La nomination du général Mathurin Bangoura au poste de gouverneur de Conakry, en remplacement du défunt Soriba Sorel Camara est l’objet de controverse au sein de l’opinion. C’est le moins qu’on puisse écrire, vu que certains observateurs déplorent qu’un tel choix soit porté sur un officier, ancien membre de la junte de Moussa Dadis Camara, inculpé dans le dossier relatif à l’enquête liée au massacre du 28 septembre.
La nomination de Mathurin Bangoura, un officier de gendarmerie, bien rodé dans les renseignements, pour avoir dirigé les RG, sous le règne de Lansana Conté pourrait être perçue comme une décision dictée par un impératif d’ordre sécuritaire. Surtout que la sous région est devenu un sanctuaire pour des jihadistes, qui ciblent dorénavant des cités africaines. Bamako, Ouagadougou et Grand Bassam, en ont fait les frais. Avec à la clé de nombreuses victimes. A cette allure, Conakry doit s’inquiéter, vu que l’Aqmi qui a revendiqué ces différentes attaques terroristes, a menacé de s’en prendre à tous les pays qui sont présents au sein de la Minusma. Le fait d’ailleurs que la nomination du nouveau gouverneur survienne le lendemain de l’attentat commis dans la station balnéaire de Bassam, en Côte d’Ivoire, ne serait pas fortuit. Et Mathurin Bangoura, dans sa réaction au lendemain de sa nomination comme gouverneur, a déclaré sur les antennes de la radio nationale, que la sécurisation de la capitale est le premier défi qu’il se fixe. A cela, il faut ajouter l’assainissement. Bien que perçu par certains citoyens de la capitale comme répondant au profil du gouverneur dont Conakry a besoin, d’autres pensent eux, que pour avoir été inculpé dans le cadre du massacre du 28 septembre, Mathurin devrait s’abstenir d’occuper toute fonction, en attendant l’issue du procès. C’est le cas du juriste Mohamed Camara, professeur dans les universités, qui tout en précisant « qu’être inculpé ne veut pas dire que l’on est coupable, a rappelé toutefois qu’en cas de procès, le poste devient instable et fragile. » Et également « qu’en termes de crédibilité du pays, cette nomination ne montre pas une réelle volonté de lutter contre l’impunité ou d’accélérer le pas pour que le procès ait lieu», a confié Mohamed Camara au micro de nos confrères du site guineenews.org.
Le juriste a ajouté dans son argumentaire que «si la promesse du ministre de la Justice se réalisait au point d’ouvrir le procès, le général Mathurin ne pourra pas continuer à garder le poste de gouverneur tout en comparaissant par exemple au niveau d’un procès. Donc, sur le plan juridique, il continue à conserver ses droits parce que tant qu’il n’est pas retenu dans les liens de la culpabilité à travers une décision qui est rendue en dernier ressort, on ne peut pas du tout l’en empêcher», a-t-il souligné.
Pour M. Camara, « cela contrarie d’ailleurs les propos des pouvoirs publics quand ils affirment leur volonté à lutter contre les exactions la violation manifeste des droits de l’homme. Sans compter que cela peut-être une sorte de décompte de la Guinée au niveau des organisations de défense des droits de l’homme qui tenaient coûte que coûte à ce qu’il y ait l’ouverture rapide du procès concernant ce dossier qui a endeuillé beaucoup de familles », a-t-il conclu.
Il faut rappeler que le général de brigade Mathurin Bangoura, a occupé les fonctions de ministre des Postes et télécommunications sous la junte militaire de Dadis Camara, puis celles de ministre de l’Urbanisme et de l’habitat d’Alpha Condé.
Parmi les prétendants au poste de gouverneur, son nom avait été cité, bien avant que ce décret présidentiel ne soit pris le lundi dernier.
Mamady Kéita in L’Indépendant, partenaire de guinee7.com