‘‘Incroyable mais vrai, moi Sekouba kamano, 9ème de la République. J’ai été remplacé par Aissatou Sy, la 27ème de la République en Sciences Sociales au compte des lauréats pour le Maroc, mais où va la Guinée ?’’ Le système d’octroi de bourses est sur la sellette depuis cette interrogation lancée par le jeune Kamano sur sa page Facebook. Beaucoup se sont indignés et ont révélé que c’est une vieille pratique au niveau du Service National des Bourses Extérieures (SNABE), structure rattachée à la présidence de la République.
M.D., vit aujourd’hui en France, après des années d’études au Maroc. Il se rappelle qu’ ‘‘en 2010, on était officiellement 45 lauréats pour le Maroc. Arrivé, j’ai été étonné de constater qu’il y avait plus d’une cinquantaine de personnes. Certains étaient sur place avant nous les lauréats. A Settat (une petite ville pas loin de Casablanca), on était 37 nouveaux étudiants « lauréats », seulement 6 étaient lauréats officiels. Parmi les autres ‘‘lauréats’’, certains avaient seulement 10 de moyenne’’.
Guinee7.com comme à son habitude, est allé au Service National des bourses extérieures pour sa version des faits…M. Camara, chargé d’études nous a reçu ce mercredi au SNABE sis dans les locaux du ministère de l’Enseignement supérieur.
Notre interlocuteur explique que ‘‘la Guinée propose les candidats à l’Etat marocain chaque année. Dans les trois options, c’est-à-dire en Science Sociales, Expérimentales et Mathématiques. Nous présentons pour chaque option, 50 candidats. Ce qui fait 150 candidats pour les trois options. Et dans les 150 boursiers, l’Etat marocain retient 60 et nous restitue les 90 autres dossiers. Dans les 60 candidats retenus par le Maroc vous avez les 10 premiers candidats en Sciences Sociales -ce qui est méconnu par le jeune Kamano qui se met à raconter dans la presse qu’on ne retient que 20 candidats, ce qui n’est pas vrai-, puis 20 candidats sont retenus en Sciences Expérimentales et 30 en Sciences maths. On donne toujours la priorité aux mathématiciens parce que c’est une branche technique. Et cette décision n’émane pas de nous’’.
Il révèle par ailleurs que ‘‘même le premier en Sciences Expérimentales n’est pas retenu par le Maroc. Parce que le choix se fait sur des critères et si vous ne remplissez pas ces critères, c’est-à-dire en obtenant les moyennes dans toutes vos matières de spécialités on peut vous faire remplacer même si vous avez eu une moyenne générale de 17/20. Par exemple, en Sciences Sociales, si vous n’avez pas eu la moyenne en Philosophie ou en Français, on peut vous remplacer par quelqu’un d’autre. L’année surpassée, un de mes jeunes frères a été 6ème de la République. Mais malheureusement il n’a pas été retenu par le Maroc. Pourtant je suis un responsable de ce département. Mais je n’y pouvais rien parce que le choix ne relevait pas de nous’’.
Enfin il dit que ‘‘cette année 17 filles ont été retenues par le service des bourses marocain pour l’ensemble des candidats. C’est pour dire qu’elles ont été privilégiées au moment des choix. Donc si le jeune s’est vu remplacé par une 27ème, ce n’est pas fortuit. Certainement le service marocain a voulu qu’il ait des filles retenues. Le choix dans ce cas est tombé sur Aissatou Sy à la place de Kamano. Moi j’appellerais cela en quelques mots une injustice nécessaire’’.
Il faut tout de même relever que les filles sont moins cotées en matière de bourses à l’étranger. La statistique ci-dessous (fournie par le SNABE) en fait foi.
Ismaël Sylla pour Guinee7.com