Le ministre guinéen de l’Energie et de l’Hydraulique, Dr Cheick Taliby Sylla, a déploré la précarité énergétique de l’Afrique, en général, et de la région ouest-africaine, en particulier.
Dans son discours à l’ouverture, le jeudi 4 août 2016, à Conakry, en Guinée, de l’atelier régional de validation du rapport préliminaire de l’étude pour le développement de l’électrification rurale et périurbaine en Afrique de l’Ouest, M. Sylla a indiqué que la consommation d’électricité par habitant en Afrique subsaharienne constitue l’une des plus faibles au monde.
Cette consommation, a-t-il fait savoir, est de 181 kWh par an, comparé au 6 500 kWh en Europe et 13 000 kWh aux Etats-Unis.
Citant un rapport de la Banque africaine de développement (BAD), M. Sylla a indiqué qu’en Afrique, ce sont 645 millions de personnes qui n’ont pas accès à l’électricité, soit environ 53% de la population non connectée au réseau.
Concernant particulièrement l’Afrique de l’Ouest, M. Sylla, a laissé entendre que le taux d’accès à l’électricité se situe autour de 30%, et cette situation est exacerbée en milieu rural avec seulement un taux de 8%.
L’ampleur des défis nécessite non seulement une véritable volonté politique, mais aussi et surtout la mise en place de structures solides et la mobilisation d’importants investissements, a déclaré le ministre guinéen de l’Energie et de l’Hydraulique.
Auparavant, le commissaire chargé de l’Energie et des Mines de la Commission de la CEDEAO, Dr Morlaye Bangoura, a énuméré les divers programmes et projets initiés par l’organisation régionale pour l’accès des populations aux services énergétiques.
En dépit de la mise en application de ces programmes et projets, M. Bangoura estime que beaucoup reste encore à faire pour améliorer ces services au niveau régional.
«Nous devons donc redoubler d’ardeur et poursuivre nos efforts par la mise en œuvre de mécanismes innovants afin d’accélérer et accroître l’accès des populations rurales et périurbaines aux services énergétiques modernes en particulier l’accès aux services électriques», a déclaré M. Bangoura.
C’est dans cette optique, a-t-il souligné, qu’en marge des actions déjà entreprises pour l’établissement d’un marché régional de l’électricité, la CEDEAO a initié une étude pour le développement de l’électrification rurale et périurbaine en Afrique de l’Ouest.
Cette étude, confiée à un cabinet basé à Dakar, au Sénégal, se propose d’élaborer un schéma directeur d’électrification rurale et périurbaine en Afrique de l’Ouest dans le but d’accroitre l’électrification dans la région et d’accompagner les Etats membres dans la recherche de financement et la réalisation de projets d’électrification rurale.
L’étude vise concrètement à faire l’état des lieux de l’électrification rurale et périurbaine en Afrique de l’Ouest ainsi qu’une proposition sur les besoins actuels et futurs, et à définir la viabilité des programmes et projets.
Elle devra aussi dresser un plan de financement à court, moyen et long termes, et de proposer un mécanisme de coordination régionale pour la mise en œuvre du schéma d’électrification proposée.
Le rapport de collecte de données de ce cabinet effectuée dans l’ensemble des Etats membres de la CEDEAO, a été examiné et approuvé par la direction de l’Energie de l’organisation régionale et l’Unité de préparation et de développement des projets d’infrastructures (PPDU), en juin 2016.
A l’issue de cette phase, le cabinet a soumis à la Commission de la CEDEAO un rapport préliminaire, lequel sera validé au cours de cet atelier. Les observations qui seront formulées au cours de cette réunion seront prises en compte par le cabinet pour améliorer le rapport.
L’atelier permettra aux participants non seulement de valider ledit rapport, mais également de formuler des observations sur l’état des lieux et l’analyse de la situation actuelle de l’électrification rurale en Afrique de l’Ouest. Une attention particulière sera accordée aux aspects relatifs aux paramètres, hypothèses de base et objectifs d’électrification rurale et périurbaine.
Les discussions seront aussi focalisées sur les paramètres quantitatifs et qualitatifs pour l’estimation des besoins en équipements des localités, l’approche méthodologique pour arriver aux plans d’électrification, notamment les critères de choix des villages à électrifier, de même que sur la méthodologie dans chaque Etat membre pour définir les programmes prioritaires à court, moyen et long termes.
La rencontre regroupe des experts des Etats membres et des spécialistes des agences de l’énergie de l’espace communautaire. Il s’agit notamment du Système d’échanges d’énergie électrique ouest africain, du Centre des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de la CEDEAO, ainsi que des cadres de la direction de l’Energie et de ceux du PPDU. La Société africaine des biocarburants et des énergies renouvelables (SABER) participe aussi aux travaux.
L’atelier connaît également la participation de certaines institutions économiques et financières régionales, telles que l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), la Banque africaine de développement (BAD), la Banque ouest africaine de développement (BOAD) et la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC).
Source : CEDEAO