Censure

Sidibé, président des Maliens de Guinée: ‘‘Même hier, j’ai passé la journée à la gendarmerie. Ça, c’est le quotidien’’

Dans cette interview accordée à notre reporter, le président du Conseil des Maliens de Guinée évoque les grandes conclusions issues du Forum de la diaspora féminine qui s’est tenu récemment à Bamako, auquel il a pris part. Mohamed Sidibé aborde aussi le quotidien de ses compatriotes vivant en Guinée. Lisez.

Présentez-vous à nos différents lecteurs, s’il vous plaît…

Je suis Mohamed Sidibé, président du Conseil des Maliens de Guinée

Monsieur Sidibé, quelles ont été les conclusions lors de la précédente réunion de Bamako ?

En fait c’est un forum qu’on a dénommé le Forum de la Diaspora Féminine organisé par le Haut Conseil des Maliens de l’extérieur à travers sa responsable qui est la gestion des femmes et avec l’appui du gouvernement malien. Il s’agissait d’abord de réunir l’ensemble des femmes de la diaspora, les entrepreneurs, les intellectuels afin de faire un échange permettant aux femmes de participer activement au développement social, permettant aux femmes de jouer un rôle dans le processus du développement, permettant aux femmes de participer aux activités du Conseil. Voici l’objectif visé. La réunion a enregistré une soixantaine de pays. Des résolutions ont été dégagées. Cette réunion a été présidée par la première dame du Mali, pour toute son importance. Les femmes de France, de la Guinée, d’ailleurs se sont regroupées pour échanger des expériences, elles ont analysé les problèmes et elles ont décidé de s’impliquer davantage non seulement dans le processus de développement, mais aussi dans le processus de paix et de réconciliation. Et je crois que ce message a été largement entendu par les autorités, parce qu’elles ont été reçues par le président de la République et en présence du président du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur.

Quel sera l’impact de ce forum sur l’avenir du Mali ?

Assez. Désormais, rien ne sera comme avant pour les femmes. Elles remplissent pleinement le rôle et des facilités, des spécificités leur seront accordées pour leur permettre aussi d’accomplir leur mission… Elles sont représentatives dans toutes les institutions de la République et aussi dans le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur et des Conseils de base.

En tant que président du Conseil des Maliens de Guinée, de quels moyens disposez-vous pour accomplir vos différentes tâches ?

Ecoutez, je gère une organisation dont le but est essentiellement social. En dehors de ça, nous sommes un organe consultatif auprès de la mission diplomatique dans la gestion des problèmes des Maliens. Les moyens dont nous disposons sont les contributions des opérateurs économiques, des bonnes volontés. Et les Maliens sont organisés au niveau de chaque région en Conseil local. Il y a une sorte de décentralisation. Si vous voulez, c’est la pyramide, c’est de la base au sommet. Au niveau de Conakry, il y a des responsables au niveau des communes. Ceux-ci sont imprégnés dans la gestion quotidienne de leur domaine et ces informations sont remontées au niveau du bureau à travers le secrétariat général qui me les transmet et que j’analyse. J’apporte des solutions aux problèmes qui me sont posés. Voici les moyens dont dispose le bureau en plus de mes propres moyens.

Quels sont vos rapports de coopération avec la mission diplomatique malienne en Guinée ?

Non seulement nous avons des rapports excellents avec madame l’ambassadeur ; elle nous associe à tout et nous faisons tout, ensemble. Récemment vous avez suivi, nous avons organisé une lecture de Coran à l’occasion de la clôture du mois de solidarité. Récemment nous avons participé ensemble à toutes les rencontres bilatérales qui se tiennent entre le Mali et la Guinée. Nous sommes impliqués dans la gestion quotidienne des problèmes lesquels ils sont confrontés et vice-versa. Donc, l’ambassade et nous, avons des relations de complémentarité et qui se font vraiment sans aucun problème.

Quel bilan faites-vous à mi-parcours depuis votre arrivée à la tête du Haut Conseil des Maliens de Guinée?

Il y a quatre mois que je suis à la tête du Conseil. Même à mi-parcours, il faudra attendre des semestres. Mais qu’à cela ne tienne, j’ai été investi en avril ; donc je suis dans mon quatrième mois. Et pour le moment, nous sommes en train d’organiser les Conseils au niveau de la Guinée. Nous avons renouvelé le bureau de Kissidougou, nous avons fait la même chose à Koundara, à Kankan. Nous sommes en train de faire la même chose à Siguiri et partout où il y a une forte présence de Maliens. Lorsque les Maliens sont bien structurés, lorsqu’ils contribuent de façon efficace à l’association, c’est cela qui donne. Au niveau de la Guinée aussi bien que de l’ambassade, nous avons participé déjà à la cérémonie du jumelage entre le gouvernorat de Conakry et le district de Bamako. Nous avons participé activement aux travaux des deux directions générales des douanes qui se sont tenus récemment. Nous avons reçu ici le Premier ministre, nous avons reçu le ministre de la Communication. Et nous saluons les accords entre le Mali et la Guinée annulant le roaming. Ce qui veut dire désormais, les Maliens de Guinée iront avec leurs numéros au Mali sans payer un franc. Ils communiqueront comme s’ils étaient en Guinée, et vice-versa. Tout cela rentre dans le renforcement des liens séculaires entre la Guinée et le Mali.

Vous dites que vous êtes un organe consultatif, depuis que vous êtes là, avez-vous été saisis par certains de vos compatriotes autour de cas sociaux?

Même hier (mardi 16 août 2016, NDLR), j’ai passé la journée à la gendarmerie. Ça, c’est le quotidien. Des cas sociaux, des Maliens qui sont malades, des décès, des personnes qui sont en difficulté avec la justice. Nous avons l’obligation de les assister et de veiller sur eux. Même si quelqu’un commet des crimes, nous tenons au respect des lois et règlements du pays, il va falloir aussi que leur statut d’accusés ou de condamnés soit respecté. Nous suivons de près, tous les cas concernant les Maliens et pour cela nous bénéficions d’une écoute suffisante auprès des autorités. C’est l’occasion d’ailleurs de remercier le Haut Commandement de la Gendarmerie, la Direction Générale de la Police et le ministère de la Justice pour toute l’attention qu’ils portent aux Maliens. Chaque fois qu’un problème est posé, si je suis allé, ils ont toujours trouvé la solution, et à l’amiable. C’est tout cela qui me parait très important.

Cela veut dire que vous avez une tâche si lourde. Comment vous arrivez à concilier votre travail de transitaire et le poste de président du Haut Conseil des Maliens de Guinée ?

C’est une question de volonté. Je gère un bureau et j’essaie d’impliquer les membres du bureau pour avoir un peu plus de temps. C’est seulement quand un membre du bureau n’arrive pas à régler un problème, que j’interviens en dernier ressort. Et si je ne parviens pas, l’ambassade intervient en dernier ressort. Cela veut dire que je fais parallèlement mon devoir de responsable vis-à-vis de la communauté, tout en faisant effectivement mon boulot de transitaire. Je suis directeur d’une entreprise, je gère aussi des agents qui font l’essentiel du boulot et que je coordonne.

L'indépendant

Entretien réalisé par Oumar Daroun

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