiers évidemment malgré tout je vous jure pour l’UFDG si on avait pu faire un scrutin vraiment sincère, si on avait pu comme on avait envisagé sécuriser les suffrages, l’UFDG était capable de gagner ces élections. Malheureusement on n’a pas pu contrôler le vote en haute guinée et dans certaines circonscriptions électorales».

Une synthèse d’Alpha Amadou Diallo in L’Indépendant, partenaire de guinee7.com

 

 

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