La démocratie est fondée sur la nécessité d’une alternance au pouvoir. Cette alternance permet de prévenir la confiscation du pouvoir d’Etat, qui pourrait être exercé ad vitam eternam, par un Président de la République en fonction, avec toutes les conséquences néfastes pour le développement et la paix sociale du pays.
C’est pourquoi, la constitution Guinéenne a prévue cette alternance, par la limitation du nombre de mandat du Président de la république à 5 ans renouvelable une seule fois.
Cette limitation de mandat présidentiel constitue, à n’en point douter, un vrai rempart contre la tentation de s’éterniser au pouvoir.
Mais, contre toute attente, et à la surprise générale, C’est le professeur Alpha CONDE, qui au cours de sa dernière conférence de presse a volontairement entretenu le flou sur sa volonté de briguer un troisième mandat contrairement à la constitution de notre pays.
Prenant en compte cette déclaration de celui qui a été l’opposant historique de la Guinée, je suis persuadé que la jeunesse Guinéenne, meurtrie par la situation actuelle du pays caractérisée par une gestion calamiteuse, ne restera pas sans réaction sur la volonté de professeur Alpha CONDE à caresser, par mimétisme, l’idée d’être rééligible indéfiniment à la magistrature suprême de la Guinée.
Lorsqu’on pousse plus loin la réflexion, on s’aperçoit que les propos du professeur Alpha CONDE traduisent le mépris du peuple souverain au nom duquel il parle curieusement.
Rien n’est moins sûr. Et pour cause. Connaissant son intention et son désir de demeurer au pouvoir, il n’est pas sûr que le respect de la Constitution puisse vraiment le préoccuper. Il nous a confortés d’ailleurs dans notre opinion à ce sujet lors de sa dernière conférence de presse.
Cependant, cette prétention du professeur Alpha CONDE m’amène à poser un certain nombre de questions aux principaux leaders politiques qui ont accepté de l’accompagner dans le cadre de son 2e et dernier mandat constitutionnel. Notamment le ministre d’Etat Dr Ibrahima Kassory FOFANA, Président du GPT et le haut représentant du chef de l’Etat Monsieur Sidya TOURE, Président de l’UFR.
Messieurs les Présidents de GPT, UFR,
- Accepterez-vous d’accompagner le professeur Alpha CONDE dans cette manœuvre dilatoire au mépris de la constitution de notre pays ?
- Etes vous surpris ou pas de cette intention du professeur Alpha CONDE ?
- Pensez vous que vous avez eu raison de quitter l’opposition avec motif de privilégier, le développement et la paix sociale dans le pays au regard des manifestations de rue à répétition comparativement à la volonté du professeur Alpha CONDE de s’éterniser au pouvoir ?
- Ne pensez vous pas que la volonté du Professeur Alpha CONDE de briguer un 3e mandat est une réelle menace pour la paix sociale en Guinée ?
- Quel est à votre avis le choix du peuple à ce jour ?
La réponse à ces questions éclairera sans doute, le peuple de Guinée, sur votre degré d’attachement à la démocratie et la préservation de la paix sociale dans notre pays. Ainsi, ce peuple qui a tend souffert saura certainement se reconnaitre en vous dans le cadre de l’impérieuse nécessité de renouveler la classe politique Guinéenne à l’horizon 2020.
Aussi, après plus de 6 ans d’exercice du pouvoir à la tête de la Guinée, le moment est venu pour les responsables, militants et sympathisants du RPG ARC EN CIEL de s’inscrire en lettre d’or dans les anales de l’histoire de notre pays. Il s’agira pour eux comme de vrais démocrates, de se désolidariser publiquement et par voie de presse, de cette volonté du professeur Alpha CONDE qui est de nature à asphyxier la consolidation de notre jeune démocratie.
En s’agrippant au pouvoir, au mépris de la constitution, ce sera la preuve que le Professeur Alpha CONDE abhorre l’alternance démocratique au pouvoir de son vivant contradictoirement à sa volonté d’être le Mandela de Guinée avec son fameux slogan « GUINEE IS BACK ».
En démocratie, aucun dirigeant, fut-il Président de la République, n’est irremplaçable ou tellement exceptionnel ou même prétendument providentiel pour qu’il se croit permis de s’accrocher au pouvoir, par le truchement d’un tripatouillage constitutionnel ou d’un changement inopportun et injustifié de Constitution à des fins personnelles et de confiscation du pouvoir.
Pour terminer, il convient de préciser, au Professeur Alpha CONDE, que la limitation des mandats présidentiels est une exigence démocratique. Elle contribue aussi à pacifier le climat politique dans le pays. S’il tient vraiment à la paix dans le pays comme il ne cesse de le faire croire par ses discours, il n’aura pas d’autre choix que de s’en aller calmement, à moins de choisir d’être chassé et de sortir par la petite fenêtre et poursuivi tant par la justice nationale qu’internationale pour les divers commis.
Le Professeur Alpha CONDE devrait bien méditer la pensée d’un sage chinois qui disait, et je cite : « qui s’accroche au pouvoir s’épuise.»
Almamy Sékou SOUMAH,
Président du Cercle de réflexion AGIR POUR LA GUINEE