Censure

L’opposition dans une logique de durcissement

Après les journées villes mortes organisées les 30 et 31 mars derniers, et qui continuent d’alimenter la chronique dans la cité, l’opposition s’est réunie au quartier général de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), pour tirer les leçons de ces actions de désobéissances civiles, et pour projeter d’autres manifestations. C’est ainsi que Cellou Dalein et ses pairs ont annoncé  le déroulement d’une marche des femmes de l’opposition le 12 avril prochain, pour exiger la libération de leurs militants incarcérés. Une action qui sera suivie  d’une ville morte, prévue elle, pour le 12 avril pour amener le gouvernement à  baisser le prix du carburant à la pompe.

L’opposition a décidé à l’issue de cette dernière plénière de suspendre sa participation au niveau de tous les démembrements jusqu’à à ce qu’elle soit rétablie dans ses droits.  Tout en annonçant qu’après les deux journées villes mortes organisées la semaine dernière, qu’elle ne comptait pas baisser les bras. C’est du moins ce que son porte-parole, Aboubacar Sylla a fait savoir à la presse. « Après avoir fait le bilan, l’état des lieux en ce qui concerne la réussite de ces deux villes mortes, nous avons décidé d’un autre programme de manifestation. Pour ce qui concerne d’abord les deux journées villes mortes, nous considérons que c’est une réussite totale. Donc après avoir tiré les conséquences de ces journées villes mortes, nous avons décidé d’organiser notre prochaine journée ville morte le jeudi 14 avril prochain c’est-à-dire jeudi en huit. Nous allons donc demander aux populations de Conakry de s’abstenir de toute activité ce jour, et de faire comme le 30 et 31 mars, dans le calme, de faire cette grève générale en restant à la maison », a déclaré Aboubacar Sylla.

Mais avant cette date, selon Aboubacar Sylla les femmes de l’opposition vont marcher le 12 avril pour protester contre la détention de leurs militants. « Toutes les femmes de l’opposition ont décidé d’organiser une marche pacifique qui aura lieu le mardi 12 avril sur un itinéraire qui est déjà défini en Ville, pour aboutir au ministère de la Justice. L’objectif étant de réclamer l’application de la loi, la libération de toutes les personnes qui sont indûment arrêtées et aujourd’hui qui ne font pas l’objet d’une sentence judiciaire mais surtout l’application des dispositions relatives, notamment aux poursuites judiciaires à l’encontre de tous les acteurs, de tous les auteurs, de tous les commanditaires des actes de violences et crimes qui ont été commis. Il s’agit d’un engagement du gouvernement, qui jusqu’à présent ne les honore pas », a t-il déploré. Quant aux démembrements de la CENI, l’opposition suspend sa participation dans  leur mise en place. « Dans plusieurs circonscriptions, on a suspendu l’installation des démembrements au motif qu’il faudrait que l’opposition accepte l’UFR dans ses rangs. Donc nous avons décidé  de suspendre pour le moment notre participation à tous les démembrements de la CENI jusqu’à ce que cette question de droit soit résolue, jusqu’à à ce qu’il soit convenu que l’opposition républicaine c’est sur ses quotas seulement que les partis de l’opposition vont être servis en sièges, et qu’il ne soit pas question pour un autre parti politique de venir occuper des sièges, alors que ces partis ne sont pas de la mouvance politique de l’opposition », a indiqué Aboubacar Sylla. L’autre question abordée par l’opposition au sortir de sa plénière, a porté sur  les propos  du président de l’UFR, qui a accusé l’opposition d’être ‘’une opposition armée.’’ Cellou Dalein Diallo a répondu que l’opposition est « armée de valeurs républicaines, armée de valeurs démocratiques, armée de volonté de changer la Guinée, pour qu’il y ait plus de démocratie, plus d’État de droit, plus de protection des droits humains», a-t-il conclu.

Bien des gens pensent aujourd’hui qu’à l’allure où vont les choses, l’opposition pourrait tendre vers une logique de durcissement. Et que cette posture ne pourrait qu’envenimer le rapport de force avec le pouvoir, qui fait la sourde oreille, face à toutes les revendications de l’opposition.

Amadou Sadjo Diallo in L’Indépendant, partenaire de guinee7.com

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