Censure

Plainte de Ansoumane Guiter contre le gouvernement: Damantang Albert met le point sur le i

Ansoumane Guiter Kaba pour le compte du CNPG (Conseil National du Patronat de Guinée) a porté plainte contre le gouvernement guinéen près de l’OIE (Organisation Internationale des Employeurs) qui a remonté la plainte au BIT (Bureau International du Travail). Pour davantage d’informations, nous avons joint, M. Damantang Albert Camara, ministre de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle. Interview.  

Guinee7.com : Le CNPG a porté plainte contre le gouvernement guinéen au BIT qu’en est-il ?

Damatang Albert Camara: Effectivement, comme d’habitude un des partenaires sociaux est mécontent de la composition de la délégation tripartite. Comme d’habitude, certains pensent qu’ils ont une légitimité institutionnelle, permanente et intangible à représenter soit les travailleurs, soit les employeurs. Cette fois le CNPG a déposé une plainte en prétendant en gros qu’il est la seule organisation patronale représentative et reconnue au niveau international.

Vous auriez donné des réponses au BIT, qu’est-ce que vous leur avez dit ?

Nous avons effectivement donné au BIT les explications qu’il demandait. A savoir si le processus de désignation des représentants des employeurs avait respecté les critères du BIT. Nous avons étayé ces explications par les documents qui étaient disponibles à ce moment (pendant la réunion de Genève, NDLR). Malheureusement, nous n’avions pas sur place la lettre du CNPG (signée par celui qui, à l’époque, en était le président) qui indiquait bien que la composition de la délégation s’était faite après consultation des trois organisations patronales.

Ce qu’il faut aussi savoir c’est qu’au moment où nous composions la délégation pour le BIT, c’est Sékou Cissé qui était Président du CNPG alors que la plainte a été déposée par M. Kaba Ansoumane.

Quelle est la réaction du BIT après votre réponse ?

Comme à l’accoutumée, le BIT nous a demandés de veiller scrupuleusement à ce que la désignation des membres des délégations se fasse de manière consensuelle.

C’est bien ce que nous avions fait pourtant. J’avais personnellement appelé Hadja Gnouma Traoré (CPEG, Ndlr), Sékou Cissé (CNPG, Ndlr) et Ismaël Keita (PAG, Ndlr), pour qu’ils s’entendent sur la composition de la délégation en tenant compte des résultats de l’évaluation qui avait été effectuée. Malheureusement, nous n’étions pas en possession de leurs réponses écrites au moment où nous étions interpellés par le BIT.

Ceci étant, ce n’est pas ça l’important puisqu’il n’y a pas eu de conséquences juridiques à cette plainte. Ce qui est dommage c ‘est l’esprit qui sous-tend ces plaintes.

Cette démarche du CNPG ne change rien à la donne en Guinée. Le BIT est certes embarrassé par cette situation mais le dossier est tel qu’il ne peut pas faire plus que de renouveler ses appels à la concertation.

Toujours est-il que c’est la délégation (avec sa composante « Employeurs » telle que transmise par notre département qui a participé aux travaux de la 105ème session. L’année prochaine nous prendrons encore plus de soin afin que, formellement, ceux qui veulent contester la composition (car cela arrivera encore inéluctablement) soient confondus à leur propres contradictions.

Quels commentaires faites-vous de la démarche du CNPG ?

Quand vous lisez les arguments contenus dans la plainte du CNPG vous n’en revenez pas des incohérences et des inexactitudes qui y figurent. Dans son désir de faire condamner la Guinée, ce patronat est allé jusqu’à ressortir une correspondance de l’ancienne ministre de la Fonction publique et du Travail (Hadja Fatoumata Baldé. Ndlr) signée il y a plus de trois ans et qui n’a rien à voir avec la situation actuelle ! Le CNPG est allé dire au BIT que la Justice s’est immiscée dans ses affaires, alors que c’est le CNPG lui-même qui a saisi le Tribunal.

La plainte prétend également que les critères d’évaluation ont été imposés aux patronats alors que ces critères ont été arrêtés par une commission tripartite dans laquelle le CNPG avait six représentants pendant que les deux autres patronats n’en avaient que deux chacun !

Une autre preuve de mauvaise foi est de prétendre que le temps imparti était trop court pour que les entreprises se préparent à l’évaluation de leur représentativité. Il se trouve que tous les patronats étaient prêts à l’évaluation à part le CNPG. La commission de préparation de l’évaluation a accepté par deux fois de prolonger le délai sur demande de ce même CNPG !

Une chose reste claire : nous continuerons à respecter les directives du BIT pour désigner l’organisation patronale la plus représentative de Guinée. La délégation qui devra aller à la Conférence Internationale du Travail ou à tout autre événement prenant en compte le patronat le plus représentatif sera toujours composée en fonction de cette évaluation. Le CNPG représente aujourd’hui 3,34% des employeurs de Guinée et la prochaine évaluation aura lieu en 2017. Le CNPG a le choix entre faire le siège des instances internationales pour qu’elles imposent à la Guinée de le déclarer organisation patronale la plus représentative de Guinée ou inviter ses adhérents à se régulariser administrativement, notamment en déclarant leurs travailleurs à la CNSS.

Interview de Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com

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