Le président de l’Union des forces du changement (UFC) et porte-parole de l’opposition républicaine Aboubacar Sylla s’est montré persuasif au terme de l’audience que lui a accordée le chef de l’Etat le 14 septembre dernier au palais Sékhoutoureyah, quant aux éventuels risques que ces rencontres entre les opposants et Alpha Condé pourraient avoir sur l’unité et la cohésion au sein de l’opposition républicaine. Pour Aboubacar Sylla qui confiait ses impressions à la presse, le chef de l’Etat a prêté une oreille attentive à leurs revendications, et cela pourrait augurer d’une sortie de crise, si jamais les engagements étaient respectés à la lettre.
Aboubacar Sylla, président de l’UFC et porte-parole de l’opposition a été le second membre de l’opposition républicaine à être reçu par Alpha Condé, après sa rencontre avec le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo, le 1er septembre dernier. Aboubacar Sylla et le président de la République qui ont échangé le 14 septembre dernier au palais Sekhoutouréa, s’est montré rassurant et persuasif dans son compte-rendu à la presse, à sa sortie du palais présidentiel.
« Cette rencontre s’est passée de façon conviviale, totalement détendue. Je crois que la décrispation du climat politique que nous connaissons ces derniers temps est en train de continuer. Le président de la République s’est exprimé et moi aussi il m’a écouté attentivement. Nous avons parlé évidemment des questions d’actualité, notamment des événements qui sont intervenus ces derniers temps, depuis sa rencontre avec le chef de file de l’opposition. Nous avons parlé donc des problèmes des élections communales. Nous avons également évoqué le cas de la CENI, qui nous a engagés dans cette situation de fait accompli qui consiste à ne pas associer les partis politiques à des prises de décisions qui les concernent et qui sont donc relatives au processus électoral. Nous avons dit que l’opposition ne comprend pas pourquoi le dialogue ne démarre pas jusqu’à présent. Depuis bientôt deux mois que nous avons adressé un courrier au ministère de l’Administration du territoire qui est notre tutelle administrative. Un courrier dans lequel nous avons spécifié clairement quel était le cadre de dialogue que nous souhaitons, ainsi que l’ordre du jour que nous proposons. Et, à ce jour, on n’a pas de réaction sur ces questions », a expliqué le porte-parole de l’opposition.
Poursuivant sa narration, Sylla a déclaré ensuite : « je lui ai dit également que deux semaines après sa rencontre avec le chef de file de l’opposition, une rencontre qui a permis de faire sauter le préalable que nous avons mis, à savoir l’engagement du président de la République à faire respecter les décisions qui sortiront éventuellement d’un accord politique inter guinéen, que nous ne comprenons pas, et que dans le même temps, nous voyons la CENI foncer sans tenir compte des avis. On a un peu l’impression que le dialogue est rétabli pour permettre à la CENI de nous mettre devant un fait de situation accomplie et pour rendre donc ce dialogue presque sans objet, en tout cas en ce qui concerne la question électorale. » Parlant de la réaction du chef de l’Etat, Aboubacar Sylla révèle: « donc, il m’a rassuré que la CENI ne l’a pas informé. Séance tenante d’ailleurs, il a appelé le président de la CENI pour s’entretenir sur des questions et que normalement la CENI aurait dû consulter les partis politiques et que c’est d’ailleurs ce dont la CENI l’a assuré. »
L’hôte du palais Sekhutouréa va ensuite dire à propos de ce tête-à-tête : « nous avons parlé des problèmes liés à la cherté de la vie et il m’a donné beaucoup d’informations. Il m’a donné énormément de réponses aux critiques que nous faisons de la gestion de la chose publique. Donc, on a décidé qu’on se retrouverait de temps en temps, de manière à ce que la décrispation qui a commencé puisse continuer. Il a dit qu’il va rencontrer quelques leaders politiques pour faire en sorte qu’il y ait un peu de convivialité, qu’il y ait moins de violences dans les propos, de manière à ce que notre pays aille de l’avant, qu’il s’intéresse à l’essentiel», selon Aboubacar Sylla.
Concernant les réponses apportées leurs préoccupations dans l’immédiat lors de cet entretien avec le président de la République, Aboubacar Sylla ne désespère pas et relève le caractère pertinent de la plupart de ces réponses. « Il y a certaines qui nous semblent être pertinentes. Ceci dit, je rendrai compte à mes collègues de l’opposition. J’étais aujourd’hui en contact téléphonique avec le chef de file de l’opposition qui est encore à Labé. Qui m’a dit qu’il ne rentrerait que pendant le week-end. Donc, je vais également l’informer de ce qui s’est dit entre le président de la République et moi. En tout cas, l’atmosphère était détendue. Vous avez vu le temps que cela a pris. Tout ceci, c’est pour dire qu’on n’était pas dans une logique de confrontation, bien au contraire. Donc, nous espérons que cette détente-là va se traduire dans les faits, dans les actes. Il ne s’agit pas de tenir des propos qui sont agréables les uns vis-à-vis des autres. Il s’agit de les traduire, il s’agit également de poser des actes qui décrispent la situation sociopolitique», a-t-il tenu à souligner.
Pour ceux qui pensent que ces audiences de Sekhoutouréa pourraient être source de division des leaders de l’opposition républicaine, Sylla se montre persuasif: « On ne peut pas nous diviser parce que la preuve, nous, on fait tout ensemble, et je vous ai dit que je ferai un compte-rendu au collectif de l’opposition républicaine. Ce matin même j’ai eu un contact téléphonique avec le chef de file de l’opposition. C’est autant vous dire que ces rencontres ne puissent pas diviser l’opposition. Nous ne nous disons pas exactement la même chose. Nous le disions parfois de manière différente, parce que la situation évolue. Moi par exemple, j’ai dû m’entretenir avec lui sur ce qui est intervenu depuis sa dernière rencontre avec le chef de file de l’opposition, il y a deux semaines. Donc, on est dans une cohérence et dans une synergie, nous de l’opposition, qui feront qu’il n’y a aucun risque qu’il y ait des contradictions entre nous », a argumenté le porte-parole de l’opposition.
Quant au fait que sa rencontre avec le chef de l’Etat n’a pas fait l’objet de compte rendu comme ce fut le cas avec Cellou Dalein Diallo, au terme de son entretien du 1er septembre avec Alpha Condé, le président de l’Union des forces du changement (UFC) situe les choses dans leur contexte. D’après lui, «les rencontres entre le président de la République et le chef de file découlent d’une loi. Donc, ce sont des rencontres officielles, puisqu’il s’agit de mettre en œuvre le statut de l’opposition et le statut du chef de file de l’opposition. Il s’agit donc d’une rencontre protocolaire, qui est couverte de façon protocolaire comme les audiences normales du chef de l’Etat. » Puis de préciser pour finir : « la rencontre que moi j’ai eue avec le président de la République est une rencontre que lui-même a souhaitée. C’est une rencontre qui n’en demeure pas moins informelle et qui ne devrait pas être traitée comme si vous voulez, une audience protocolaire, publique, découlant des dispositions de la loi. »
Alpha Amadou Diallo