Lors de la conférence de presse que les membres de l’opposition dite républicaine ont animée le jeudi dernier à la Maison de la presse, Cellou Dalein Diallo et ses pairs se sont montrés déterminés à manifester à compter du 4 août prochain, contre les dérives du régime. S’agira-t-il d’une énième action qui va se solder par un « repli », une fois que la machine répressive se sera mise en marche, ou d’une volonté de faire plier le pouvoir ? Les prochains jours vont nous permettre de savoir, si nous avons dorénavant face à ce pouvoir «autiste», une opposition déterminée à toute épreuve ou pas.
A tout seigneur tout honneur, pourrait-on dire. Et comme à l’accoutumée, c’est le porte-parole de l’opposition républicaine, Aboubacar Sylla, qui a planté le décor, lors de cette conférence de presse qui devait être une occasion pour Cellou Dalein Diallo et ses pairs, de dérouler leur chronogramme des manifestations à venir. Maintenant que le ramadan est derrière nous. A cette conférence de presse, on notait donc la présence du chef de file lui-même, ainsi que de Jean-Marc Telliano, d’Alhousseni Makanéra, Mouctar Diallo ainsi de suite. Aboubacar Sylla, dans sa présentation, dira qu’ils ont bien voulu dédier ladite conférence de presse aux questions essentiellement économiques. Afin que le peuple de Guinée se rende compte de la façon dont le pays est géré actuellement. « Nous voudrions surtout que le Guinéen soit informé du niveau de corruption que ce régime a atteint », a-t-il souligné. Mais dit-il, qu’il y a eu d’autres sujets préoccupants, notamment d’ordre politique. Selon Aboubacar Sylla, les jours à venir, ils animeront une autre conférence de presse, pour uniquement parler des sujets d’ordre économique et de la malgouvernance.
L’opposant très en verve, a laissé entendre que certains s’attendaient à ce qu’ils soient en ce moment même, à la primature, en train de participer à la séance de dialogue à laquelle les a conviés le Premier ministre, chef de gouvernement. Pour débattre des questions d’ordre politique. « Outre le fait que nous avons considéré que ce courrier est extrêmement vague, et nous l’avons même traité de discourtois, parce qu’on oublie toujours ici que les partis politiques, ce sont des partenaires et pas des entités qui sont hiérarchiquement liées aux autorités du pays », a précisé Sylla. Pour lui, lorsqu’on invite à un dialogue politique, « il faut y mettre un minimum de forme, notamment en convenant avec eux des conditions de rencontre, du lieu, des horaires, du cadre et même de l’ordre du jour avant d’initier une invitation », a indiqué le président de l’UFC. Il souligné que ledit courrier qui les invitait à participer au dialogue ressemble plus à une convocation qu’à une invitation. Le porte-parole de l’opposition d’annoncer au passage, qu’ils ont répondu le ministre Bouréma Condé. Mais avant de donner le contenu du courrier, Aboubacar Sylla, a rappelé que le passé les a instruits. « Nous avons tiré les leçons des mésaventures que nous avons connues dans le cadre des dialogues précédents. Pour lui, cela les amenés à prendre des garde-fous. Nous avons décidé d’écrire au ministre de l’Administration du territoire, a-t-il dit.
En plus de certains paramètres du courrier, l’opposition déplore également le fait que le gouvernement dicte à chaque parti de se faire représenter par deux membres. « Ça nous amènera à plus de 300 participants », a déploré le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein.
Aboubacar Sylla a par la suite lu le contenu du courrier réponse que le chef de file de l’opposition a adressé au ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, le général Bouréma Condé. A l’entame de ce courrier, Cellou Dalein Diallo a précisé que le dialogue politique est une revendication constante de l’opposition : « parce que nous restons convaincus que c’est le meilleur moyen d’aplanir nos divergences et de construire dans notre pays une démocratie apaisée », a-t-il indiqué.
Puis de révéler que les partis politiques membres de l’opposition républicaine, lors d’une concertation se sont interrogés sur l’utilité des dialogues politiques, suite à l’invitation faite par le chef du département de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Pour le porte-parole de l’opposition, le gouvernement n’a pas encore respecté les dialogues précédents, il faut cette fois-ci des garanties. « On fait des dialogues mais les conclusions qui en ressortent sont rarement mis en œuvre par les institutions concernées : l’exécutif, la Commission électorale nationale indépendante et le parlement », dit-il.
Il a ensuite rappelé qu’ils ont toujours réclamé à hue et à dia, l’identification et la poursuite des auteurs des violences survenus lors des manifestations politiques des élections de 2013; l’indemnisation des victimes lors des violences; l’organisation des élections locales dans les délais convenus. « C’est-à-dire avant le 31 mars 2014, lors du dialogue du mois de juillet 2013. Avant le 31 décembre 2014, lors du dialogue de juillet 2014. Et avant le 30 juillet 2016 lors du dialogue d’août 2015», a-t-il précisé. Avant d’énumérer les engagements pris lors des dialogues précédents, à savoir: la neutralité de l’administration territoriale dans l’animation politique et dans le processus électoral; l’accès équitable des partis politiques aux médias de services publics; la mise en place des délégations spéciales avant octobre 2015 et la révision de la loi 016 portant création, fonctionnement et organisation de la CENI par l’Assemblée nationale après l’élection présidentielle de janvier 2015.
Toujours dans ledit courrier, Aboubacar Sylla a indiqué que le chef de file de l’opposition, a fait savoir que pour la crédibilité du dialogue il est important que le président de la République, en tant que garant du fonctionnement de la République, engage toutes les institutions républicaines, à appliquer rigoureusement les décisions et recommandations issues des dialogues politiques. « C’est le lieu de rappeler que le conflit traité par ce dialogue politique, c’est généralement des divergences entre l’exécutif et l’opposition. Et non entre le RPG arc-en-ciel et l’opposition », a-t-il précisé. Puis de relever que pour une ouverture de dialogue, il est opportun de savoir d’avance les participants au dit dialogue, le présidium, le médiateur et l’ordre du jour. « Comme ce fut le cas par le passé », signale le courrier. Cellou Dallein de conclure que la Guinée traverse une période critique et que tous les acteurs devraient privilégier et rechercher le consensus, « afin d’éviter de fragiliser davantage l’unité de la nation », dit-il.
Il convient de noter que lors de cette conférence de presse, l’opposition dite républicaine, a appelé les Guinéens de toutes tendances confondues à sortir massivement pour montrer leurs désapprobations face à la corruption et à la malgouvernance, le 4 août prochain. Date devant marquer le lancement de leurs actions de désobéissance civile, dans la capitale et dans les préfectures intérieures.
Maints observateurs attendent de voir jusqu’où ira l’opposition cette fois-ci dans ses actions de désobéissance civile. Le fait est de savoir si l’on à faire à de simples velléitaires ou à des opposants véritablement déterminés à faire lâcher du lest au président Alpha Condé.
Richard TAMONE