Censure

Diakaria Koulibaly, directeur général de l’ONAP : ‘‘pourquoi nous avons signé avec Hyperdynamics’’

L’Office National des Pétroles (ONAP) vient de signer un protocole d’entente avec Hyperdynamics. Pour en savoir plus sur ce sujet et d’autres, notre rédaction a rencontré le Directeur Général Diakaria Koulibaly. Interview…

En quoi consiste la mission de votre structure ?

Notre structure est chargée de la mise en œuvre et du suivi de la politique du Gouvernement dans le domaine des activités pétrolières aussi bien en amont (Recherche et promotion pétrolière) qu’en aval (importation, stockage et Distribution).

Vous venez de signer un mémorandum d’entente avec la compagnie SCS Hyperdynamics, quelles sont les principales résolutions de cette entente ?

Il s’agit d’un accord cadre pour une prorogation  d’un(O1) an non renouvelable du contrat de partage de production d’hydrocarbures assortie de conditionnalités.

Les points clés de cette entente sont les suivants :

Hyperdynamics s’engage à forer le puits FATALA au cours de la période d’extension d’un (01) an non renouvelable et à indemniser l’Etat guinéen  de la totalité ou du reliquat du budget estimatif de réalisation du forage soit 46 millions de dollars US au cas où son engagement n’est pas honoré.

A rétrocéder 77%  de sa concession actuelle et à mettre à la disposition de la Guinée et des éventuels acquéreurs des données sismiques exploitables afférentes au périmètre rendu.

A  prendre en charge les obligations non acquittées de Tullow Oil au titre de la formation du personnel de l’Office National des pétroles (ONAP).

La mention a été faite au lien financier dans le cadre de la récupération des coûts d’investissements qui ne concerneraient que les dépenses exclusivement effectuées par Hyperdynamics depuis 2009.

Quels sont les avantages de ce mémorandum pour la Guinée ?

Fondamentalement trois (03) :

Le premier avantage est l’économie de délai escompté pour réaliser un puits.

En effet, l’environnement pétrolier est déprimé depuis fin 2014 pour cause de chute drastique du cours de baril ayant entraîné un ralentissement des activités de recherche et de l’exploration pétrolière à l’échelle internationale.

Renoncer à un engagement ferme de réalisation d’un puits dans un délai d’un (01) an dans ce contexte et se lancer dans une dynamique promotionnelle et d’appel d’offres pour l’attribution des blocs visés induirait un différé d’opportunité de réalisation du forage d’au moins deux (02) ans, ceci par référence aux délais incompressibles de gestion du processus d’appels d’offres et d’acquisitions des données sismiques par les nouveaux acquéreurs, toutes choses indispensables au démarrage des travaux de forage.

Le deuxième avantage est le contenu local du projet, Hyperdynamics s’est engagé sous la contrainte de disponibilité des équipements pétroliers, des biens et services à aménager une base logistique à Conakry et d’acheter localement les biens et services contrairement à l’opérateur Tullow Oil qui projetait sa base logistique au Ghana.

Le troisième avantage est la formation du personnel de l’office dans le double dessein de leur développer les capacités opérationnelles et de construire une expertise nationale apte à gérer le futur pétrolier de la Guinée.

Pourquoi le mémorandum n’est pas juridiquement contraignant ?

C’est le standard de ce type de document qui n’est qu’un accord cadre intervenant classiquement avant la signature des documents contractuels aux clauses impérativement contraignantes.

Certains commentaires font allusion au manque de moyens financiers de Hyperdynamics qui aurait été incapable de libérer sa part de contribution des 35 % dans le puits FATALA, ce qui aurait empêché le projet d’avancer, est-ce vrai ?

Cette affirmation relève d’une méconnaissance des clauses contractuelles qui liaient les partenaires du consortium.

Tout d’abord l’ossature de l’actionnariat se présentait comme suit :

Hyperdynamics (37%), Dana Petroleum (23%), TullowOil (40 %).

