L’ambassadeur des Etats-Unis en Guinée, Dennis Hankins a profité d’un déjeuner débat offert à des représentants des médias locaux par la conseillère culturelle et de presse de la chancellerie, Mme Teta Moehs à sa résidence située dans la commune de Ratoma, pour dérouler les grands axes qui régissent la coopération entre son pays et la Guinée. Des axes qui portent sur l’économie, les droits humains et la sécurité.
De la gouvernance économique
L’ambassadeur des États-Unis en Guinée, son excellence Dennis Hankins, a dans sa communication, mis l’accent sur la gouvernance économique, dont l’amélioration pourrait permettre aux populations d’avoir un accès aux services sociaux de base.
Le diplomate américain a rappelé que dès son arrivée en Guinée en novembre 2015, qui a coïncidé avec la fin de l’épidémie d’Ebola et la tenue de la présidentielle, son équipe et lui se sont attelés à appuyer la Guinée dans la relance de son économie. Cela a consisté entre autres, à explorer les possibilités pour les entreprises américaines à investir en Guinée. Ce qui suppose la création d’un environnement des affaires propice à des investissements étrangers. Car jusque-là, selon le diplomate le secteur privé américain était présent à hauteur de 500 millions de dollars us, en termes d’investissements. Cela dans des secteurs comme les mines, l’énergie, les secteurs bancaires et pétroliers. M. Dennis Hankins a insisté cependant sur le fait que les entreprises de son pays étaient très prudentes dans le choix des pays vers lesquels elles orientent leurs investissements. Elles prenaient en compte le facteur de la corruption, pour ne pas s’attirer des ennuis avec la justice américaine. Il a indiqué que les entreprises américaines pouvaient beaucoup apporter dans le domaine des technologies, dont elles ont une bonne maîtrise.
C’est pour montrer les bonnes dispositions de la Guinée à se conformer en matière de transparence, que l’ambassade des États-Unis a travaillé avec l’Initiative de transparence dans les industries extractives (ITIE), a souligné Dennis Hankins. L’ambassadeur a au passage salué la réforme du Code minier et celui des investissements, qui rendent plus attractif l’environnement des investissements pour les entreprises désireuses de s’implanter en Guinée.
Le diplomate a souligné la relance de la coopération avec les institutions de Breton Woods, le FMI et la Banque mondiale. Ce qui pourrait mener à une embellie de l’économie avec une croissance de 5% qui augure pour 2016.
Le diplomate voudrait néanmoins que cette croissance soit visible sur le bien-être des populations, tel qu’en termes de création d’emplois. Et M. l’ambassadeur pense que les efforts qui sont en train d’être faits dans le domaine de vulgarisation de l’agriculture, le développement des énergies, avec la construction du barrage hydroélectrique de Kaléta, en un court laps de temps, vont être bénéfiques pour les populations.
Le volet de la santé a aussi meublé ce déjeuner débat du diplomate américain, qui a indiqué dans son intervention que son gouvernement ne ménageait aucun effort pour appuyer le secteur de la santé. A travers le renforcement des capacités du gouvernement, en vue de prévenir de nouvelles épidémies.
Les États-Unis il faut le préciser ont ouvert une antenne de CDC Atlanta, structure chargée de la gestion des épidémies.
Du domaine des droits de l’homme
Le deuxième axe de cette coopération concerne les droits de l’homme. C’est dans cette foulée, que Dennis Hankins a reconnu que des efforts ont été enregistrés dans ce sens par les autorités actuelles. Citant comme exemple le processus de réconciliation initié par le pouvoir, et qui a abouti à la publication d’un rapport concocté par la commission provisoire de réconciliation nationale. Une commission coprésidée par deux leaders religieux et chargée de baliser le chemin dans ce sens.
L’ambassadeur a néanmoins montré l’intérêt que son pays portait sur le dossier du massacre du 28 septembre 2009. Tout en espérant que le procès se tienne dans les meilleurs délais. Les droits de l’homme c’est aussi les violences faites aux femmes à travers les mutilations génitales féminines. L’ambassade des USA s’investit à travers des chefs religieux, pour réduire le taux de MGF, qui est en ce moment de 97%. Ce qui place le pays au second rang après la Somalie.
Pour ce qui est des élections à venir et du climat de décrispation constaté sur l’échiquier politique ces derniers temps, le diplomate américain pense que cela est une bonne chose. Son pays qui fait partie des membres du comité de suivi se dit disposé à appuyer les efforts de la Guinée pour tout ce qui touche au domaine électoral. Mais qu’il revenait aux Guinéens de décider de leur destin. Il a cependant recommandé aux acteurs politiques de faire preuve de bonne foi dans leurs agissements quand il s’agit d’engager l’avenir du pays, notamment pour ce qui est du dialogue inter guinéen. A propos de la détente enregistrée ces derniers temps, depuis la rencontre entre le chef de l’Etat et son principal opposant, Cellou Dalein Diallo, qui s’est déroulée le 1er septembre dernier, l’ambassadeur a, dans sa lecture évoqué l’impact qu’a eu sur ce rapprochement la forte mobilisation des militants de l’opposition lors de la marche du 16 août dernier dans la capitale. Pour Dennis Hankins ce sont près de 400 mille personnes voire plus qui avaient battu le pavé ce jour. Précisant que tous n’étaient pas des militants de l’opposition, mais il y avait aussi des citoyens qui avaient là une occasion pour exprimer leur « ras le bol », concernant la cherté de vie, s’il faut le dire ainsi.
Quant à cette question de modification de la constitution en faveur d’un troisième mandat, qui défraie la chronique dans la cité, le diplomate américain n’est pas allé par quatre chemins, en disant que son pays était contre de telles démarches. Même s’il a précisé que pour le moment rien ne laisse entrevoir de telles intentions de la part du pouvoir en place. Mais que jamais cela se produisait, la position des États-Unis serait la même que celle adoptée vis-à-vis des régimes qui ont déjà expérimenté la chose.
Du volet sécuritaire
A ce niveau, le diplomate note des avancées aussi, car selon lui les ONG américaines de défense des droits de l’homme commencent à avoir une bonne perception des forces armées guinéennes. La tâche doit porter dorénavant plus sur la réforme des secteurs de la justice et la police. Pour lui, sans un système judiciaire indépendant et efficient, le combat contre la corruption, la liberté d’expression et tout ce qui touche aux droits de l’homme ne pourraient prospérer.
Certes avoir une justice acceptée de tous demeure une gageure, car même aux États-Unis la gestion des cas de bavure policière fait débat. Vu le rejet que cela suscite chez certaines populations qui se sentent victimes d’injustice pour des raisons subjectives.
Dennis Hankins n’a pas occulté l’aspect du terrorisme qui devenue une véritable menace pour la sous-région. D’où l’appui au secteur de défense et de sécurité pour contrer cette menace. Qui parle de terrorisme parle aussi de trafic de drogue, vu que les groupes criminels ont recours à ce trafic pour générer des ressources. La Guinée considérée comme une plaque tournante de la drogue, n’échappe pas non plus à l’attention du pays de l’Oncle Sam, à en croire M. Hankins.
A entendre la communication du diplomate américain, on y décèle une bonne dose d’optimisme quant à l’avenir de la Guinée. Ce, malgré les soubresauts auxquels le pays fait face en ce moment.
M. Dian Baldé