Depuis sa rencontre avec son principal opposant, Cellou Dalein Diallo le 1er septembre dernier, le chef de l’Etat semble s’être assagi, à travers ses discours qui prêchent plutôt l’unité et la concorde nationale. Rien n’avoir avec ses harangues belliqueuses dont on se souviendra encore longtemps.
Le président de la République a l’air d’avoir mis beaucoup d’eau dans son vin et passe dorénavant pour un homme « épris de paix », et dont le souci premier serait de mobiliser les Guinéens autour d’un idéal d’unité et de concorde nationale. Le discours délivré par le président à l’occasion de la célébration de la fête de l’Aïd-el-Kebir le lundi dernier, dans lequel il exhorte ses compatriotes à cultiver la paix et l’unité nationale, et à se donner la main, pour éviter que le pays ne brûle, est une illustration de cette mutation brusque observée chez Alpha Condé. Alpha Condé qui venait ainsi d’accomplir la prière de l’Aïd-el-Kebir, dans la cour de son palais, dans la commune de Kaloum, a dans la foulée, rappelé les douloureux moments traversés par la Guinée, avec la crise sanitaire Ebola qui a frappé son pays, pendant deux ans.
Le président a mis l’accent sur les dégâts causés par cette épidémie par les décès que cela entrainé, et les veuves et orphelins, qui en ont résulté, comme conséquence. Pour Alpha Condé, la Guinée a besoin plus que jamais de paix et d’entente cordiale entre ses fils, pour amorcer un élan de développement.
Dans le même lancée, le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation, le général Bouréma Condé, a appelé les administrateurs territoriaux que sont les préfets et les gouverneurs, à s’inscrire dans l’élan tracé par le chef de l’Etat, en faveur de la paix et de l’unité nationale.
Les imams de la capitale aussi ont tous axé leurs sermons sur la lutte contre l’ethnocentrisme et le renforcement du tissu social. Des sermons qui il faut le reconnaître s’inscrivent tous dans une logique d’apaisement que le président Alpha Condé en personne, est en train de cultiver.
Le discours et le comportement commencent à changer chez le président de la République, qui il n’y a pas encore longtemps, ne ratait aucune occasion pour invectiver ses opposants, notamment les anciens Premiers ministres qu’il vouait aux gémonies, au gré de ses sorties. Les traitant d’être « des moins que rien », qui ont été à la base de la situation de déliquescence dans laquelle vit le pays.
Un discours qui semble appartenir désormais au passé, si on s’en tient à ce que le président lui-même a déclaré suite à sa rencontre avec Cellou Dalein Diallo, le 1er septembre dernier au palais Sekhoutouréa. « Il est important que les leaders se rencontrent pour éviter la manipulation d’un côté comme de l’autre. Je pense que c’est extrêmement important. Désormais je pense qu’il sera difficile de manipuler à son niveau comme à mon niveau. Tel a dit ceci ou cela, si nous-mêmes, nous sommes en contact, ceux qui jouent en eau trouble ne pourront plus parce qu’il y aura plus l’eau trouble. Puisque quand l’eau est claire personne ne peut jouer.” Voilà qui résume la métamorphose qu’on commence à observer chez le chef d’Etat qui s’apprêterait d’ailleurs à accorder des audiences à d’autres leaders de l’opposition, dont Aboubacar Sylla, président de l’Union des forces du changement (UFC) et porte-parole de l’opposition républicaine. Dr Faya Millimono serait aussi sur la liste d’attente, pour les audiences en vue avec le président. De quoi apaiser l’atmosphère politique, alors que des risques d’implosion étaient à craindre, après la première marche de l’opposition, qui avait mobilisé un grand monde le 16 août dernier dans la capitale.
Mamadou Dian Baldé
