Le consultant sportif Thierno Saïdou Diakité revient dans cet entretien accordé à votre semainier, sur certains sujets qui font la Une de l’actualité sportive. Il s’agit notamment de « la non qualification du Syli national à la CAN de 2017 au Gabon, du choix du nouveau sélectionneur de l’équipe nationale, du championnat national local. » Mais également du projet portant sur l’organisation de la CAN 2023 par la Guinée.
Comment expliquez-vous l’élimination de notre équipe nationale de la course pour les qualifications à la Coupe d’Afrique des Nations ?
Thierno Saidou Diakité : Les causes étaient connues depuis le recrutement de Luis Fernandez. On était certain qu’il serait difficile pour nous de nous qualifier en dépit du fait que nous étions dans une poule relativement facile. Parce que le Malawi, le Swaziland, le Zimbabwe, ce ne sont pas des foudres de guerre. Si l’on prend comme critère de comparaison, de palmarès au niveau du classement FIFA, la Guinée était mieux classée que ces trois pays. Qui malheureusement nous ont damé le pion. Donc c’était prévisible notre élimination pour la CAN 2017. Pour les observateurs avertis du football guinéen, ce n’est nullement une surprise. C’est peut être les novices qui sont surpris. Toutes les conditions étaient réunies pour qu’on ne puisse pas aller en 2017 au Gabon.
Pour certains observateurs, la même situation risquerait de se reproduire pour les éliminatoires de la Coupe du monde. Qu’en dites-vous?
La question est pertinente et elle est d’actualité. Parce que figurez-vous le comité de normalisation procède actuellement au recrutement d’un nouvel entraîneur. Sur 43 candidats, une présélection de 15 a été établie. Et il y a quelques jours, la liste définitive de 5 postulants a été rendue publique.
Peut-on savoir l’identité de ces 5 postulants ?
Il y a notre compatriote Mohamed Kanfory Lappé Bangoura, il y a Bernard Simondi qui était là en 2001; Gernote Roy qui a entraîné à un moment le Gabon et le Burkina Faso; il y a Paul Prus et il y a l’ex directeur technique du football ivoirien, je ne retiens pas son nom c’est un français. Donc le 13 juillet prochain, ces 5 retenus vont venir à Conakry pour une interview avec je pense une commission mixte comprenant le ministère des Sports et le comité de normalisation. Et c’est à la suite de cette interview qu’on connaître le nouvel entraîneur du Syli National. Vous faites bien de le rappeler, si l’on n’y prend garde, on va subir le même échec pour le mondial de 2018. Parce qu’il faut que le choix soit judicieux. Afin que l’entraineur qui sera choisi puisse reconstituer le Syli national. Parce que moi j’ai comme le sentiment, à la suite de la Can 2015, Michel Dussuyer avait laissé un bon groupe, qui méritait tout simplement quelques retouches pour être vraiment compétitif.
Justement, en tant que consultant sportif, quel type d’entraîneur la Guinée a-t-elle besoin actuellement ?
Je ne cesserais jamais de le dire, nous avons besoin d’un entraineur de haut niveau. Mais avec un profil de formateur.
Haut niveau, qu’est-ce que vous voulez dire par là?
Tant au niveau du diplôme, qu’il ait par exemple une licence D ou A de la CAF et de la FIFA. Et qu’il puisse avoir un bon vécu en tant qu’entraineur, pas seulement joueur mais entraîneur. Celui qui a fait 10 à 15 ans comme entraîneur sur le banc avec une équipe nationale. Ce dernier, peut apporter quelque chose. Mais si d’aventure, on prend un entraineur qui n’a pas une expérience avérée de la gestion des équipes nationales, ça sera encore un échec.
On va dire à l’image de Luis Fernandez ?
Voilà, Luis Fernandez depuis 2011, il n’entraînait plus. Depuis qu’il a quitté Israël, il n’a jamais entrainé. Il se consacrait à son travail de consultant sur les médias. Donc c’est un peu ça, le portrait-robot d’un entraîneur qu’il nous faut. C’est-à-dire de haut niveau et avec un profil de formateur, c’est mon avis.
Autre question monsieur Diakité, avec le dysfonctionnement constaté au niveau de la Fédération guinéenne de football, comment se porte le championnat guinéen?
Le championnat Dieu merci, il se déroule très bien, géré par la Ligue professionnelle en dépit du fait qu’il y a quelques couacs. Parce que figurez-vous un championnat professionnel doit être couvert par la télévision. Parce que c’est par le biais du petit écran que les annonceurs, les sponsors, ou d’éventuels mécènes peuvent avoir des spots, et ce sont des sources de revenus pour la Fédération et pour la Ligue professionnelle. Malheureusement, notre championnat en dépit du fait qu’il soit professionnel, il n’est retransmis par aucune des télévisions. Ça veut dire qu’il y a un sérieux manque à gagner pour la Fédération, pour les clubs et pour la Ligue elle-même. Donc moi, je pense que c’est une lacune qui doit être comblée pour la saison prochaine. La radiotélévision est là, il y a des chaînes de télévisions privées, il faudrait qu’on puisse négocier le contrat afin que le championnat soit couvert, il y aura des retombées financières.
Qu’en est-il des préparations pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations en 2023 en Guinée ?
Je dois vous dire sincèrement jusqu’à la date d’aujourd’hui, rien n’est fait dans les perspectives des préparatifs de cette épreuve. Pourquoi ? La première des choses à faire, comme je l’ai toujours dit, c’est la mise en place du comité d’organisation qu’on appelle en abrégé le Cocan. C’est ce comité qui va procéder à identifier les projets qui concernent les sites de compétition, qui va élaborer les marchés, lancer les appels d’offres et se consacrer à la mobilisation des ressources pour financer tous les travaux à faire.
Vous voulez dire que jusqu’à date, les autorités de la place ne se sont pas encore intéressées à ce projet ?
Jusqu’à présent ce comité n’est pas mis en place, ce qui veut dire que la CAN 2023 n’est pas encore préparée par la Guinée.
J’imagine que cela risque de créer de sérieux problèmes à cette initiative ?
Il y a des conséquences, si dans un an, on ne fait rien, il semble que l’année prochaine au mois de mars-avril les émissaires de la CAF doivent venir pour apprécier l’état d’avancement de nos préparatifs. Si rien n’est fait d’ici là, on peut dessaisir la Guinée au profit d’un autre pays. C’est le risque qu’encours la Guinée si la situation continue.
Entretien réalisé par Richard TAMONE