Pour le financement des travaux du forage, Tullow Oil, l’opérateur du puits devait financer sa part et celle de Hyperdynamics soit une contribution à hauteur  de 77 % au budget du forage.

Quels sont les facteurs qui ont retardé la mise en œuvre du puits FATALA?

La mise en œuvre du puits FATALA a été retardée par une succession d’évènements qualifiés de cas de force majeure et de désaccord entre les partenaires à savoir :

Le 11 mars 2014-Tullow Oil déclare à la partie guinéenne un cas de force majeure lié à l’ouverture d’une enquête judiciaire contre SCS hyperdynamics par le Département de la justice Américaine qu’il prétexte pour geler le projet.

Le 3 mai 2014-Tullow Oil lève sa déclaration de force majeure et évoque à nouveau un autre cas de force majeure lié au contexte épidémiologique Ebola dont la déclaration officielle est faite dans le pays le 17 mars 2014.

Consécutivement à ces facteurs qualifiés d’environnementaux par le partenaire Tullow Oil(l’opérateur du puits), le démarrage des travaux du forage du puits FATALA est décalé et planifié par le comité des opérations pétrolières (CDOP) à la date du 29 mars 2016.

Le forage  n’a finalement pu être réalisé à cette date pour cause du refus de Dana Pétroleum de signer la version française de l’avenant N°2 au contrat de partage de production et de libérer sa part de contribution dans le budget de puits plongeant ainsi le projet dans une impasse.

La présence d’Hyperdynamics  empêcherait-elle les majors d’accéder à l’offshore guinéen ?

La superficie du plateau continental guinéen est estimée dans la fourchette de 80 000 à 92 000 Km2.

A ce jour, après les rendus de surface, Hyperdynamics ne détient plus que 18 750km2 et le protocole d’entente dispose que 77% de cette zone contractuelle soit également rétrocédée à la Guinée. Ce qui résumerait ce partenaire à une superficie résiduelle de 4 313 Km2.

En termes de blocs pétroliers, cette superficie représente deux (02) blocs  sur les vingt-deux (22) que compte la République de Guinée, l’on ne saurait donc parler d’entrave à l’accès de l’offshore guinéen par d’autres potentiels acquéreurs.

Les facteurs bloquant pour la mise en vente des blocs ont été les suivants :

Le retard dans la finalisation du dernier rendu de surface effectué par Tullow Oil dont le procédé de restitution a été qualifié par la partie guinéenne d’écrémage et inadapté à la condition de figure  géométrique édictée par les textes règlementaires

Le processus de révision du code pétrolier dont l’ancien datait de 1986 avec des dispositions incongrues à l’évolution des pratiques internationales.

Que répondez- vous  à ceux qui  qualifient votre structure de néophyte et pronostiquent que le puits sera sec ?

Je les remercie pour leur contribution au débat dans le secteur.

Pour le reste, je suis un humain et préfère m’exprimer sous la contrainte de cette limite et laisser le temps au temps.

Que compte faire votre structure pour booster la recherche pétrolière dans le  pays ?

Les textes d’application et le contrat type de partage de production d’hydrocarbures ont été revisités conjointement avec les représentants du Département des Mines et transmis à qui de droit pour approbation.

Une fois ces documents signés, nous prendrons des orientations avec l’autorité compétente pour la gestion du processus d’appel d’offres.

D’ici là, nous travaillons de concert avec nos partenaires pour des nouvelles campagnes et acquisitions sismiques 2D, 3D et à la mise en place d’un site internet afin de faciliter l’accès de nos données aux opérateurs pétroliers.

Qu’espérez-vous de ces nouvelles acquisitions sismiques ? 

La science performe avec l’âge de ses instruments de mesure, les dernières acquisitions sismiques opérées par les partenaires westernGeco et Bos remontent  respectivement en 1998 et 2011, et depuis la technologie a avancé.

Nous espérons obtenir de ces campagnes sismiques une meilleure appréhension de nos potentialités en hydrocarbures.

Interview réalisée par Mamadou Savané (Mediaguinee)

 

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