Nous avons rencontré le Pr Hassane Bah, président de l’ordre national des médecins pour parler du recent congrès de l’ordre ; mais aussi des ‘‘gaffes’’ de nos médecins et la non orientation, cette année, des étudiants en médecine. Entretien.
Guinee7.com : Vous venez d’organiser le congrès de l’Ordre national des médecins, qu’est ce qui a motivé ce congrès?
Pr. Hassane Bah : C’est normal qu’on organise le congrès de l’Ordre national des médecins. L’Ordre est un organe statutaire du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, qui a pour mission de conseiller le ministère. Il est régi par des textes réglementaires. Le bureau de l’Ordre est pour un mandat de deux ans. Mais il se trouve que depuis 2004, ce bureau était élu. Malgré notre insistance auprès des ministres qui se sont succédé, il n’y a pas eu un congrès de renouvellement du bureau de l’Ordre. C’est pour cette raison que cette année, nous avons demandé au nouveau ministre de la Santé, pour la légitimité de l’Ordre, d’organiser un congrès pour le renouvellement de ses instances. On a renouvelé d’abord l’Ordre des chirurgiens-dentistes et le 22 octobre dernier, on a procédé au renouvellement de l’Ordre national des médecins. Ce sont les instances élues à la base, à savoir les conseils préfectoraux, qui élisent les conseils régionaux qui normalement doivent mettre en place l’Ordre national des médecins.
Lorsqu’il y a des médecins, dans le cadre de l’exercice de leur profession, qui font des erreurs médicales ou fautes médicales, il y a une méthode de saisine de l’Ordre
Beaucoup de personnes accusent les médecins de faire des fautes professionnelles (erreurs de diagnostics, mauvaise prise en charge des patients, mauvaise prescription des ordonnances…) qui aboutissent des fois à des situations dramatiques. Qu’est-ce que l’ordre des médecins prévoit en ce sens ?
Je crois qu’il faut faire la part des choses. Quand on parle de l’Ordre des médecins, il ne faut pas tout de suite aller dans des procès d’intentions vis-à-vis des pratiques médicales. C’est vrai que l’Ordre des médecins a un pouvoir juridictionnel. C’est-à-dire qu’il doit veiller à la moralisation de la profession médicale. Lorsqu’il y a des médecins, dans le cadre de l’exercice de leur profession, qui font des erreurs médicales ou fautes médicales, comme vous le dites si bien, il y a une méthode de saisine de l’Ordre. Lorsque l’Ordre est saisi pour ces manquements au devoir de la déontologie médicale, il existe une chambre disciplinaire au sein du Conseil de l’ordre. C’est cette chambre qui s’occupe du dossier et qui peut sanctionner les médecins ; des sanctions disciplinaires qui peuvent aller jusqu’à la révocation d’un collègue avec interdiction d’exercice médical.
Comment peut-on saisir l’Ordre des médecins ?
Lorsque vous pensez que vous êtes victime d’une erreur médicale ou d’un manque d’accueil au niveau des structures de santé, là, vous écrivez à l’Ordre des médecins, si vous êtes dans les régions, on a nos représentants là-bas. Lorsque nous sommes saisis, à notre tour, on écoute le médecin, parce que la médecine, ce n’est pas une obligation de résultat.
On a eu des médecins sanctionnés et on leur a demandé de ne plus exercer ce métier. Si la personne n’est pas satisfaite, les cours et tribunaux sont là pour rendre la justice
Avez-vous reçu des plaintes ? Si oui, y a-t-il eu des sanctions ?
Oui on a reçu quelques plaintes et des sanctions ont suivi. On a eu des médecins sanctionnés et on leur a demandé de ne plus exercer ce métier. Si la personne n’est pas satisfaite, les cours et tribunaux sont là pour rendre la justice. Il n’y a pas de statut particulier pour les médecins, c’est-à-dire les médecins sont comme tous les citoyens.
On ne peut pas former les médecins pour que demain ils soient au chômage. Il faut adapter la formation médicale aux besoins
Est-ce que l’Ordre des médecins s’est prononcé sur la question des étudiants en médecine, le fait que l’Etat n’oriente pas cette année en médecine ?
Mais écoutez, l’Ordre des médecins s’est déjà prononcé, par le passé, pour qu’il ait des études médicales ; il faudrait que ces études obéissent à des règles. Il faudrait que ces médecins soient formés dans les conditions qui peuvent leur donner la formation nécessaire pour soigner, dans cinq ans, dix ans, les malades. Donc pour cela, il faudrait que les médecins soient enseignés par les professeurs de rang magistral, que le programme pédagogique soit harmonisé avec celui qui est enseigné à l’Université publique Gamal. Il faudrait que ces étudiants bénéficient de stages pratiques. Maintenant que l’Etat décide de ne plus recruter des étudiants en médecine, je pense que c’est dans tous les pays du monde, il y a une adaptation de la formation aux besoins. On ne peut pas former les médecins pour que demain ils soient au chômage. Il faut adapter la formation médicale aux besoins. C’est tout à fait normal.
Votre dernier mot ?
Mon dernier mot, c’est vrai qu’il y a un problème dans l’exercice de la profession médicale ; nous avons en charge de moraliser la profession médicale. Mais aussi, on ne peut pas s’improviser médecin ; le médecin c’est celui qui est formé, qui a passé des examens, qui a fait des stages pratiques et qui peut prendre des malades en charge.
Propos recueillis par Bhoye Barry pour guinee7.com