Le discours prononcĂ© par  Claude Kory Kondiano, prĂ©sident de lâAssemblĂ©e Nationale lors de la cĂ©rĂ©monie dâouverture de la Session des lois le mardi dernier continue de susciter lâindignation chez certains citoyens, y compris lâopposition, qui voit en lui, un « homme » au service de lâexĂ©cutif. Pour la simple raison, que le prĂ©sident de lâAssemblĂ©e a tancĂ© vertement cette opposition, quâil a rendue responsable des malheurs de la GuinĂ©e.
Dans sa sortie Ă lâoccasion de la cĂ©rĂ©monie dâouverture de la Session des lois, le mardi dernier, Claude Kory Kondiano nâa pas fait de cadeaux aux opposants. Ceux-ci ont Ă©tĂ© tancĂ©s par le prĂ©sident du parlement, qui les accusĂ©s dâavoir contribuĂ© Ă travers leurs manifestations, Ă la dĂ©gradation de nos finances. Des finances dont les voyants sont au rouge. Pourtant, a-t-il rappelĂ©, tout Ă©tait bien parti, avec un gouvernement qui avait rĂ©ussi Ă dĂ©crocher la timbale, quâest le PPTE. Par un respect rigoureux du Programme du Fonds. « Tous les engagements pris au titre du premier Programme signĂ© avec le Fonds monĂ©taire international ont Ă©tĂ© tenus, jusquâĂ ce que le pays ait pu accĂ©der au PPTE. Dâimportantes retombĂ©es positives qui devaient en rĂ©sulter, ont Ă©tĂ© empĂȘchĂ©es par certains dâentre nous, dont les manifestations violentes organisĂ©es Ă dessein ont mis lâĂ©conomie du pays Ă genoux », a dĂ©plorĂ© M. Kory Kondiano. Et le prĂ©sident de lâAssemblĂ©e de lancer en vĂ©ritable donneur de leçons que : « certains de nos compatriotes doivent quand mĂȘme comprendre que les sentiments qui les habitent, reposant sur la diabolisation de lâautre, sur le mensonge sur lâautre, sur la haine vis-Ă -vis de lâautre, quâon cherche au besoin Ă faire disparaĂźtre parce quâon le soupçonne dâĂȘtre contre nos intĂ©rĂȘts, devraient disparaĂźtre. Parce quâils sont Ă la base de nos misĂšres et de cet important retard dont souffre notre pays que la politique Ă©conomique actuelle cherche Ă combler», a-t-il soulignĂ©.
Prenant le soin de se dĂ©douaner en disant : « je ne vise personne. Je ne fais pas de la politique politicienne, jâessaye de toucher les rĂ©alitĂ©s que nous vivons dans notre pays», sâest-il dĂ©fendu.
Le prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nâa toutefois pas manquĂ© de prĂ©venir son auditoire que les faits quâil dĂ©nonce, seraient prĂ©judiciables Ă notre pays. « Quâils sachent que dans un tel environnement dĂ©lĂ©tĂšre, il est impossible de se mettre ensemble pour travailler sĂ©rieusement dans le but de dĂ©velopper le pays. Toutes choses qui  sont susceptibles de pousser un jour Ă une confrontation impitoyable quâaucun GuinĂ©en qui aime son pays, ne souhaite», a-t-il prĂ©venu.
Cette sortie du prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale a provoquĂ© une vague dâindignation chez lâopposition, qui sâest sentie visĂ©e par les propos de Claude Kory Kondiano.
Le chef de file de cette opposition, Cellou Dalein Diallo, visiblement amer face Ă ce quâil venait dâentendre, en ce premier jour de la rentrĂ©e parlementaire, a confiĂ© ses sentiments Ă la presse.
«Je suis dessus dâabord de constater que le prĂ©sident de lâAssemblĂ©e explique lâĂ©chec du Programme appuyĂ© par la FacilitĂ© Ă©largie du PIRN (Programme IntĂ©rimaire de Redressement National) par Ebola. Il faut rappeler que la 5Ăšme Revue du programme a Ă©tĂ© conclue Ă la suite de la communication des donnĂ©es erronĂ©es par le gouvernement guinĂ©en. Et lorsquâon sâest rendu compte que les informations Ă partir desquelles la mission du Fonds avait conclu positivement la 5Ăšme  revue, naturellement le Fonds a interpellĂ© le gouvernement pour une communication des donnĂ©es erronĂ©es », a rappelĂ© Dalein.
Lâopposant a pour ce qui est de 6Ăšme et 7Ăšme  revue donnĂ© les raisons qui ont fait quâelles nâont pas Ă©tĂ© concluantes. «Pourquoi ces critĂšres nâont pas Ă©tĂ© atteints. Câest en raison de la prolifĂ©ration des marchĂ©s de grĂ© Ă grĂ©, et pour lâexĂ©cution desquels, les garanties de la Banque centrale avaient Ă©tĂ© sollicitĂ©es par le ministĂšre de lâEconomie et des finances », a indiquĂ© le prĂ©sident de lâUFDG.
Il a estimĂ© dans sa communication que  « les garanties de la BCRG ont Ă©tĂ© sollicitĂ©es et obtenues en violation flagrante des engagements pris dans le cadre du Programme. Mais Ă©galement dans le cadre des statuts de la Banque centrale. Donc, câest la mauvaise gouvernance qui est Ă lâorigine des dĂ©rapages qui ont empĂȘchĂ© le gouvernement de respecter les critĂšres du Programme appuyĂ© par la FacilitĂ© Ă©largie du PIRN», a soulignĂ© Cellou Dalein Diallo.
Qui a dĂ©plorĂ© que la transparence nâentoure jamais les actes posĂ©s par la gouvernance actuelle. « Lorsque je vois le prĂ©sident de lâAssemblĂ©e expliquer cet Ă©chec simplement par Ebola, alors que le gouvernement a dĂ» Ă©crire une lettre et reconnaĂźtre avoir communiquĂ© des informations fausses au Fonds monĂ©taire et prĂ©senter des excuses. Ces excuses ont Ă©tĂ© acceptĂ©es par le Conseil dâadministration en raison du contexte marquĂ© par lâĂ©mergence des jihadistes dans toute la sous-rĂ©gion et dans le souci dâĂ©viter de punir la GuinĂ©e dans un contexte de pauvretĂ© accrue. Donc, ça ce nâĂ©tait pas honnĂȘte, il faut quâon apprenne dans ce pays Ă dire la vĂ©ritĂ©. Lorsquâil y a eu des problĂšmes, il faut les assumer. ReconnaĂźtre ce quâon a dĂ©jĂ fait devant les institutions», a conseillĂ© Dalein.
A noter que  Claude Kory Kondiano est aussi accusé de vouloir jouer le jeu du pouvoir, en recommandant le découplage des élections communales et  locales.
Un stratagĂšme qui aurait pour but de pouvoir nommer les chefs de quartiers et de districts, qui seront ainsi Ă la solde du pouvoir en place. Comme cela a toujours Ă©tĂ© en GuinĂ©e. Quand on sait que ces gens jouent un rĂŽle dĂ©terminant dans le dĂ©roulement des scrutins Ă©lectoraux, il y a de quoi craindre pour lâavenir de notre jeune dĂ©mocratie.
Aliou Sow in LâIndĂ©pendant, partenaire de guinee7.com