Dans cet entretien qu’il a accordé, le président du Bloc libéral (BL), Dr Faya Millimono, a assuré que malgré la menace du terrorisme dont la Guinée pourrait être l’objet, qu’il n’est pas nécessaire de céder à la panique. Il a mis cet entretien à profit pour inviter le chef de l’Etat, à prendre la question du terrorisme à bras le corps.
Pour la troisième fois consécutive, les terroristes viennent de frapper un pays de la sous-région. En tant qu’acteur de la vie politique guinéenne, quelle lecture faites à ce propos?
Dr Faya Millimono : Malheureusement notre pays n’est pas à l’abri et cela me fait beaucoup d’inquiétude pour le peuple de Guinée. Parce que le terrorisme est devenu un calvaire dont tout le monde devait se donner les mains pour éradiquer. Il ya eu des frappes au Mali, à deux reprises les soldats guinéens ont perdu la vie. C’est aussi, à cause de la manière dont les gouvernants de notre pays gèrent la question de la sécurité. On a frappé au Burkina Faso et tout récemment c’était en Côte D’Ivoire. Dans notre pays, des groupes de presse reçoivent des appels pour obtenir des indications précises quand à la menace qui pèse sur la Guinée. Je crois que pour tout gouvernement sérieux des dispositions devaient être prises pour contrer toute action terroriste sur notre territoire. Et puisque, j’en doute, j’ai du souci pour la population guinéenne, je ne crois pas aussi que nous devons céder à la panique. Nous devons redoubler notre vigilance, et chacun en ce qui le concerne doit faire en sorte qu’il n’y ait pas de psychose tout en protégeant le peuple de Guinée.
Vous venez de dire que vous avez peur pour la population. Mais à en croire certains observateurs les jihadistes recrutent des jeunes gens au sein de cette même population locale, afin de les retourner contre leur pays. En tant que président d’un parti politique, qu’avez-vous entrepris comme activité pour pallier à cet état de fait?
Tous les jeunes qui fréquentent le Bloc libéral, sont des jeunes patriotes, des jeunes conscients des enjeux et qui se battent pour non seulement la sécurité de chaque guinéen mais également pour la sécurité de notre territoire. En ce qui nous concerne, en tant que parti politique, nous faisons le travail de sensibilisation pour faire en sorte que ce ne soit pas par un militant ou un sympathisant du bloc libéral que le malheur peut arriver à notre pays. Donc je suis conscient quand à l’esprit patriotique de tous les jeunes qui fréquentent le Bloc libéral par ricochet tous les jeunes qui appartiennent à l’opposition de notre pays. Le problème est d’abord, un problème de gestion des outils dont dispose l’Etat pour protéger les Guinéens. Nous espérons que le gouvernement, le président de la République en tête est en train de prendre les dispositions pour éviter à la Guinée d’être victime d’un acte de terrorisme.
Vous parlez des dispositions, est-ce qu’avez-vous des pistes de solutions que vous pouvez suggérer dans ce sens au gouvernement pour freiner les velléités des terroristes ?
Nous savons que d’une manière générale les terroristes visent les intérêts Occidentaux. Vous comprenez bien que ce soit au Mali, c’est vrai qu’au Mali on a visé les soldats guinéens, c’est aussi parce qu’il ya une pauvre gestion de la question de terrorisme dans notre pays. Mais lorsque vous prenez le cas du Burkina Faso et celui de la Côte d’Ivoire, c’est souvent des intérêts occidentaux qui sont bien entendu visés, qui sont liés à nos intérêts. Parce que les Occidentaux qui viennent dans notre pays, ils viennent pour rechercher des opportunités de coopération avec notre pays. Donc dans notre pays comme ailleurs, nous devons être très vigilants, et veiller non seulement à protéger les intérêts de nos partenaires et cela par ricochet veiller à assurer la sécurité de chaque âme qui habite dans notre pays.
Certains estiment également que la population doit être très vigilante, notamment au niveau des transports, des barrages routiers. Qu’en dites-vous ?
Je dis tantôt que nous ne devrions pas céder à la panique et aussi faire un assaut sur les lois de la constitution de notre pays qui garantissent les droits aux Guinéens et à toutes les personnes qui habitent sur le territoire de notre pays. Il s’agit de mettre au travail des professionnels qui puissent veiller à ce qu’à tout instant la sécurité des gens soit assurée, on n’a pas besoin de céder à la panique.
Une dernière question, qui est celle liée à l’épidémie d’Ebola qui vient de refaire surface en forêt. Quelle est votre commentaire la dessus ?
Mon commentaire c’est d’abord interpeller le gouvernement pour ne pas procéder comme il a procédé pour la première fois, quand l’Ebola à attaquer notre pays.
Comment le gouvernement a-t-il procédé ?
Nous savons que si Ebola a tué près de 3 000 personnes, c’était aussi dû à la négligence de notre gouvernement. Il n’a pas pu prendre des mesures pour pouvoir contenir l’épidémie. Aujourd’hui, la menace est réelle, maintenant qu’on est arrivé à s’assurer qu’il ya effectivement un retour d’Ebola dans notre pays, à travers Koropara. Que des dispositions soient prises pour circonscrire l’épidémie et la contrôler dans le périmètre où elle s’est manifestée. Ça sera encore un autre manquement grave de la part des autorités de notre pays de faire en sorte que l’épidémie déborde les périmètres où on a constaté la maladie.
Propos recueillis par Richard TAMONE in Le Démocrate, partenaire de guinee7.com