Censure

La médecine traditionnelle en danger : Le cri de cœur de Moussa Doumbouya « Savant noir »

Moussa Doumbouya dit « Savant noir » est préoccupé par le sort qui est aujourd’hui réservé à la médecine traditionnelle. Cette médecine dont les praticiens sont bannis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le département de la santé, à cause du comportement pas du tout catholiques de certains guérisseurs traditionnels qui ont accusé voué aux gémonies ces institutions. Moussa Doumbouya dit « Savant noir »  profite de cet entretien pour plaider le sort de leur association auprès de l’OMS et du département de la Santé, qui constituent des partenaires de premier plan pour eux.

Bonjour Dr Doumbouya. Vous venez d’organiser une conférence de presse à la Maison de la presse de Coléah. Quel était le but de cette rencontre avec les médias ?

Abdoulaye Doumbouya : D’abord je commence par me présenter, je m’appelle Docteur Abdoulaye Doumbouya communément  appelé « savant noir ». Je suis le président de l’Association pour la protection de l’environnement et la valorisation de la médecine traditionnelle. Cette association a été créée et organisée par un groupe d’intellectuels et de guérisseurs traditionnels. Cette association a été agréée le 31 juillet 2014, sous le Numéro 3260/MATD/CATAD/ SERPROMA/2014. Dans le consensus, j’ai été désigné comme président de cette association. Nous avons décidé de nouer une collaboration avec nos amis chasseurs dont le président est Monsieur Ibrahima Magassouba. Ensemble nous avons décidé d’inviter les bailleurs de fonds et tous les décideurs politiques, pour leur expliquer nos inquiétudes. D’abord pour la mise en valeur de la médecine traditionnelle. Donc l’objectif de cette conférence c’est de faire un plaidoyer auprès des bailleurs de fonds et des personnes de bonnes volontés, car la médecine traditionnelle va tout droit dans le chaos, ce,  sur tous les plans aujourd’hui. Donc il faut chercher à conscientiser les cadres, à les mobiliser pour qu’ils comprennent vraiment que nous les tradi-praticiens,  90 pour cent d’entre nous sont analphabètes. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons eu l’initiative d’inviter tous les partenaires techniques pour leur expliquer nos problèmes. Voilà l’objectif de cette conférence qui s’est déroulée le 31 août. Dans les conditions normales, la célébration de la journée africaine de la médecine traditionnelle c’est l’OMS  qui organise. Cette conférence de presse a été organisée par mon association, pour montrer au peuple de Guinée que nous aimons ce que nous faisons, et qu’on a confiance à ce qu’on fait. Nous disons que nous sommes prêts pour l’amélioration de la médicine traditionnelle malgré que les moyens nous manquent. Un travail volontaire que nous faisons, c’est un esprit de patriotisme qui nous anime, pour montrer à l’opinion nationale et internationale que les guérisseurs traditionnels en Guinée sont toujours capables de faire quelque chose, de contribuer pour la santé des Guinéens.

C’est pourquoi cette conférence a été organisée. Le jour où l’OMS sera prête pour la célébration de la 14ème  journée de la médecine traditionnelle, ce serait bien, à ce  que nous les tradi-praticiens nous soyons invités. Il faut noter que le 31 août est une journée historique pour les tradi-praticiens, tous les tradi-praticiens doivent manifester leur joie même ceux qui sont dans les campements. Ceux qui ont les moyens d’inviter même si c’est dix personnes pour faire une concertation en tout cas c’est une journée extraordinaire pour tous les tradi-praticiens.

Quel lien y a-t-il entre vous les tradi-praticiens et le ministère de la Santé ?

