Sidya Touré et Bah Oury ressemblent fort bien à deux vaillants combattants naguère adulés par le peuple de Guinée en raison des nombreux exploits dont ils ont fait preuve dans l’arène politique et / ou dans l’arène économique et sociale.
Sidya est en effet ce brillant universitaire qui a fait partie d’un trio de cadres chevronnés que le régime de feu Félix Houphouët-Boigny a appelé à la rescousse pour sortir l’Etat ivoirien alors en banqueroute. La réputation de Sidya franchira vite les frontières de la Côte d’Ivoire, et feu général Lansana Conté, n’hésitera pas en 1996 à l’engager comme Premier-ministre, en vue de remettre la Guinée sur les rails.
Ce qui a été réalisé en un temps record. Parti du gouvernement, il prend la tête de l’UFR, le parti d’un de ses amis, se pose en leader charismatique et prometteur.
Bah Oury, de son côté, est ce fougueux tribun connu pour l’un des fondateurs de l’UFDG qui passe pour la deuxième force politique de la Guinée.
Aujourd’hui les deux hommes connaissent une espèce de déclin politique, un temps décrédibilisation suite à leurs virements. Pour avoir pactisé avec le pouvoir, leurs discours ne portent plus, leurs arguments sont aphones. Se soucient-ils par quelle manière ils vont reconquérir le cœur des populations après l’ère Alpha ? Ne vont-ils pas endosser une partie du bilan désastreux d’un régime « faussement populaire » ?
Aux yeux de maints observateurs, Sidya Touré et Bah Oury seraient en déphasage avec leurs ambitions premières, qui ont fait d’eux des héros, mais des héros en qui beaucoup de militants ont cessé de croire. Une telle déconfiture peut cependant se réparer. Faut-il pour cela que ces leaders en prennent conscience et agissent conséquemment? Car demain serait trop tard.
O. TIERO