Le peuple de Guinée s’enorgueillie la richesse de son sous-sol et cela à juste raison, car regorgeant d’immenses ressources minières jusqu’à ce que d’autres qualifient notre cher pays de scandale géologique. Même si les mines sont d’importantes pourvoyeuses de devises pour soutenir les autres secteurs de développement, il n’en demeure pas moins vrai que le pays est toujours classé parmi les plus pauvres du monde. Dans cet ordre d’idées, on est en droit de se poser la question suivante : La Guinée serait-elle victime ou pauvre de sa richesse ?
Comme le guinéen Lambda et de toutes les générations chantent sous tous les toits qu’en Guinée nous avons tout. Je saisis cette opportunité pour tirer sur la sonnette d’alarme qu’il est temps, grand temps pour les guinéens de comprendre qu’entre la carrière et la banque existe un grand fossé qu’il faut savoir remplir et bien remplir pour que cette richesse potentielle devienne tangible.
Pourquoi malgré la volonté manifeste des Gouvernements successifs à tirer le maximum de profit de nos mines, le niveau de vie des populations reste toujours bas. En plus l’écosystème plus que jamais déconnecté, nos mœurs et coutumes en perte de vitesse et pire au profit d’une société plus mercantile.
La réponse est toute simple, c’est que l’Afrique est rattrapée par son passé. Le choix de l’indépendance politique à la place de l’indépendance économique a plongé l’Afrique dans les débats stériles et dans les éternelles discussions politiciennes. Et nous participons malheureusement à l’exploitation de nos ressources naturelles pour développer les autres. Un triste constat, l’incapacité de la population africaine à se doter après plus de 50 ans d’indépendance, des mécanismes de la réal-politique pour sortir nos pays du sous-développement.
Si la richesse est l’abondance de biens et le riche celui qui possède de l’argent, de la fortune et comme possédé ne signifie pas disposer, il ya lieu de se demander si la Guinée dispose réellement de ses ressources minières ? Au regard du nouvel ordre économique international, force est de reconnaitre que ce sont les métiers du savoir qui rapportent plus que les matières premières, car c’est la valeur ajoutée aux produits qui fait la différence.
Il va s’en dire que de nos jours si l’africain ne veut pas être emporté par la mondialisation, il doit se remettre en question, valoriser le savoir qui constitue la richesse principale et pérenne de toute nation, mais surtout comprendre que nos ressources minières ne constitueront une richesse que lorsque le pays se dotera des capacités intellectuelles de ses ressources humaines en optant pour une bonne gouvernance, avec méthode et organisation.
L’africain sait-il que le prix d’une tasse de nescafé sur les champs Elysées équivaut au prix d’un (1) kilogramme de café en Côte d’Ivoire et que ce kilogramme torréfié donne 20 tasses de café ? C’est dire que le paysan africain ne gagne que le vingtième du gain de l’industriel, détenteur du savoir qui a permis d’ajouter de la valeur au grain de café pour qu’il soit sous la forme de poudre instantanée, consommable sans fournir trop d’efforts.
L’africain sait-il que la richesse du sol et du sous-sol de la RDC, du Libéria, de la Sierra Léone, de l’Irak et de la Libye reste la source des conflits armés dans ces pays ? L’africain sait-il que le Japon, troisième économie mondiale et le Singapour, pays émergeant n’ont pas de ressources minières ?
L’africain sait-il que plus la nature est propice dans un pays (riche en ressources minières, agricoles, hydraulique, avec un climat peu contraignant etc.), plus ce peuple devient paresseux, s’infantilise et se résous lamentablement à attendre tout de l’Etat providentiel ?
L’africain sait-il que son continent reste le seul dont le climat n’est pas mortel, que son sol regorge d’immenses ressources et qui produit sans trop d’efforts comparé aux paysans des pays tempérés, ce qui fait probablement de lui le continent le plus pauvre.
Comme le niveau de développement d’un pays est proportionnel à la capacité de son peuple à maitriser la nature, nous pouvons dire alors que les populations africaines ont encore du chemin à parcourir, car notre agriculture dépend en grande partie de la nature et nous ne comptons que sur nos ressources naturelles pour créer de la richesse.
Cette attitude de l’africain ne donne t-elle pas raison à Sarkozy dans son discours de Dakar lorsqu’il déclare que ‘’le paysan africain vit dans un eternel recommencement … qu’il scrute le ciel, priant pour que la pluie tombe.’’
L’africain, a-t-il remarqué que si l’enfant d’un savant n’est pas forcement intelligent, donc les populations d’un pays potentiellement riche ne sauraient être automatiquement des fortunées. Ne dit- on pas en Biologie que l’hérédité détermine ce que l’être doit devenir, mais ce qu’il devient réellement est une interaction entre son hérédité et son milieu, ce qui nous autorise à dire que les ressources potentielles d’un pays n’obligent pas que sa population soit riche ipso-facto. Mais de son bonheur dépend sa capacité intrinsèque à gérer (explorer, exploiter, transformer et vendre)efficacement les dons de la nature.
