Censure

‘‘Les élections locales ne sont pas l’apanage des partis politiques’’, précise un juriste de la société civile

La société civile guinéenne a présenté ce mardi 9 août 2016, lors d’une conférence de presse organisée dans la salle Elhadj Mohamed Koula DIALLO de la Maison de presse de Conakry, son mémorandum de sortie de crise politique.

Faisant le résumé du mémorandum, M. Mamady 3 KABA président de l’Observatoire citoyen des droits de la République et rapporteur du mémorandum explique que «ce mémorandum s’articule autour de trois points, d’abords les constats ensuite l’analyse qui est faite sur ces constats et en troisième lieu, les propositions de sortie de crise. Vous le savez dans notre pays il y’a une crispation de la vie politique. Les élections locales sont prises en otage, les citoyens sont pris en otages par les partis politiques. Puisqu’on fait des élections l’apanage des partis politiques, alors que l’article 115 du code électoral permet au citoyen de se présenter comme candidat indépendant, donc la société civile consciente de ses attributions vis-à-vis des citoyens a cru devoir faire ce mémorandum pour faire d’abord le constat des différentes réalités que nous avons soulevées, faire une analyse de ces constats et ensuite faire des propositions de sortie de crise ».

«Nous avons aussi constaté qu’il y’a une banalisation de la vie publique, c’est des attaques en contre-attaques, des actions en réactions, les acteurs politiques ne finissent pas de s’attaquer entre eux. Et donc face à cet état de fait, il fallait qu’on réagisse et qu’on montre aux acteurs politiques que ces élections ne sont pas l’apanage que des partis politiques et que les citoyens que nous sommes censés représenter ont leur mot à dire contrairement à l’élection présidentielle et législative, les élections communales sont des élections de proximité», explique-t-il.

«Nous voulons appeler les acteurs politiques au dialogue parce que encore une fois, il faut se retrouver autour de la table pour échanger afin d’aboutir à des accords qui doivent être quand même respectés et donc pour cette fois ci la société civile est déterminée à ce que les accords qui seront conclus soit exécutés. Pour cela, il faudrait que ce soit un dialogue franc et sincère et il faudrait que les conclusions qui seront issues de ce dialogue-là soient assorties à des conditions contraignantes pouvant amener les parties à respecter dans toute sa rigueur  les  différentes conclusions», indique le juriste.

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Nous vous proposons ci-dessous entre autres quelques points de ce mémorandum.

  • CONSTATS 
  • La rupture prématurée du dialogue, son caractère spontané, peu structuré et sporadique.
  • Le non respect et la non application de certains engagements dont : l’indemnisation des victimes des manifestations politiques, la reforme de la CENI, la révision du code électoral, le découpage électoral…
  • L’absence d’une date consensuelle pour la tenue des élections locales
  • L’escalade des discours politiques violents et haineux, qui sont amplifiés par certains médias ;
  • Des manœuvres politiciennes d’exclusion de la société » civile des négociations et accords politiques ou la réduction de sa présence au statut d’observateur ;
  • Le sentiment quasi constant de détournement du Ministère d l’Administration de Territoire et de la décentralisation de sa mission essentielle d’interface avec les partis politiques ;
  • La banalisation de la vie politique et la gestion clanique des affaires publiques ;
  • Le manque d’efficacité du comité de suivis des accords du 20 aout et sa dissolution hâtive ;
  • Des insuffisances et incohérences persistantes dans la loi électorale, rendant difficile la gestion du contentieux électoral et politique par les différentes juridictions, etc.
  • ANALYSES 
  • La non application et le non respect de la loi et des accords par les parties prenantes, du fait d’une faible volonté politique ;
  • L’attitude irresponsable, l’incivisme poussé, la mauvaise foi, le manque d’engagement et de vision positive des acteurs du processus ;
  • La perte d’identité collective des acteurs de la vie publique conduisant à tout moment à des solutions inadéquats et des perpétuels recommencements ;
  • Le processus électoral marqué par un cloisonnement institutionnel du aux “conflits d’intérêts “ entre les parties prenantes (CENI, MATD, Ministère des Finances, PTF…) Ceci est une velléité en manifeste de remise en cause des acquis de la décentralisation en Guinée. 
  • PROPOSITION DE SOLUTIONS
  • La relance immédiate du cadre de dialogue politique inter guinéen. La société civile veillera à la mise en œuvre des différents engagements ;
  • Le respect et l’application des accords du 20 aout 2015 ;
  • La prise d’initiatives pertinentes pour mettre un terme à l’entretien volontaire du flou et l’incohérence du cadre juridique et administratif régissant les élections locales.

Abdou Lory Sylla pour guinee7.com

 

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