Lors de son passage devant l’Assemblée nationale, le ministre des Transports, Oyé Guilavogui, a surpris plus d’un devant l’étendue de son ignorance des réalités de son département. Tenez, selon lui, la Sogeac (Société de gestion de l’aéroport de Conakry) est une société étrangère. Manifestement, le ministre ignore que le capital de la Sogeac est détenu à 51% par l’Etat guinéen, les autres parts revenant à la Chambre de commerce de Bordeaux et aux Aéroports de Paris. Mieux, le Président du Conseil d’administration de la Sogeac, le directeur général et son adjoint sont tous Guinéens. D’où vient-il alors que le ministre affirme que la Sogeac est une société étrangère ? Et ce n’est pas tout, étalant son ignorance devant les élus du peuple, monsieur Guilavogui déclare que le contrat de la Sogeac avec l’Etat guinéen est signé pour 99 ans. Une autre ignorance, puisque la convention de concession liant l’Etat à l’entreprise est de cinq ans, le dernier renouvellement remontant à 2013. Cette convention finira donc en 2018.
Venons en maintenant au cas Air France. Devant l’Assemblée nationale, il promet d’en finir avec le monopole d’Air France. Mais de quel monopole parle le ministre Oyé ? Il n’y en a pas. C’est un accord aérien qui lie la Guinée et la France et chaque pays peut désigner une compagnie locale pour exploiter ses droits de trafic. C’est ce qui fait qu’Air France assure la desserte de la Guinée. Rien n’interdit à notre pays de choisir une compagnie de droit guinéen pour exploiter la relation Conakry-Paris, comme le font plusieurs pays, l’Algérie, le Sénégal dernièrement, le Maroc, la Tunisie, etc.
Tout porte à croire que ce ministre qui veut lancer une compagnie aérienne en cinq mois n’a pas consulté ses services techniques avant de passer devant le Parlement. Justement, comme il promet de réveiller Air Guinée, espérons qu’il a pensé au passif de cette société. A moins qu’il ne parle d’une autre compagnie nationale comme Air Guinée. Dans tous les cas, à l’Agence de la navigation aérienne, personne n’est au courant de ce projet de création d’une compagnie aérienne en cinq mois. Sacré Oyé Guillavogui, c’est ça aussi les ministres guinéens.
Aboubacar Touré pour guinee7.com