En règle générale, le guinéen réussit difficilement à fructifier une richesse dont il n’a pas participé à l’accumulation, je me demande comment nous pourrons profiter des métaux du tableau périodique de Mendeleïev qui se sont donnés rendez-vous dans notre sous-sol si nous ne disposons pas le savoir-faire et les comportements nécessaires et obligatoires à leur gestion efficace et efficiente?
Par orgueil ou ignorance de l’impacte du problème, on me dira que ce sont des richesses naturelles, des dons de Dieu et qu’aucun peuple ne participe à leur accumulation. Non et encore non car Dieu ayant doté l’être humain d’un quotient intellectuel supérieur à toutes les autres créatures, il n’interfère plus dans la recherche des voies et moyens devant permettre à l’homme de dominer la nature pour créer son bien être.
Voila qu’après plus de 50 ans d’indépendance, les pays Africains n’ont pas encore la capacité nécessaire d’assurer une gestion optimale de leurs ressources naturelles. Et jusqu’aujourd’hui l’Afrique est soumise aux dictas de ses partenaires qui, décident et profitent de tout. J’en veux pour preuve qu’il a fallu que les expatriés de la société Russal plient bagages pour que l’usine de Fria s’arrête de fonctionner. Pourquoi ?
Et pourtant au même moment une usine qui a fait faillite en Türkiye et abandonnée par son propriétaire a été reprise par les employés. Quels paradoxes ?
Comment comprendre dans un pays potentiellement minier comme la Guinée, que plus de 90% des enfants scolarisés poursuivent non seulement des études supérieures, mais de surcroit sont orientés dans les facultés de Droit, Economie, Sociologie, Commerce et Administration, journalisme etc. Je saisis ici l’occasion de rendre hommage à ces grandes disciplines qui sont des sciences d’appui au développement, mais force est de reconnaitre que la Guinée a plus besoin des facultés d’ingénierie et de technologie qui créent les moyens de productions (usines, bateaux, avion, train, engins agricoles etc.) autour desquels se développent tout genre de métiers.
Au regard de ce qui précède, nous pouvons admettre que la Guinée, notre cher pays n’est pas riche et elle ne le sera que lorsqu’elle sera capable d’exploiter efficacement ses ressources naturelles à travers une meilleure qualification de la matière grise (le cerveau) qui est la seule et l’unique voie pour tout développement individuel et collectif. Ne dit-on pas que la chance est la rencontre entre la préparation et l’opportunité?
La Guinée à des opportunités pour son épanouissement mais est-elle prête pour leur exploitation ? Si elle veut avoir de la chance pour améliorer les conditions de vie de sa population, elle doit faire face aux défis de la maitrise de la technique et de la technologie pour mieux dominer la nature et ses richesses. L’exemple du Cuba est illustratif. Avec l’opportunité qu’offre la levée du blocus américain et sa préparation à domestiquer tout transfert de technologies par la performance de sa ressource humaine dont la qualité de la formation est mondialement connue et reconnue, ne tardera pas à devenir un pays émergent.
Loin de moi l’idée ou la prétention de vexer, mais plutôt le gout de susciter le débat pour amener notre peuple notamment sa jeunesse à comprendre que tant que notre pays ne sera pas riche de sa ressource humaine intellectuellement et moralement avec forte dose de patriotisme, le développement que nous ambitionnons restera un lointain souvenir. Individuellement fort et unis nous relèverons tous les défis pour l’amélioration de notre bien-être.
L’exemple de la Chine le démontre. Ayant opté pour un développement endogène avec une ressource humaine qualifiée, elle est en passe de devenir la première puissance économique du monde qui prête de l’argent au monde entier sans en avoir emprunté. Savez vous que la Chine a décliné l’offre de prêt des Institutions de Breton Wood prétextant qu’elle à tout? Au même moment les pays africains se bousculaient aux portes desdites institutions.
Aujourd’hui, la Chine a prouvé que la volonté politique et la détermination d’un peuple suffisent pour s’instruire, s’autoalimenter et se développer.Je suis certain que Le peuple de Guinée est capable du sursaut chinois en s’enrichissant de ses propres ressources humaines.
J’appelle la jeunesse et tout le peuple de Guinée à se mobiliser derrière le président de la république le Pr Alpha Condé pour le boom guinéen. En effet l’eldorado guinéen est possible.
Oui pour une Guinée unie, Oui pour une main-d’œuvre qualifiée et surtout adaptée à nos besoins, Oui pour une prise de conscience individuelle et collective pour qu’à l’instar des chinois, le peuple guinéen devient le principal acteur de son propre développement. Nous ne pouvons terminer sans louer les efforts de la presse guinéenne, agent vecteur incontournable dans la mobilisation des peuples, pour l’unité, la paix, la cohésion nationale autour d’un idéal commun pour l’émergence d’une autre Guinée…
VIVE LA GUINEE !
Sékou Djadaya CAMARA, DG/OGC
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