D’abord entre les guérisseurs traditionnels et le ministère de la Santé, il y a une très bonne collaboration. Vous savez il faut qu’on se dise la vérité, les cadres du ministère de la Santé sont déçus des guérisseurs traditionnels. Parce qu’ils ont été intimidés par des guérisseurs traditionnels, ils ont entendu beaucoup d’injures à leur endroit dans les radios, dans les journaux. Il faut dire qu’ils ont été vraiment accusé à tort, c’est pourquoi nous les guérisseurs traditionnels pour le moment, au moment où je vous parle, on n’a pas de place au niveau du ministère de la Santé de A à Z. Personne n’a confiance aux guérisseurs traditionnels. Lorsqu’un guérisseur traditionnel envoie un cadre du ministère de la Santé à la gendarmerie, à la justice. Voilà c’est ce qui a décrédibilisé les guérisseurs aujourd’hui. Surtout si cela est fait avec des  preuves là c’est un peu bon. Mais lorsque c’est sans  preuves palpables, cela va permette le blocage des autres personnes. Permettez-moi de revenir un peu en arrière, lorsque j’ai été à l’OMS pour leur adresser la lettre d’invitation, au cours de notre concertation, la représentation de l’OMS m’a dit carrément, « Savant Noir », aujourd’hui les guérisseurs traditionnels guinéens leur programme est considéré ici à l’OMS comme un mauvais dossier. Il dit qu’ils ont été victimes de beaucoup d’accusation à l’endroit des guérisseurs, qu’il n’y a pas un pays dans le monde entier qui ne leur a pas adressé une lettre, parce qu’ils ont entendu leur nom dans les médias, dans les radios, pour des paroles mensongères. Donc cela a fait qu’aujourd’hui, on n’a pas la place au sein de l’OMS parce qu’ils  sont déçus. La coordination Ebola aussi est très fâchée contre nous, il y a certains qui ne veulent même pas entendre parler de nous. Donc il est temps pour nous de faire comprendre à ces cadres que ce ne sont pas tous les guérisseurs traditionnels qui les ont accusés. L’OMS, ce n’est pas tous les guérisseurs traditionnels qui ont accusé le ministère de la Santé. Moi je lance un appel au ministère de la Santé, à l’Organisation mondiale de la santé, pour qu’ils reprennent leur confiance aux guérisseurs traditionnels. Nous sommes complémentaires, parce qu’eux-mêmes reconnaissent que la médecine moderne et la médecine traditionnelle sont complémentaires, c’est indiscutable. L’OMS elle-même dit que les 90 pour cent de la population africaine se soignent aujourd’hui à travers la médecine traditionnelle, nous voudrions qu’ils comprennent que 90 pour cent sont analphabètes, donc pour leur demander de pardonner à ceux qui leur ont fait du tort.

Il y a un adage qui dit qu’il ne faut taper tout le monde avec le même bois, on n’a pas la même réflexion. D’ailleurs aucun membre de mon association n’a porté plainte contre un cadre du ministère de la Santé. Un guérisseur traditionnel doit d’abord travailler en étroite collaboration avec le ministère de la Santé,  mais un guérisseur qui fait la guerre avec son ministère, dis-toi que tu es maudit. Je suis allé chez Aboubacar Camara, le chroniqueur scientifique pour l’inviter à cette conférence de presse, en tant que scientifique. Mais quand il m’a parlé de ce qui s’est passé entre lui et les guérisseurs traditionnels, je suis rentré à la maison, je pleurais, j’ai eu pitié de lui. Il est très difficile de travailler avec nous, à vrai dire, grâce à quelques individus mal intentionnés qui nous ont décrédibilisés. Les cadres ont eu peur.

A un moment donné vos détracteurs avaient annoncé votre mort, on disait que Savant noir est mort qu’en est-il?

Oui, mon ami tout le monde doit mourir. Quand l’information là est passée, j’étais étonné surtout que certains disaient que je suis malade, je ne peux même pas bouger même le petit doigt. Vraiment c’est regrettable, les gens souhaitaient ma mort. Mais Dieu merci je suis là encore contrairement à ce que voulaient mes ennemis. Pour prouver à mes connaissances et à mes amis et alliés que c’est faux. J’ai pris une photo le torse nu, j’ai balancé dans les réseaux sociaux. Sur Facebook. Tout ce que je peux vous dire, sachez que le jour où on dira que Savant Noir est mort, ne dites pas c’est un marabout ou un féticheur qui l’a fait non. C’est mon temps qui est arrivé. Moi mon âme appartient à Dieu. Je remercie tous les cadres du ministère de la Santé. Et je salue notre frère Docteur Ernest Pakilé Gami qui a trouvé beaucoup d’anomalies chez les guérisseurs traditionnels, mais malgré tout il s’est pas découragé, je remercie la direction communale de la santé de Ratoma, je remercie la direction de la santé de la ville de Conakry, je remercie également tous les tradi-praticiens qui veulent que la médecine traditionnelle soit valorisée. Je remercie l’inspection générale de la santé. Je remercie également la division de la médecine traditionnelle, je remercie tous les journalistes qui nous ont accompagnés de près ou de loin,  surtout les journalistes de l’Indépendant. Pour finir je vais dire aux guérisseurs traditionnels surtout ceux qui se cachent derrière de faux noms,  de faire beaucoup attention.

Entretien réalisé par Alpha Amadou Diallo                                   

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