Censure

Paysage politique : Les deux péchés capitaux de l’UFR

L’Union des Forces Républicaines (UFR) est la troisième force politique de la Guinée. Ceci se vérifie régulièrement à travers les scores obtenus par ce parti dans les élections ces dernières années. Et comme l’ambition légitime de tout parti politique est de conquérir et exercer le pouvoir, l’UFR s’attèle constamment à trouver la meilleure stratégie pour arriver à ses fins. C’est dans la recherche de cette stratégie que l’UFR a péché par deux fois, ce qui plombe lourdement à chaque fois sa démarche.

Tout a commencé en 2010  par l’alliance qu’elle a signée avec l’Union des forces démocratiques de Guinée(UFDG) pour aller au deuxième tour de la présidentielle. Cette alliance, on le sait, lui a coûté la désapprobation de nombre de ses militants, notamment ceux des fiefs de la Basse côte et de la Guinée forestière. Ceci s’explique, dit-on, par l’appréhension qu’ont beaucoup de Guinéens vis-à-vis des « peuls  taxés de racistes », l’ethnostratégie aidant.  Ces derniers constituent en effet le gros de l’électorat de l’UFDG.

Après la présidentielle de 2015, voilà l’UFR qui rompt son appartenance à l’opposition républicaine pour répondre à l’appel du président Alpha Condé, qui lui demande de travailler avec lui et la mouvance. Le parti obtient alors deux postes au sommet de l’Etat, celui de Haut Représentant du chef de l’Etat et celui de ministre de l’Elevage. A la surprise générale, la mouvance présidentielle rejette les représentants de l’UFR lors de la mise en place des démembrements de la CENI, l’opposition républicaine  pour sa part refuge catégoriquement toute collaboration avec l’UFR qui l’a quittée.

A ce jour, sans se l’avouer, l’UFR est sur le carreau. Elle a une  position politique confuse aux yeux de ses militants et de l’opinion nationale .Elle a commis deux péchés capitaux qui sont de s’allier tour à tour aux deux partis majoritaires du pays (UFDG et RPG), jugés tous deux  à tort ou à raison de « partis extrémistes et ethnocentristes». La meilleure chose à faire serait de rester à équidistance de ces deux bords politiques qui sont depuis toujours des adversaires irréductibles. Une troisième voie qui correspond mieux à son projet de société est de rassembler tous les fils et filles de Guinée dans un parti libéral et transversal. Il faut bien un jour que l’UFR tire les leçons de ses mauvaises aventures et reparte sur de nouveaux pieds. Un adage ne dit-il pas que tomber n’est pas grave, c’est de rester par terre qui est condamnable ?

O.TIERO in L’Indépendant, partenaire de guinee7.com

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