Ce vendredi, au ministère des Mines, le Premier ministre, Mamady Youla, a officiellement lancé « l’initiative pour le développement minier responsable ».
A l’occasion, le ministre des Mines et de la Géologie, Abdoulaye Magassouba, a rappelé dans un discours que « la Guinée possède un important potentiel minier qui constitue une opportunité de développement pour le pays. Ce potentiel minier crée une attractivité pour les investissements directs étrangers ».
Population, société minière, gouvernement, à chacun ses exigences
« Ainsi, ajoute-t-il, dans sa Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SRP), le Gouvernement fait du secteur minier un secteur porteur de croissance. Il contribue pour près de 15% en moyenne au produit intérieur brut et constitue un des principaux secteurs pourvoyeurs d’emplois ».
Non sans rappeler que le secteur des mines, «malgré une crise mondiale sans précédent marquée par une chute drastique des matières premières, demeure la source de fortes attentes de toutes les parties prenantes».
Et le ministre Magassouba de dresser un constat : «Durant la dernière décennie, les populations des contrées impactées par l’exploitation minière ont des exigences de plus en plus grandes, en échange de l’occupation et de l’exploitation des ressources dont la nature a doté le pays.
En dépit d’une conjoncture internationale défavorable, les sociétés minières, les investisseurs miniers exigent eux aussi, plus de rentabilité, plus de garantie, plus de stabilité pour une activité à haute intensité capitalistique.
Le Gouvernement, pour sa part, souhaite également obtenir plus de revenus et d’emplois pour la population, pour catalyser le développement économique et social intégral de la nation. »
‘‘Des points de vue différents de la part de l’Etat et des sociétés minières’’
Le ministre rappelle qu’en « Guinée, comme dans de nombreux pays dotés des ressources minières, il existe parfois des points de vue différents de la part de l’Etat et des sociétés minières sur l’importance et l’étendue des droits des communautés locales lors de l’exploitation minière industrielle. Les populations locales peuvent se sentir abandonnées, avec peu d’informations sur l’activité minière et de pouvoir réagir alors que leur condition de vie est déjà précaire».
« Les rôles et les responsabilités des sociétés minières et de l’Etat sont parfois mal compris et interprétés », juge le ministre.
Alors quoi faire ?
Abdoulaye Magassouba face à cette réalité, rappelle que « le Gouvernement a entrepris depuis l’élection, en 2010, du Président de la République, le Pr Alpha Condé, des réformes courageuses, pour améliorer les relations entre les différentes parties prenantes ».
« Dans l’optique de la mise en œuvre de ces réformes et pour concilier les attentes des uns et des autres, le Ministère des Mines et de la Géologie, sur la base des orientations du Chef de l’Etat, et des directives du Premier Ministre, Chef du gouvernement, envisage d’organiser au cours du mois de novembre 2016, une Table ronde sur l’Initiative pour un Développement Minier Responsable, afin de favoriser un dialogue franc et ouvert entre l’ensemble des acteurs du secteur minier », précise-t-il.
Le défi à relever
Pour le ministre des Mines, «le défi majeur qui interpelle l’ensemble des acteurs du secteur minier est de s’assurer un profit partagé de l’activité minière, d’éviter autant que possible les conflits, d’atténuer les impacts négatifs de l’exploitation minière et d’avoir une meilleure définition des rôles et des responsabilités de l’ensemble des parties prenantes ».
Réussir des objectifs de l’Etat et réduire les risques et coûts pour les sociétés minières
« De ce fait, ajoute le ministre, un cadre clairement compris par tous les acteurs du secteur est souhaitable non seulement pour le bénéfice des populations locales, mais aussi pour la redevabilité des entreprises et de l’Etat. Ceci vise à assurer que l’exploitation minière apporte des bénéfices et contribue à améliorer les conditions de vie des guinéens d’aujourd’hui et préparer l’avenir des générations futures. Ce cadre de compréhension vise également la réussite des objectifs de l’Etat pour un développement durable, tout en réduisant les risques et coûts pour les sociétés minières ».
Une feuille de route
Avant l’organisation de la table ronde nationale pour ‘‘le développement minier responsable’’ en novembre prochain, le Comité de pilotage de l’organisation de cette Table ronde et les Partenaires Techniques et Financiers du ministère des Mines, ont tracé une feuille de route qui se décline comme suit:
-Une consultation préliminaire des acteurs du secteur minier qui s’est déroulée en Septembre 2015 ;
-Le lancement officiel en ce jour du 3 Juin 2016 de l’Initiative pour un Développement Minier Responsable, afin de favoriser un dialogue franc et ouvert entre l’ensemble des acteurs ;
-Un sondage auprès des parties prenantes de juin à septembre 2016, visant à de tester les perceptions et les attentes des parties prenantes vis-à-vis du secteur minier ;
-L’organisation d’ateliers thématiques de juin à octobre 2016 ; et enfin
- La Table ronde en novembre 2016.
Plusieurs thématiques ont été identifiées comme essentielles au dialogue sur l’initiative de développement minier en Guinée. Ce sont :
- Le cadre législatif et règlementaire ;
- Les infrastructures minières ;
- Les mines et le développement communautaire ;
- La problématique de l’artisanat minier en Guinée ;
- L’impact du secteur minier sur l’économie nationale.
Après tout, le ministre Magassouba espère qu’une « vision partagée sera scellée entre les communautés, les sociétés minières et l’Etat qui favorisera une coexistence harmonieuse et apaisée dans l’intérêt bien compris de tous ».
Ce n’est pas tout. « Le Gouvernement s’inspirera des résultats obtenus pour alimenter sa stratégie de développement du secteur minier, assortie d’un plan d’action pour sa réalisation », conclut Abdoulaye Magassouba.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com