C’est devenu comme un rituel. Des victimes, les médecins guinéens en font chaque jour un peu plus. Il y a quelques jours, M. Condé, un cadre de la BCRG a enterré son bébé mort né. Et a failli perdre son épouse dans une ‘‘grande’’ clinique sise à la Camayenne aux portes de Kaloum. Que s’est-il passé ?
‘‘Le médecin avait programmé l’accouchement de mon épouse un jeudi. Finalement il nous programme le lendemain. Vendredi donc, je dépose Madame à la clinique avant 7h du matin. Et nous nous sommes mis à appeler le médecin qui l’a suivi pendant toute la grossesse et qui l’a programmée pour ce jour. Il ne décroche pas notre appel. Quand notre appel devient incessant, parce qu’inquiet, il décroche le téléphone, avec un ton désobligeant, il me dit de ne plus l’appeler. Et qu’il viendra. C’est vers 19 h, quand une femme constate que le bébé ne faisait plus de mouvement, l’appelle pour lui dire de venir qu’il y a urgence, que le médecin est venu pour envoyer mon épouse au bloc opératoire. L’attente a duré 12h ! nous avions perdu notre bébé et ma femme était en danger’’, témoigne le visage serré M. Condé.
Ah c’est vous monsieur Condé ? c’est dommage, c’est Dieu !
Le Dr Mamoudou Magassouba, gynécologue, bien connu de la gent féminine -c’est de lui qu’il s’agit- est un disciple du Professeur Namory. Il serait même venu ce jour avec son mentor pour l’intervention après la mort du bébé dans le ventre de sa mère. Et après tout, il revient vers le papa : ‘‘Ah c’est vous monsieur Condé ? c’est dommage, c’est Dieu !’’ témoigne M. Condé qui, avec un pincement de cœur, dit avoir dès le lendemain enterré son premier garçon. ‘‘C’est moi-même qui l’ai enterré. Mais je me battrai pour que d’autres Guinéens ne soient pas victimes de ce genre de crime’’, lance-t-il.
Je ne le fais pas pour moi, mais pour les autres Guinéens
M. Condé après cette douloureuse période, décide de porter plainte contre le médecin qui selon nos enquêtes n’en est pas à sa première. ‘‘Je connais beaucoup de victimes de ce médecin qui n’a d’égard pour personne. Quand il est au centre Kouchner, c’est comme une foire. De nombreuses femmes viennent à son rendez-vous mais il ne les traite pas dignement, il est comme ça. On dit qu’il est compétent’’, tel est le témoigne d’une femme, secrétaire de direction.
Qu’à cela ne tienne, à la DPJ où l’affaire traîne avant d’être déférée. M. Condé reçoit les pressions de toutes natures. Policiers, membres de l’ordre des médecins, notabilités, etc., tous prient l’homme de retirer sa plainte. Sa grande famille est mise à contribution. Mais M. Condé est une perle rare en Guinée. Il croit qu’on abuse de la fatalité dans notre pays. Informé de ce que le médecin n’est pas à sa première, il décide de foncer contre vents et marées. ‘‘Comme je vous ai dit, j’ai moi-même enterré mon bébé et ma femme recouvre peu à peu sa santé. Mais mon action se situe dans le cadre de la défense des autres Guinéens face à un médecin qui en fait de trop’’, argumente-t-il.
non assistance à personne en danger
Face à la ténacité de M. Condé, la Police a été obligée d’envoyer l’affaire à la Justice où elle suit son cours normal. Le Dr Magassouba est poursuivi pour »non assistance à personne en danger ». Dans la soirée d’hier, nous l’avons joint, il dit ne pas vouloir commenter l’affaire. ‘‘La justice dira si je suis coupable ou non’’, lance-t-il.
Nos médecins deviennent de plus en plus les bourreaux de leurs patients. C’est en tout cas l’avis le plus partagé en Guinée vu les scandales qui se succèdent dans nos centres hospitaliers.
Ibrahima S. Traoré pour guinee7.com