L’ambassadeur de la République française en Guinée, Bertrand Cochery, quitte notre pays pour le Congo Brazzaville, où il est affecté pour le même poste. Cet homme, il est de notoriété publique, a tissé de très fortes relations en Guinée, où il a intégré la très hermétique confrérie des chasseurs de Baro (donzos), au sein de laquelle il a même obtenu le titre de simbo, maitre-chasseur.
Sur le plan politique, Bertrand, avec l’ancien ambassadeur des USA, Alexander Laskaris, un autre ami de la Guinée, a fait tout son possible pour que la Guinée ne sombre pas dans la violence post-électorale. On se rappelle encore de son fameux coup de fil mettant Cellou Dalein face à ses responsabilités, au lendemain de la dernière présidentielle. Ce dernier avait d’ailleurs pris cet appel pour des injonctions d’impérialiste et s’en était offusqué, mais le diplomate français a tenu bon en étant ferme dans ses propos.
Lui savait pertinemment que la communauté internationale, vu les relations séculaires entre son pays et la Guinée, allait lui demander des comptes, si jamais le pays basculait dans la violence. Un pays qui en plus, est devenu comme une seconde patrie pour lui, où il a noué de fortes amitiés. Rappelons qu’il en était à son deuxième séjour en Guinée, puisqu’il y avait été des années auparavant premier secrétaire de l’ambassade de France.
Avec lui, l’Occident (en général) a mis la pression sur le leader de l’opposition guinéenne qui ne cessait de tenir des propos va-t-en-guerre. Et celui-là se trouva alors dans l’obligation de revoir sa copie. Et vint la paix !
Après une mission de quatre années et demie, Bertrand quitte donc la Guinée, mais comme le président Alpha Condé l’a dit lors du diner qu’il lui a offert pour son départ, au palais Sékoutoureyah, le samedi 9 juillet dernier, ‘‘il demeure dorénavant un ambassadeur pour la Guinée qu’il aura à cœur de défendre partout où il sera’’.
L’on ne saurait passer sous silence les nombreuses réalisations de Bertrand Cochery en Guinée, notamment son action et sa forte implication pendant les deux années de la crise sanitaire Ebola. La France a été au premier rang des pays qui ont soutenu la Guinée (équipes médicales, équipements et infrastructures sanitaires, laboratoire de recherche et d’analyses biomédicales, vivres…). Cet appui a été marqué par la visite qu’a effectuée en Guinée le président François Hollande, en décembre 2014. Au plan économique, l’appui de la France a aussi été déterminant pour l’obtention du PPTE par la Guinée pendant ces années de la mission de Cochery. Les opérateurs économiques français ont densifié leur présence en Guinée, dans des secteurs aussi diversifiés que les mines, l’industrie et les transports (port, aéroport).
Bertrand Cochery quitte donc la Guinée avec le sentiment d’avoir accompli une grande mission : celle de redonner une chance à la coopération France/Guinée, après de longs moments de doute. Et pour cette raison, son nom sera sans nul doute gravé au marqueur sur le frontispice de l’histoire des relations entre les deux pays.
C’est donc un ami qui part et que les Guinéens garderont à coup sûr dans leurs cœurs.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com