Censure

Islam business : Le grand prédicateur sunnite guinéen accusé dans une affaire pas très…musulmane!

Le très respecté prêcheur du culte sunnite guinéen Oustaz Taïbou se trouve empêtré dans une nébuleuse affaire de plus de 8 milliards de FG. Le tribunal de Mafanco saisi. L’une de ses épouses en détention. L’homme est absent du pays, mais se prépare à rentrer à Conakry pour s’expliquer devant le tribunal sur l’islam business marchant sur les pieds d’abus de confiance et d’escroquerie dont il est accusé.

C’est une histoire qui se fiche pas mal que les fanatiques l’assimilent à une imagination tendancieuse. C’est un feuilleton vrai dans lequel le grand prédicateur Oustaz Taïbou est poursuivi devant le tribunal de Mafanco par un cambiste pour escroquerie portant sur une somme de 8 milliards 86 millions 321 mille 800 FG.

L’affaire débute pendant le ramadan en 2015. Le prédicateur Oustaz Taïbou demande à un cambiste de lui emprunter 50 mille dollars US. En guise de leur amitié, celui-ci lui prête 15 mille USD sans taux d’intérêt.

Allah n’est pas obligé

Cet argent, il le rendra quelques mois plus tard. Au fil du temps, l’affaire devient très sérieuse. Témoignage anonyme du cambiste : «Il venait me demander 200 ou 300 millions de FG voire plus et je les lui donnais sans hésitation parce que j’avais confiance en lui du fait qu’on se connaissait très bien. Voyant ma promptitude et ma disponibilité à lui rendre service, il est venu un jour me demander 1 milliard pour payer la caution à son fournisseur Thiangui pêche afin qu’il puisse a tout besoin avoir du poisson». Avec la confiance réciproque que l’un vouait à l’autre, le cambiste ne doutait point de ce qui allait advenir. En plus du fait que Hafsa, la troisième épouse du prédicateur, est la marraine de l’opérateur de change. C’est ainsi qu’Oustaz Taïbou qui avait pris goût des affaires, a entrepris la vente du poisson auprès de Thiangui pêche. Comme pour obnubiler son créancier et soutirer facilement son argent,  il établit une relation entre celui-ci et ladite société. Lui, Oustaz reste l’intermédiaire pour tirer le maximum de profit de ce business juteux.

«J’ai commencé à vendre à Thiangui pêche des devises à chaque fois qu’il en avait besoin. C’est comme ça qu’on a travaillé jusqu’à atteindre le montant. Les gens vont se demander comment on est arrivé à plus de 8 milliards. C’est très simple. C’est-à-dire qu’il a cumulé des dettes envers moi. Ceux qui ne comprennent pas peuvent demander à Oustaz Taïbou lui-même».

Bien avant, explique le cambiste, Oustaz et lui avaient réalisé «de marchés plus gros» que les 8 milliards dont il est question aujourd’hui, mais que le prédicateur a toujours remboursé.

Peu après, le remboursement commençait à piétiner. Le cambiste cherche à savoir le pourquoi. Mme Hafsa l’épouse du célèbre Oustaz Taïbou apprend au cambiste avoir utilisé cet argent dans l’achat du poisson.

«Je lui ai fait comprendre que c’est contre mon gré et que les choses ne marchent pas comme ça, parce que l’argent ne m’appartient pas à moi seul. C’est un emprunt que j’ai fait auprès de mes homologues cambistes».

Oustaz Taïbou s’interpose pour calmer le jeu. Il promet de payer l’argent dans sa totalité dans un mois.

«Et un jour maintenant, on s’est retrouvé à trois à Lambandji chez Oustaz. Quand on a fait les calculs, on a trouvé que le montant plus les intérêts ont atteint les 8 milliards 86 millions 321 mille 800 FG. C’est pour vous dire qu’il ne peut pas nier et dire que ce sont des accusations infondées.  S’il dément les informations-là, je suis prêt à mettre toutes les preuves sur la place publique. Oustaz Taïbou sait très bien qu’il a signé des documents où il reconnait me devoir de l’argent lui et sa femme aussi».

Quand tout allait bien dans le meilleur des mondes

Quand les affaires marchaient bien, chaque fois qu’Oustaz avait besoin d’argent, il mettait en commission 3 jeunes dont un chauffeur de taxi, le petit frère de son épouse et un étudiant en Médecine. Lui et sa femme y sont venus en personne prendre de l’argent à trois reprises. «Si les gens s’agitent pour dire que c’est faux, qu’ils demandent à Oustaz Taïbou pourquoi alors sa femme Hafsa est en détention à la Maison centrale depuis le 29 septembre 2016. Je n’ai rien contre Oustaz Taïbou sauf qu’il me doit de l’argent et je veux qu’il me le paie. Il doit savoir que c’est l’argent des autres que j’ai pris pour lui donner. Et je veux maintenant qu’il me rembourse».

Cela fait plus d’un mois que son épouse croupit en prison. Oustaz Taïbou n’est toujours pas rentré à Conakry.

Pourtant les nouvelles lui parviennent à la minute près depuis que la procédure judiciaire est engagée. Des documents que nous gardons par respect de l’instruction en cours nous défendent de mettre sur la place publique d’autres informations non moins importantes.

(…). Ce qui demeure, c’est que l’épouse du prédicateur a comparu en début d’après-midi du 24 octobre 2016 au tribunal de Mafanco. Le Populaire a tout vu.

Le retour en Guinée d’Oustaz Taïbou était annoncé ce 25 octobre mais son avion n’a pu rallier Conakry pour des raisons qui restent à élucider. Or, étant le principal mis en cause dans cette affaire, Oustaz Taïbou est sollicité telle la tombée du crépuscule pour un fidèle jeûneur.

Le TPI de Mafanco retient son souffle et attend le retour du grand prêcheur dont la version des faits contribuera certainement à la manifestation de la vérité. Car, loin de tout mépris, ‘‘(…) Dieu reconnaitra les siens’’. Même si, pour paraphraser l’écrivain ivoirien Amadou Kourouma, dans cette affaire de sous comme dans d’autres, ‘‘Allah n’est pas obligé’’. Bien qu’il soit le Seul qui aide la justice des hommes à savoir trier le bon grain de l’ivraie, et à mettre hors d’état de nuire les alliés du diable partout où qu’ils se blottissent.

Par Abdoul Malick Diallo (in Le Populaire n°533 du lundi 31 octobre 2016)

 

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