Au moment où tous les pays sous-développés s’empressent pour atteindre les OMD, un pays qui ne s’endette pas n’a sans doute pas cette ambition universelle. S’endetter pourquoi si on n’a aucun projet tangible et crédible ? C’est pour cette raison notre pays dispose d’une économique morose et non évolutive. Pourquoi donc s’en réjouir lorsque l’on sait que les mauvais choix des programmes de développement ont dangereusement plongé notre tissu social dans une situation d’extrême paupérisation ainsi que notre économie dans une situation de récession et de lente agonie.
Rappelez-vous mes chers compatriotes, cela fait aujourd’hui, un peu plus de cinq ans, que le Chef de l’État Alpha Condé préside aux destinées de notre pays. Vous êtes nombreux à avoir déchanté, car de jour en jour, la Guinée s’enfonce inexorablement dans l’abîme politique, économique et social sans que le régime ne semble s’en soucier. Mais, plus grave et plus inadmissible, le Président de la République Alpha Condé et son clan soutiennent bec et ongle que la Guinée est en bonne voie, qu’il n’y a pas de crise politique et économique en Guinée. Comment pouvait–il en être autrement, quand l’on sait, que les piliers fondamentaux sur lesquels repose le régime du Président Alpha Condé sont le mensonge et le banditisme au plus haut sommet de l’Etat, avec leurs corolaires de basses et indignes mœurs politiques, devenues sa marque de fabrique.
Le Président de la République et ses inconditionnels présentent la situation ainsi créée comme une source de vitalité de notre démocratie. Cette myopie politique de nos gouvernants doit nous interpeller tous, car avec un tel manque de vision et de telles pratiques, la paix sociale, l’état de droit, la démocratie et la République sont réellement en danger en Guinée.
Les diatribes, j’allais dire les pamphlets du Chef de l’État lui-même, ainsi que ceux des services de sécurité notamment de la justice, auxquels vous assistez, médusés et stupéfiés, illustrent bien l’esprit malsain qui anime le Chef de l’État ainsi que certains membres de son équipe gouvernementale.
Au lieu de s’atteler à la réalisation de ce qu’il a annoncé comme étant son programme politique pour le bonheur de nos vaillantes populations, Monsieur Alpha Condé s’investit plutôt, au vu et au su de tout le monde, à poser, ou faire poser, ou inspirer, des actes qui sont prohibés par les Lois et Règlements en vigueur, créant ainsi des situations de prédominance de conflits sociaux, de conflits politiques et de conflits institutionnels inutiles.
Sur le plan politique
En Guinée, on est en voie de galvauder l’idéal démocratique et républicain au point que la politique est perçue comme un exercice de malveillance, de vilénies et de mensonges.
Je vous invite donc à faire le constat avec moi, en relevant que tous les partis de l’opposition politique connaissent aujourd’hui des soubresauts internes créés et entretenus par le Président Alpha Condé, en violation de la constitution, des lois et règlements de la république, y compris à l’ Assemblée nationale où certains députés revendiquent leur appartenance à la fois aux groupes parlementaires de l’Opposition et à ceux de la Majorité. Une chose inédite dans l’évolution politique de notre pays depuis l’avènement de la démocratie.
Aujourd’hui, le syndrome de la division des partis politiques est soutenu, moins par des convictions liées à la pertinence ou aux résultats de l’action gouvernementale, que par une action de corruption à outrance et tous azimuts.
Dans l’Administration, c’est le chantage consistant à proposer aux fonctionnaires et autres agents de l’Etat, la nomination à un poste de responsabilité contre leur adhésion au parti du Chef de l’État. Et si vous n’êtes pas de la Mouvance Présidentielle vous ne pouvez faire aboutir un dossier au sein de l’Administration sans passer par le jeu de la corruption. C’est ainsi que notre administration s’est retrouvée complétement dépouillée de ressources humaines expérimentées et compétentes, du seul fait de leur exclusion politique par la majorité présidentielle, parce que suspectées d’être d’opinion politique proche de l’opposition. Une telle attitude dans la gestion du pouvoir de la part du Gouvernement, doit interpeler l’ensemble des forces démocratiques et républicaines. Se taire et ne pas agir face à cette dérive dictatoriale, est un acte de complicité tacite et une fuite de responsabilité.
Une telle pratique est vigoureusement condamnée par la Constitution et la Loi portant classification et modalités de nomination aux hautes fonctions de l’État qui définit les postes dont le mode d’accès est politique et ceux considérés comme techniques.
Cette situation n’est sans doute pas étrangère à la léthargie et à l’inefficacité, ainsi qu’aux mauvaises performances de notre Administration, constamment décriées par les Guinéens, de même que par nos partenaires au développement, et décriées d’ailleurs, sans vergogne, par les tenants du pouvoir eux-mêmes.
Aussi, avec certains opérateurs économiques, on adhère au parti d’Alpha Condé en échange de marchés publics irréguliers de gré à gré et manifestement frauduleux; avec d’autres, l’adhésion est acceptée contre classement sans suite, de dossiers judiciaires relatifs, la plupart du temps à des violences politiques et autres détournements de deniers publics.
Le Chef de l’Etat Alpha Condé, en parrainant personnellement la division, en entretenant le clanisme, le clivage et l’esprit haineux au sein de l’ensemble du corps social guinéen, et de certaines Institutions de l’Etat jadis réputées républicaines et apolitiques, en violation flagrante de certaines dispositions de notre loi fondamentale, de la Charte des partis politiques et des Statuts de l’opposition, il apparait clairement qu’il ne peut plus incarner l’unité nationale.
Notre pays, la Guinée, ne mérite pas ce sort dans lequel l’a délibérément plongé le pouvoir boulimique du Président Alpha Condé. Il est donc temps, grand temps d’extirper le mal, en disant non à la tentative de confiscation de la souveraineté du Peuple par ce Président qui puise sa source d’inspiration dans la violation quasi-permanente des lois et règlements de la République et le banditisme au plus haut sommet de l’État.
Mes Chers Compatriote, nous sommes tous interpelés, afin que face à ce péril majeur pour notre pays, la République, l’État de Droit et la Démocratie puissent triompher.
Que Dieu bénisse la Guinée et son Peuple !
Nouhou Badiar Diallo