Au cours d’une réunion plénière qui s’est déroulée le lundi dernier au quartier général de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo et ses pairs ont déploré le manque de dialogue et l’attitude partisane des autorités judiciaires dans les dossiers concernant l’opposition. Ils ont aussi déploré les violences survenus la semaine dernière à Mali, préfecture de la Moyenne Guinée. Tout en réitérant leur menace de reprendre les manifestations de rue, dès après le mois de ramadan.
Selon Aboubacar Sylla, l’opposition est mise à l’écart du processus électoral, malgré son rôle prépondérant sur l’échiquier politique guinéen. « Nous déplorons particulièrement le fait que l’opposition républicaine est tenue totalement dans l’ignorance du déroulement de ce processus. Aujourd’hui aucun contact, aucune concertation n’existe entre l’opposition, le pouvoir, la mouvance et la CENI. Nous sommes dans l’ignorance totale de la façon dont le processus est mené. Alors que nous sommes au courant que le chronogramme de la CENI est en train d’être déroulé. Donc à l’insu de l’opposition. Nous avons également déploré le fait que la question de démembrements de la CENI n’ait pas encore trouvé de solution. Nous avons introduit une procédure judiciaire. Malheureusement la justice se déclare incompétente pour juger ce problème », a regretté le porte-parole de l’opposition, avant de rappeler les griefs que les opposants ont contre le pouvoir.
« Nous avons en effet, nous de l’opposition, à travers notre groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale introduit deux propositions de lois concernant la CENI. L’amendement de la loi 16 portant composition, organisation et fonctionnement de la CENI et l’autre concernant l’amendement du code électoral dont toutes les parties s’accordent à reconnaître l’incohérence et le manque d’harmonie notamment avec la constitution. Mais la mouvance présidentielle s’est opposée catégoriquement à ce que ce texte soit inscrit à l’ordre du jour de la session des lois actuelles de l’Assemblée Nationale », a indiqué Sylla. Parlant des dossiers judiciaires dans lesquels l’opposition est partie prenante, particulièrement l’UFDG, l’opposition par la voix de son porte-parole a déploré le manque d’indépendance de la justice guinéenne dans le dossier manifestation des femmes de l’opposition.
« Le gouverneur de la ville a été appelé à comparaître devant les juridictions ainsi que quelques officiers de police qui ont empêché cette manifestation des femmes. Il se trouve que ce procès va de report à report. Dans l’affaire Mohamed Koula Diallo, malgré le non-lieu prononcé par le juge d’instruction, le procureur de la République a interjeté appel et refuse la libération des personnes. Tout ceci nous avons déploré que la justice guinéenne ne soit pas à la hauteur des enjeux démocratiques », a déploré à nouveau Aboubacar Sylla. L’autre sujet débattu par les opposants, fut la session des lois qui se tient actuellement à l’hémicycle. Pour l’honorable Aboubacar Sylla, cette troisième législature est la plus mauvaise que les deux premières que la Guinée a connues.
« Depuis que nous avons connu cette expérience parlementaire dans ce pays, jamais on a eu un parlement aussi peu indépendant, qui a été composé d’une mouvance présidentielle aussi soumise à l’exécutif », a-t-il reconnu. Quant aux violences survenues dans la préfecture de Mali Yemberin, l’opposition a condamné fermement ces actes de violences et a exigé une poursuite judiciaire contre les responsables des violences.
« Nous condamnons fermement cette situation de non-droit qui s’est créée dans cette préfecture du fait du laxisme du régime. Nous tenons à ce que les responsables de cette situation catastrophique soient poursuivis. Il est important que la justice militaire fasse la preuve de son indépendance et de son patriotisme », a souhaité Aboubacar Sylla. L’opposition compte engager aussi des procédures contre le Chef de l’Etat, comme l’a fait savoir son porte-parole. « Nous allons engager tant que possible des démarches au niveau de l’Assemblée Nationale, pour engager des procédures selon la constitution qui vont permettre de mettre en accusation le président de la République », a révélé l’opposant.
A la sortie de cette rencontre, l’opposition a réitéré sa détermination à reprendre ses manifestations de rue dès le lendemain du mois de Ramadan. Il faut signaler que Papa Koly Kourouma et Alhousseiny Makanera étaient présents, en tant qu’observateurs lors de cette plénière.
Ces propos du porte-parole de l’opposition prouvent encore une fois que le pouvoir et l’opposition ne sont pas sur la même longueur d’onde.
Sadjo Diallo